Mon histoire : affronter l’obscurité avec courage
AVERTISSEMENT : L’article qui suit traite du suicide et pourrait susciter de vives émotions.
Une rencontre fortuite et une amitié instantanée
Habituellement, les histoires de courage mettent en scène une héroïne ou un héros qui fait de grands sacrifices et qui est prêt à mettre sa vie en danger, et elles ont un dénouement heureux. La mienne commence à un moment sombre de ma vie, où j’étais au plus bas, et elle n’a absolument rien d’habituel. J’aimerais tout d’abord vous ramener à l’automne 2013.
J’ai rencontré Amy en personne pour la première fois au salon Canada’s Outdoor Farm Show. Nous avions déjà échangé sur Twitter à propos de notre passion pour la production laitière et de notre obsession commune pour le fromage et les jeans déchirés. Elle m’a accueillie avec un bonjour énergique et une de ses accolades légendaires. Il s’est ensuivi une amitié instantanée et profonde. Débordante d’énergie, Amy avait toujours une histoire à raconter, et si elle buvait la bière la moins chère, elle avait un goût exquis pour le fromage et le vin.
Descente dans les ténèbres
Amy était toujours joignable par texto et trouvait à tout coup les mots justes ou le mème pertinent pour répondre. À bien des égards, Amy était la grande sœur que je n’avais jamais eue. Et un jour, elle n’était plus.
Le 29 juillet 2018, Amy s’est enlevé la vie.
Sa mort a laissé un vide que j’ai encore du mal à exprimer aujourd’hui. J’avais déjà perdu des gens dans ma vie, mais rien n’avait jamais autant ébranlé mon âme. La suite a été un lent tourbillon vers les ténèbres. J’étais en colère, j’agissais de manière imprudente et je projetais mon chagrin de façon malsaine.
Mon point de rupture est apparu des mois plus tard après une conversation douloureusement crue avec mon mari. Ma vie s’engageait sur une voie destructrice et je risquais de le perdre. Pour la deuxième fois, mon âme a été ébranlée, et j’ai eu une décision à prendre.
Choisir un chemin plus lumineux
J’ai choisi de suivre une thérapie.
J’ai communiqué avec un ami qui était déjà allé en thérapie et je lui ai timidement posé des questions sur son expérience et ce à quoi m’attendre. Après avoir fait une recherche sur Google et envoyé un courriel, j’ai rencontré ma thérapeute, Melissa. Je tirais beaucoup de fierté de mon indépendance farouche, alors il n’était pas naturel pour moi de demander de l’aide.
Au cours des mois suivants, j’ai extériorisé mes douleurs incessantes et j’ai réellement vécu mon deuil. Certaines étapes ont été faciles à franchir, mais la plupart ont été difficiles. Pour moi, la thérapie était une façon de cerner, de nommer et de gérer mes émotions.
Suivre une thérapie serait l’acte courageux qui donnerait une nouvelle orientation à ma vie.
Au fil du temps, j’ai commencé à parler de ma thérapie avec d’autres personnes et j’ai découvert rapidement que je n’étais pas seule. J’étais loin de me douter que suivre une thérapie serait l’acte courageux qui donnerait une nouvelle orientation à ma vie. Certes, je n’avais pas ce sentiment à l’époque.
Toutefois, le simple fait de communiquer avec les autres peut être puissant et nous aider à nous sentir vus et écoutés lorsque nous éprouvons des difficultés.
Atteindre de nouveaux sommets
Ce parcours m’a incitée à réorienter ma carrière et à terminer ma maîtrise en psychologie et en neurosciences avec spécialisation en santé mentale. Aujourd’hui, je me sens mieux. En y pensant cinq ans plus tard, je constate que j’affichais des signes avant-coureurs. Cependant, à ce moment-là, il était trop facile pour moi de les ignorer et de les rejeter en me disant que je n’allais « pas si mal ». Heureusement, je suis maintenant capable d’y voir plus clair et d’être plus résiliente, ce qui me permet d’aider les autres.
Malgré tout, Amy me manque tous les jours. Le cadeau qu’elle m’a laissé est un espoir pour l’avenir et la possibilité de faire une différence en offrant aux agriculteurs un soutien à la santé mentale.
Mon espoir pour vous et pour ceux qui vous tiennent à cœur
Si vous avez le sentiment que votre santé mentale ne va pas bien, je vous encourage à trouver en vous-même la force de demander de l’aide. Vous n’êtes pas seul à vous sentir de cette façon. Il y a des ressources facilement accessibles sur Internet ou par téléphone pour vous aider à amorcer votre cheminement vers une meilleure santé mentale.
Si vous vous préoccupez de quelqu’un d’autre, commencez par lui offrir votre soutien et votre temps. Il est naturel de vouloir résoudre un problème et de donner des conseils. Toutefois, certains se sentiront importunés et se mettront sur la défensive. Commencez par l’écouter tout simplement, en vous concentrant sur ses besoins à ce moment précis. Créez un espace où vous pouvez toujours avoir une conversation honnête en lien avec la santé mentale et faites preuve de compassion et d’empathie. Offrez à la personne de l’accompagner pour trouver de l’aide lorsqu’elle sera prête. La recherche de ressources ou de services peut sembler intimidante, mais pouvoir compter sur une personne de confiance peut faciliter les choses.
Pour obtenir une liste détaillée des ressources en santé mentale destinées aux personnes travaillant en agriculture, consultez le site fac.ca/MieuxEtre. S’il faut une intervention immédiate, en cas de crise de santé mentale, veuillez appeler le 911.
D’après un article de l’AgriSuccès par Kristen Kelderman.