Il est temps de penser différemment à la durabilité en matière de transformation alimentaire – voici pourquoi
Il est temps de changer notre façon de voir la durabilité en matière de transformation alimentaire.
À l’heure où l’écologisation devient la nouvelle réalité dans tous les secteurs, y compris celui de la transformation d’aliments et de boissons, de nombreux transformateurs se préoccupent de l’augmentation des coûts qui pourrait découler d’une durabilité accrue.
Toutefois, selon Peter Chapman de SKUFoods [en anglais seulement], il est temps de changer notre façon de penser. M. Chapman travaille auprès d’entrepreneurs de l’industrie alimentaire afin de les aider à différencier leurs produits et à développer leur entreprise. Il affirme que, même si l’amélioration de la durabilité nécessite certainement un investissement, elle présente également des occasions à saisir. Au lieu de laisser vos inquiétudes vous paralyser, dites-vous que la création d’un produit durable pourrait, au final, se révéler avantageuse pour votre entreprise – ainsi que pour l’environnement.
Grâce à la mise en place de pratiques de durabilité, les portes de grands détaillants aux philosophies semblables pourraient s’ouvrir plus facilement.
Toujours d’après M. Chapman, de grandes chaînes d’épiceries canadiennes, notamment Loblaw, Metro, Sobeys et Walmart, se sont engagées à réduire leur gaspillage alimentaire de moitié d’ici 2025 et demandent à leurs fournisseurs d’adopter des politiques semblables. Grâce à la mise en place de pratiques de durabilité, les portes de grands détaillants aux philosophies semblables pourraient s’ouvrir plus facilement.
Cela ne signifie pas pour autant que la durabilité soit quelque chose de peu coûteux ou de facile à réaliser.
« Pour les petits et moyens transformateurs, le pourcentage des coûts est habituellement plus élevé, car leur volume est plus bas, explique-t-il. Et ils n’ont pas toujours l’expertise voulue, parce qu’ils jonglent déjà avec un paquet de responsabilités et qu’un autre facteur vient ajouter de la complexité à leur tâche. »
« Les grandes sociétés comme Maple Leaf ont un service à l’interne qui s’occupe de la durabilité; en revanche, les petits et moyens transformateurs ont peut-être seulement une heure par semaine à y consacrer. »
Isabelle Lam et Jamie Lee de l’entreprise Remix Snacks ont décidé d’intégrer la durabilité à la fabrication de leurs aliments dès le début. Pour confectionner leurs collations, elles utilisent des fruits imparfaits – ceux que les épiceries ne peuvent pas vendre parce qu’ils sont déformés ou de la mauvaise couleur.
« Une fois les fruits séchés et coupés en morceaux, on ne remarque pas vraiment la différence, assure Mme Lam, ajoutant que Remix a récupéré plus de 9 500 livres de fruits et évité leur gaspillage depuis son lancement en affaires en avril 2018.
Selon un rapport de Deuxième récolte, 58 % des aliments produits au Canada chaque année sont gaspillés, et les fruits imparfaits représentent une grande partie de ce pourcentage. Les premiers temps après la création de Remix, Mmes Lam et Lee cherchaient délibérément des fruits dont elles soupçonnaient que les clients pointilleux n’achèteraient jamais pour produire leurs collations.
De plus, Remix remplace les noix par un mélange de haricots noirs dans la fabrication de ses collations. Les haricots étant cultivés au Canada, il n’est pas nécessaire de les transporter sur de longues distances et ils ont besoin de 50 % moins d’eau que les noix pour pousser.
Facteurs importants
M. Chapman est d’avis que les entreprises qui veulent intégrer la durabilité à leurs activités doivent tenir compte de trois facteurs importants :
L’impact environnemental de la fabrication et du transport de leurs produits
En ce qui concerne le gaspillage, M. Chapman conseille aux transformateurs de changer leur point de vue et de ne pas penser uniquement à sa réduction, mais aussi au potentiel de croissance de leur rendement commercialisable.
« Si vous avez fabriqué 100 unités la semaine dernière, mais que seulement 85 d’entre elles étaient conformes aux normes, votre perte de rendement [produit acheté, mais pas vendu] était de 15, explique-t-il. Si vous pouvez arriver à produire 90 unités conformes, vous aurez non seulement réduit votre gaspillage alimentaire, mais vous aurez aussi gagné plus d’argent parce que vous avez maintenant 90 unités à vendre au lieu de 85. Pour moi, c’est une occasion majeure. »
La durabilité peut être un gigantesque enjeu pour les transformateurs alimentaires. Mais à l’heure où les clients demandent de plus en plus de produits respectueux de l’environnement, il importe de modifier les méthodes de transformation, soit en recyclant les aliments de façon à les valoriser, soit en utilisant des emballages plus écologiques.
Ressources sur la durabilité en matière de transformation alimentaire
Guide d’audit sur le gaspillage alimentaire de Deuxième récolte [en anglais seulement]
L’organisme Anthesis Provision Coalition offre une vaste bibliothèque de ressources portant sur divers sujets comme la gestion des gaz à effet de serre, la gestion de l’énergie, l’approvisionnement responsable en ingrédients, ainsi que la gestion de l’eau.
Bibliothèque de ressources de Deuxième récolte [en anglais seulement]. Cliquez sur « food businesses » (entreprises alimentaires) dans la colonne de gauche pour obtenir des renseignements propres à l’industrie.
Article par : Chris Powell
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