La prospérité passe par de solides relations
Les efforts consacrés à entretenir nos relations avec tous les intervenants – membres de la famille immédiate, employés, fournisseurs, collectivité et industrie – finissent toujours par porter fruit.
Les Berry ont misé sur de grandes idées, l’efficience, la prise de risques mesurés et le travail d’équipe pour stimuler la croissance.
C’est assurément le cas aux fermes Under the Hill et Over the Hill, les deux entreprises que possède et exploite la famille Berry près de Cypress River, au Manitoba. La première est une exploitation de pommes de terre; elle doit son nom au fait que les tubercules doivent se développer sous de petits monticules de terre (under hills en anglais). La deuxième doit son nom au fait qu’on la voit apparaître de la route lorsqu’on franchit une colline (over the hill en anglais).
Au cours des deux dernières décennies, les frères Doug et Bruce Berry, ainsi que leurs fils Chad et Kevin, ont misé sur de grandes idées, l’efficience, la prise de risques mesurés et le travail d’équipe pour stimuler la croissance. Aujourd’hui, cette exploitation mixte possède 13 000 acres consacrés à un éventail de cultures.
Mitiger les risques
Certains diraient que les Berry ont une ambition démesurée vis-à-vis du développement de l’entreprise agricole, mais Chad voit les choses différemment.
« C’est vrai que nous prenons des risques, mais nous nous assurons que tout est à la bonne échelle, et nous n’utilisons que l’équipement nécessaire à l’exécution de notre travail. Les gains d’efficience apparaissent clairement lorsque la ferme atteint une certaine taille; les achats et la commercialisation gagnent en efficacité. »
Les avantages d’un faible taux de roulement
Les Berry ont aussi leur propre vision de la façon de mobiliser, de gérer et de reconnaître efficacement les personnes qui contribuent à la réussite des fermes Under the Hill et Over the Hill. Cette exploitation, qui compte 14 employés à temps plein et 20 à temps partiel, est l’un des plus importants employeurs de la région de Cypress River. Le taux de roulement y est très faible, et l’équipe hautement motivée se soucie de la réussite de l’entreprise.
« Il faut traiter le personnel avec respect. Mieux vous traitez votre équipe, plus vous accomplirez de grandes choses. De plus, des employés heureux travaillent mieux que des employés malheureux, souligne Chad. La plupart de nos employés travaillent pour nous depuis longtemps. Si une personne nous offre ses services et qu’elle cadre avec notre entreprise, elle pourra rester aussi longtemps qu’elle le veut. »
Une équipe fiable et engagée accroît aussi l’efficience de l’entreprise. « Cela réduit le temps de formation nécessaire chaque saison. On ne passe pas notre temps à expliquer le fonctionnement des machines et de l’équipement. Les employés savent les utiliser, ce qui réduit le nombre de pannes et d’accidents. » De plus, des employés de longue date savent s’orienter dans les nombreux champs.
Renverser les rôles avec les fournisseurs
Les Berry appliquent la même philosophie à l’égard de leurs fournisseurs. « La plupart de nos relations avec les fournisseurs et les entrepreneurs dont nous retenons les services sont des engagements de longue date », dit Chad.
Depuis qu’Under the Hill Farms a commencé à produire des pommes de terre, il y a 25 ans, la famille recourt au même détaillant pour combler ses besoins en engrais. « Si nous établissons des relations harmonieuses, cela aboutit à une collaboration durable. »
Leur gestion des relations repose sur une stratégie unique de reconnaissance des fournisseurs. Il y a plusieurs années, les Berry ont acheté un parcours de golf de la région, qui apporte maintenant un soutien crucial à l’entreprise familiale.
Si, dans la plupart des entreprises de la taille des fermes Under The Hill et Over the Hill, ce sont habituellement les fournisseurs qui courtisent et gâtent leurs clients, les Berry font tout le contraire. Chaque année, ils convient leurs fournisseurs à un tournoi de golf pour les remercier de leur contribution au succès de l’entreprise.
« Nous invitons tous nos fournisseurs de pièces, de produits de protection des cultures et d’intrants; tous les entrepreneurs avec qui nous faisons affaire. Nous passons une journée magnifique! Tout le monde se rencontre et se réunit le soir autour d’un bon bifteck, dit Chad. Le restaurant du parcours de golf nourrit aussi le personnel de la ferme; il livre jusqu’à 40 repas par semaine durant la période de la récolte. »
Et comme 40 % de leurs semis sont effectués sur des parcelles louées, Chad indique que les relations avec les propriétaires fonciers sont déterminantes. « Il faut établir avec eux des relations durables et les traiter équitablement. Nous devons être cohérents, faire un bon travail, et prendre soin de ces terres. »
Répartir les tâches
Dans toute ferme familiale, les relations les plus importantes sont, et de loin, celles avec la famille immédiate. Les fermes Under the Hill et Over the Hill sont deux sociétés, dont Doug, Bruce, Chad et Kevin sont les actionnaires. Au fil du temps, chacun a trouvé son créneau dans l’exploitation.
« Mon père est avant tout un homme d’idées. Il veille au bon déroulement des travaux et assure la formation d’un grand nombre de nos employés. Bruce s’occupe de la comptabilité et de l’administration; c’est lui qui tient les rênes du bureau, explique Chad. Kevin s’occupe de la récolte des céréales, et moi, de la récolte des pommes de terre. Nous prenons toutes les décisions en groupe, et ça fonctionne très bien. »
Depuis les 15 dernières années, Chad est membre du conseil d’administration de la Keystone Potato Producers Association, et il en est le président depuis dix ans. Il s’agit d’un engagement de taille, qui lui demande de 30 à 40 jours par année, mais il croit qu’il est important que les producteurs agricoles contribuent à guider et à orienter l’industrie. « C’est aussi dans l’intérêt de notre ferme de nous tenir à jour et de savoir ce qui se passe. »
Apprendre des pairs
Les personnes qui visitent les fermes Under the Hill et Over the Hill doivent être averties que les Berry forment un groupe curieux; ils sont toujours à l’affût des nouvelles idées ou de la prochaine innovation. Tyler Thompson, directeur principal des relations d’affaires de FAC, confie qu’il arrive toujours avec de nouvelles perspectives de l’industrie, de nouvelles idées ou de nouvelles informations commerciales lorsqu’il entre en contact avec Chad et le clan Berry.
Chad croit que les relations d’affaires avec FAC, d’autres fournisseurs et des personnes-ressources de l’industrie aident grandement à gérer le risque de l’exploitation. « J’apprends des autres. Ça élimine beaucoup de risques. Si quelqu’un a déjà tenté quelque chose, il faut en tirer des enseignements. Si on reste dans sa zone de confort, on ne peut évoluer. Et dans cette industrie, si on n’évolue pas, on est cuit. »
Investir dans l’innovation
Pour stimuler la croissance et accroître l’efficience, les fermes Under the Hill et Over the Hill misent sur l’innovation. « Nous nous efforçons toujours d’être à l’avant-garde et de faire avancer la technologie le plus rapidement possible », dit Chad. Lorsque le Manitoba a annoncé une aide provinciale pour la production d’énergie solaire à la ferme, les Berry ont vite sauté sur l’occasion. Et ça leur a rapporté gros. « Nous avons installé sept capteurs solaires à la ferme. Ils produisent environ un mégawatt d’énergie et nous fournissent la plus grande partie de notre électricité qui autrement serait à coût plus élevé. »
D’autres innovations dans la production de cultures et la technologie sont visibles dans ces deux exploitations. Les haricots de couleur, entre autres, représentent un ajout fructueux. « Nous nous sommes préparés pour bien faire les choses, et nous avons l’équipement nécessaire », dit Chad. Un investissement dans l’irrigation s’est aussi avéré avantageux. « C’est une nouveauté dans la région, mais nous avons eu un été sec et l’irrigation a été salutaire. Elle a sauvé nos cultures et atténue le risque occasionné par des dépenses dans les intrants et par un faible rendement. »
Traverser les épreuves
Bien sûr, chaque entreprise n’est pas couronnée de succès, admet Chad, et certaines de leurs activités principales sont mises à rude épreuve. « Nous avons eu une récolte difficile l’année dernière. Beaucoup de haricots sont restés au champ. » La récolte des pommes de terre a aussi été difficile, puisque 20 % des tubercules n’ont pas été récoltés. C’est la réalité de l’agriculture, selon lui. L’adversité fait partie du jeu.
En 2020, les Berry ont à nouveau repoussé les limites en produisant leur première récolte de pommes de terre sans travail du sol. Ils ont remporté un certain succès qu’ils tâcheront de faire fructifier en 2021.
Chad ne s’attend pas à ce que ses associés s’écartent trop de leur voie actuelle au cours des prochaines années. « Nous sommes ouverts au changement et sommes prêts à diversifier les activités et les cultures de la ferme si c’est judicieux du point de vue des affaires. Les années passent, et si on ne peut changer le passé, on peut certainement planifier l’avenir. »
D’après un article de l’AgriSuccès par Bernard Tobin.
Conseils d’experts sur les questions de responsabilité liées à la technologie agricole, à l’environnement et aux ressources humaines.