Mouture de céréales et d’oléagineux : Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2025

Les renseignements suivants proviennent du Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2025, qui met en lumière les défis et les occasions pour l’industrie agroalimentaire au Canada. Pour en savoir plus, consultez l’intégralité du rapport .

Après quatre années fastes, dont deux années de croissance à deux chiffres sur douze mois, la baisse des prix s’est traduite par une chute de 15,5 % des ventes en 2024. Le secteur entame une autre année de baisses, avec des diminutions projetées de 3,8 % pour les ventes et de 8,3 % pour les volumes (c’est-à-dire des ventes ajustées en fonction de l’inflation) (figure 1).

Figure 1 : Baisse attendue des ventes du secteur de la mouture de céréales et d’oléagineux en 2025 après la forte croissance des dernières années

Les ventes et les volumes totaux (en milliards de dollars) figurent sur l’axe vertical et sont indiqués par la hauteur de chaque barre. Le chiffre au-dessus de chaque barre représente la croissance sur 12 mois, en pourcentage. Les volumes correspondent aux ventes déflatées par un indice de prix (202001=100).

Sources : Services économiques FAC, Statistique Canada

Malgré la baisse des ventes enregistrée en 2024, les marges du secteur de la mouture de céréales et d’oléagineux ont considérablement augmenté grâce à la diminution des prix de certains intrants clés comme le blé, le soya et le canola. En 2025, nous prévoyons que ces marges diminueront légèrement, mais qu’elles resteront supérieures à celles de 2023 (figure 2). La diminution des marges pourrait s’accentuer davantage en 2025 si les perturbations commerciales persistent, entraînant ainsi une plus faible demande, particulièrement pour les produits oléagineux.

Figure 2 : Les marges devraient diminuer en 2025, mais demeurer solides

Sources : Services économiques FAC, Statistique Canada

Veille du marché : la demande de biocarburants est incertaine en 2025

Les biocarburants reposent sur des matières premières renouvelables comme les huiles végétales, les graisses animales ou l’huile à friture usée. Si le marché des biocarburants au Canada demeure assez modeste, les États-Unis ont fait l’objet d’une attention particulière ces dernières années. Cela résulte de politiques fédérales et étatiques américaines qui ont stimulé la production de biocarburants au moyen de divers programmes incitatifs.

Les importations américaines de matières premières entrant dans la fabrication de biocarburants ont considérablement augmenté au cours des cinq dernières années, et le secteur canadien de la mouture de céréales et d’oléagineux a bénéficié de cette demande croissante. Par exemple, entre 2020 et 2024, les exportations canadiennes d’huile de canola vers les États-Unis ont augmenté de 94 %. Une hausse considérable s’est produite en 2023, année où les États-Unis ont inclus l’huile de canola comme matière première admissible dans leur programme de crédit d’impôt pour les biocarburants (figure 3). Ce changement de politique a aussi entraîné une modification importante de l’utilisation de l’huile de canola aux États-Unis, où les utilisations industrielles représentent désormais plus de la moitié de l’utilisation du canola, alors qu’elles n’en représentaient qu’un quart avant l’annonce. En 2024, le Canada représentait 91 % des importations américaines de canola.

Figure 3 : Les huiles végétales canadiennes répondent à la demande de matières premières pour la fabrication de biocarburants aux États-Unis

Source : Statistique Canada

Toutefois, la demande du marché américain des biocarburants en 2025 semble plus floue qu’il y a quelques mois.

Tout d’abord, l’incertitude règne quant à l’admissibilité des carburants au crédit de production de carburants propres (crédit d’impôt 45Z) aux États-Unis. Ce programme est actuellement examiné par la nouvelle administration américaine, ce qui place les producteurs de biocarburants et les fournisseurs de matières premières (comme le Canada) dans une position difficile. Ce manque de clarté accentue l’incertitude et a entraîné la suspension de la construction de deux grandes usines de production de biocarburants au Canada. Ainsi, la demande d’huile de soya et d’huile de canola est soudainement plus difficile à évaluer. Ces huiles sont des intrants essentiels à la production de biocarburants aux États-Unis et sont des produits clés du secteur canadien de la mouture de céréales et d’oléagineux.

La décision des États-Unis de retirer l’admissibilité des huiles à friture usées importées comme matière première et les perturbations commerciales possibles liées aux exportations canadiennes compliqueront davantage la situation en 2025. Sans l’utilisation d’huile à friture usée importée, la demande d’huiles végétales est susceptible d’augmenter pour combler l’écart. Toutefois, les perturbations commerciales pourraient rendre les exportations canadiennes plus chères pour les acheteurs américains, ce qui ajoute une nouvelle couche de complexité au marché.

Autres tendances à suivre

• Le secteur de la mouture de céréales et d’oléagineux se distingue des autres secteurs de la fabrication d’aliments et de boissons, car sa productivité a doublé au cours des vingt dernières années. La capacité de ce secteur à maintenir une forte croissance de la productivité à l’avenir aura une incidence déterminante sur les marges.

• La demande croissante des consommateurs pour des farines et des céréales de substitution, des options sans gluten et des produits présentant des bienfaits nutritionnels spécifiques devrait continuer à créer des débouchés pour les fabricants ciblant des segments spécialisés.

• Bien que la situation financière du secteur soit bonne en ce début de 2025, environ 60 % des ventes sont destinées aux États-Unis, deuxième marché en importance dans le secteur de la fabrication d’aliments et de boissons. Ainsi, le secteur de la mouture de céréales et d’oléagineux est plus vulnérable que les autres secteurs aux perturbations commerciales.