Ratio de couverture du service de la dette : mesure de la stabilité de la santé financière agricole
Une fois de plus, l’encours de la dette agricole a grimpé en 2023 et a franchi la barre des 146 milliards de dollars. Le taux de croissance de la dette (5,1 %) pourrait donner matière à réflexion.
Nous utilisons le ratio de couverture du service de la dette (RCSD), qui est une mesure clé de la santé financière de l’agriculture canadienne, pour comprendre dans quelle mesure les producteurs ont pu rembourser leurs dettes dans les périodes de fluctuation du revenu ou de hausse de taux d’intérêt.
Ratio de couverture du service de la dette
Le RCSD mesure les liquidités dont dispose une exploitation pour honorer ses obligations au titre du service de la dette.
RCSD = Revenu / service de la dette
Le revenu représente le revenu agricole net (recettes agricoles après impôt moins les dépenses d’exploitation avant paiement des intérêts) plus les revenus extérieurs et autres. Le « service de la dette » comprend toutes les obligations au titre de la dette dans une année, y compris la dette à court terme et la tranche à court terme de la dette à long terme (les versements de capital du prêt exigibles au cours des 12 prochains mois ou la tranche à court terme des paiements de location, par exemple) plus les intérêts.
Fonctionnement
Un RCSD de 1,5 indique que les liquidités dont dispose une exploitation pour honorer des obligations au titre de la dette représentent une fois et demie le montant total exigible. Un ratio inférieur à 1 indique une incapacité à compter sur le revenu monétaire net et le revenu extérieur pour assurer le service de la dette.
Si le RCSD est trop bas, la ferme peut avoir du mal à rembourser les sommes dues uniquement grâce à ses recettes. Un ratio de couverture du service de la dette trop élevé n’est pas optimal non plus. Si ce ratio est peut-être le signe que l’exploitation n’a pas besoin de s’endetter pour produire un revenu, il peut également indiquer que l’exploitation ne tire pas profit des débouchés du marché.
Mise en garde
Le RCSD peut être calculé à l’aide de différentes formules de revenu et de service de la dette. Je vous recommande de comparer différents ratios uniquement au sein d’un même secteur au fil du temps.
Comprendre l’encours de la dette agricole
La dette agricole canadienne a crû en moyenne de 6,4 % chaque année entre 2019 et 2023 et elle dépasse maintenant 146 milliards de dollars canadiens. Or, aucune de ces données n’est inquiétante si le revenu agricole continue de croître suffisamment pour assurer les paiements du service de la dette, couvrir les coûts de production et, au fil du temps, accroître les capitaux propres. C’est toujours valable même lorsque la dette progresse plus vite que le revenu.
Pour comprendre l’importance de l’encours de la dette agricole, nous devons examiner le revenu et voir comment les tendances du revenu seront en mesure de suivre les tendances des obligations au titre de la dette. On estime que les recettes agricoles du Canada totalisaient 99,5 milliards de dollars canadiens en 2023. Elles ont grimpé de 50 % entre 2019 et 2023, contribuant ainsi à accroître le revenu net comptant de 110 % pendant la même période. Cela a permis au RCSD moyen des exploitations laitières, bovines et de céréales et d’oléagineux* de se maintenir dans une fourchette acceptable entre 2019 et 2023 (figure 1). Le RCSD des exploitations porcines a baissé sous la fourchette acceptable en 2023, les activités ayant été confrontées à des défis liés à la capacité d’abattage dans l’Est du Canada. Ces défis devraient se poursuivre en 2024 et maintenir le RCSD sous pression.
Figure 1 : La hausse du revenu net maintient le ratio moyen de couverture du service de la dette dans une fourchette acceptable pour tous les secteurs
Que nous réserve l’avenir?
La volatilité des prix et la hausse des coûts d’emprunt peuvent accroître le risque financier. Or, si l’augmentation des taux d’intérêt et les fluctuations des revenus peuvent nuire à la capacité d’honorer ses obligations au titre de la dette, l’agriculture canadienne est, dans l’ensemble, bien placée pour affronter d’éventuels ralentissements.
Comme c’est le cas pour chaque ratio présenté dans le cadre de cette série de billets, le RCSD représente seulement un point de vue de la santé financière de l’agriculture canadienne. L’utilisation conjointe de différents ratios permet d’obtenir une vue d’ensemble de la situation. En outre, l’utilisation du RCSD moyen comme nous l’avons fait dans ce billet ne brosse pas un tableau complet de la situation, car il reflète les exploitations ayant récemment fait des investissements dans la production (affichant par le fait même un RCSD moins élevé) et les exploitations plus matures dont les niveaux d’endettement sont plus bas (affichant un ratio plus élevé). Travaillez avec votre prêteur et votre comptable pour déterminer les ratios suggérés pour votre secteur d’activité et assurez-vous de les comprendre en fonction de votre propre stratégie et des risques auxquels votre entreprise est exposée.
*Cette analyse est fondée sur les données du portefeuille de FAC (2019-2023).
Savez-vous utiliser sans difficulté les états financiers pour améliorer la gestion de votre exploitation? Il serait judicieux de commencer par consulter votre comptable ou un directeur des relations d’affaires de FAC.
Article par : Amanda Norris, économiste principale