Quand l’innovation l’emporte : transformer du plastique en poteaux de clôture
Danny Farkash est un bricoleur né. Cet exploitant agricole originaire de Vermilion, en Alberta, invente depuis qu’il sait tenir un tournevis.
Mais aujourd’hui, ce qui le rend surtout fier, c’est sa plus récente création : une machine unique en son genre qui transforme les plastiques comme les sacs à grains et les membranes géotextiles en poteaux de clôture plus résistants que le bois de sapin, et ce, à l’aide d’un processus à faible taux d’émission.
Recycleur dans l’âme, M. Farkash reçoit ses matières premières gratuitement et produit en moyenne 500 poteaux par jour. C’est avec passion qu’il cherche à améliorer l’état de la planète.
La naissance d’une idée
Une connaissance qui travaillait chez un détaillant local et pour le comté [de Vermilion River] m’a dit : « Il faut que quelqu’un fasse quelque chose à propos du plastique ». À cette époque, seulement 20 % des plastiques agricoles étaient recyclés. Je fabriquais déjà des clôtures autoportantes pour le bétail à partir d’acier recyclé; je me suis dit que je pourrais aussi recycler les sacs à grains. Parallèlement, les exploitants agricoles ont besoin de poteaux de clôture de qualité qui ne pourrissent pas au bout de quelques années. La dégradation rapide des matériaux est une véritable source de frustration pour eux.
Je me suis donc posé la question suivante : si les gens avaient besoin d’un produit qui n’était pas offert, serions-nous en mesure de répondre à leurs exigences à un prix qui nous permettrait d’en tirer des profits, tout en assainissant l’environnement? La réponse était oui.
Le fonctionnement
Nous enroulons une tonne de plastique de manière à former des balles serrées, pour ensuite les enfoncer dans un tuyau de neuf mètres. L’unité, qui est alimentée par du bois de rebut provenant de champs de pétrole, chauffe le plastique à 500 degrés Celsius. Grâce à une chambre de combustion double à l’intérieur de l’appareil, les émissions sont pratiquement nulles. La combustion est très propre.
Mon objectif est de traiter dix tonnes de plastique par jour, pour une production quotidienne d’environ 500 poteaux. Chaque poteau pèse près de 20 kilos.
Pourquoi se donner cette peine?
Pourquoi certaines personnes escaladent-elles des montagnes? Peut-être que quelqu’un leur a dit qu’elles en seraient incapables. Ou peut-être veulent-elles voir le paysage d’un point de vue différent. Nous devons nettoyer la planète, et je me suis dit que nous pourrions le faire comme personne ne l’avait jamais fait auparavant. Beaucoup veulent se débarrasser du plastique, mais je pense que cette matière améliore grandement notre vie; nous devons simplement trouver un meilleur moyen de la recycler. Si nous ne changeons pas nos façons de faire, nous allons épuiser les ressources naturelles.
Travailler plus intelligemment pour améliorer sa rentabilité
Il n’est pas nécessaire de chercher à changer l’économie; il suffit d’élargir sa vision.J’aime m’inspirer de vieilles idées et les mettre au goût du jour. Dans le secteur agricole, nous avions l’habitude de parcourir nos terres à cinq reprises. De nos jours, nous n’avons qu’à jumeler deux machines pour réduire considérablement l’ampleur de l’effort. Nous économisons temps et carburant, tout en préservant l’environnement. Il s’agit de repenser la manière dont nous nous servons des technologies qui existent déjà depuis longtemps. Il est possible de diversifier ses sources de revenus. Et pour ce faire, il n’est pas nécessaire de chercher à changer l’économie; il suffit d’élargir sa vision.
Conseils aux entrepreneurs agricoles
Cherchez toujours des occasions de faire ce qui vous passionne. Quand j’ai aménagé ma cour et que j’ai eu besoin d’une rétrocaveuse, je m’en suis acheté une. J’ai réalisé mes travaux de terrassement, puis j’ai offert mes services à d’autres. En fin de compte, ma pelle s’est payée d’elle-même, et plus d’une fois. J’ai fait la même chose avec plusieurs équipements. Quel que soit votre secteur d’activité, transformez vos outils en occasions d’affaires et vous finirez par devenir propriétaire.
Concentrez-vous aussi sur ce qui se passe après le travail. Le travail lui-même est temporaire, mais les résultats sont durables. Je pense que les gens seraient beaucoup plus ambitieux s’ils se concentraient davantage sur les résultats. Je pense également à mon équipe. Je partage avec elle les profits tirés de la fabrication de poteaux de clôture. C’est une réussite qui me procure une grande satisfaction.
Il y a encore tant de choses à découvrir. De nouvelles façons de faire qui vont révolutionner le monde. C’est quand on arrête d’essayer d’innover que les problèmes s’amplifient.
Qu’est-ce qui vous incite à continuer?
Comme tout le monde, il m’arrive d’être déprimé. Mais quand quelqu’un me dit que je ne peux pas faire quelque chose, je retrouve ma motivation. C’est comme si le fait qu’on doute de mes capacités m’insuffle une nouvelle dose d’énergie. Je trouve aussi stimulant de travailler sur des projets totalement inédits.
Finalement, je crois qu’il est très important de se récompenser quand on réussit. Il n’est pas nécessaire de viser gros, mais il est essentiel de prendre le temps de se féliciter – c’est ce qui nourrit l’ambition!
D’après un article de l’AgriSuccès inspiré du récit rapporté à Trevor Bacque.