Aperçu de la situation macroéconomique au troisième trimestre de 2022 : la croissance devrait ralentir en 2023
Aperçu
Au Canada, on s’attend à un essoufflement de la croissance économique au troisième trimestre. L’inflation élevée met à mal le pouvoir d’achat de nombreux consommateurs, tandis que la hausse des taux d’intérêt devrait ralentir les investissements. Les exportations demeurent un élément positif, malgré les vents contraires que pourraient amener la diminution des prix des produits agricoles et celle de la croissance économique à l’échelle mondiale. La Banque du Canada continue de majorer vigoureusement son taux directeur afin de lutter contre l’inflation. Son taux du financement à un jour est d’ailleurs passé de 2,50 % à 3,25 % le 7 septembre. Nous prévoyons un taux de 3,75 % à la fin de l’année quoiqu’il ne serait pas surprenant qu’il surpasse ce niveau. Les perspectives pour 2023 et après sont incertaines.
PIB
Le PIB canadien a connu une saine croissance au deuxième trimestre (figure 1), principalement grâce à une augmentation des exportations de produits agricoles et à d’importantes dépenses de consommation. Les perturbations continues de la chaîne d’approvisionnement et le nombre élevé de postes vacants ont vraisemblablement nui à la croissance. Comparativement aux États-Unis, qui en sont à leur deuxième trimestre consécutif de croissance négative du PIB, le Canada semble occuper une position favorable. Bien que l’on prévoie actuellement un PIB positif à court terme, le Canada est à risque d’une contraction future du PIB. Le nombre de faillites et de propositions a grimpé de 31 % au deuxième trimestre par rapport à l’année dernière et la faiblesse des économies des États-Unis, de la Chine et de l’Europe pourrait se répercuter sur l’économie canadienne.
Figure 1. La croissance du PIB devrait ralentir considérablement à l’approche de 2023
Qu’est-ce qui fait augmenter les dépenses de consommation?
Bien que l’inflation affaiblisse le pouvoir d’achat de nombreux Canadiens, les plus récentes données démographiques révèlent que les personnes âgées de 65 ans et plus accélérèrent le rythme de leurs dépenses. Depuis le troisième trimestre de l’année dernière, alors que l’inflation dépassait la barre des 4 %, les personnes de 65 ans et plus forment le seul groupe d’âge qui ait accru sa proportion de la consommation totale (figure 2). Au fur et à mesure que les Canadiens prennent leur retraite, ce que beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs fait en 2022, leur taux d’épargne devient négatif et leurs dépenses excèdent leur revenu, ce qui entraîne la consommation totale à la hausse.
Figure 2. Les Canadiens de 65 ans et plus sont à l’origine de la hausse récente de la consommation
Politique de la banque centrale et marchés obligataires
Taux du financement à un jour de la Banque du Canada et inflation
Le 7 septembre, la Banque du Canada a haussé son taux du financement à un jour, qui est passé de 2,50 % à 3,25 %. Elle majore vigoureusement ses taux dans le but de faire baisser l’inflation. Les Services économiques FAC prévoient que la Banque du Canada terminera l’année avec un taux de 3,75 % quoique ce niveau pourrait être dépassé si un fort taux d’inflation demeure (tableau 1).
Tableau 1. Le taux directeur de la Banque du Canada devrait s’établir à 3,75 % à la fin de l’année
%, à la fin de la période
En glissement annuel, l’inflation globale était de 7,5 % au deuxième trimestre de 2022, principalement en raison des prix de l’énergie et des aliments. L’inflation des prix des aliments a atteint 9,2 % en juillet et devrait dépasser l’inflation globale en 2022. Malgré la diminution de l’inflation globale en juillet, l’indicateur d’inflation sous-jacente privilégié de la Banque du Canada a continué de grimper. Même si les prix de juillet demeuraient constants jusqu’à la fin de l’année, l’inflation serait toujours supérieure à 6 % en décembre. Nous nous attendons à ce que l’inflation ralentisse pour revenir à 2 à 3 % plus tard en 2023 (tableau 2). Les indicateurs d’inflation sous-jacente pourraient demeurer élevés ou même dépasser l’inflation globale l’année prochaine.
Tableau 2. L’inflation globale devrait demeurer élevée en 2023
Inflation, variation sur 12 mois en pourcentage
De l’avis général du marché, y compris celui des Services économiques FAC, les taux directeurs diminueront en 2023 en raison de l’affaiblissement de l’économie. Il est difficile de prédire les taux et l’inflation à plus long terme, particulièrement en 2024, car plusieurs facteurs sont encore inconnus.
L’augmentation des taux directeurs fera baisser l’inflation, qui pourrait revenir à une fourchette de 2 à 3 % selon le prix des produits agricoles et la durée pendant laquelle la Banque du Canada maintiendra ses taux élevés face à la possibilité d’un ralentissement économique. Plus la Banque du Canada se hâtera de réduire son taux directeur, plus le risque que l’inflation demeure élevée sera grand, et nous pourrions assister à une autre période de resserrement économique en 2024. Nous demeurons optimistes et croyons que la Banque du Canada saura faire en sorte que l’économie canadienne se stabilise de façon harmonieuse.
La Réserve fédérale des États-Unis (la Fed) a relevé son taux directeur tout aussi vigoureusement. Cependant, elle n’a pas fait preuve du même empressement à réduire son bilan. La Banque du Canada a diminué ses actifs de 24 % depuis le sommet atteint en 2021 et, alors que l’économie florissait, les actifs en proportion du PIB ont chuté de 10 % (figure 3). La Fed ayant, par contraste, réduit son bilan de seulement un pour cent, il est permis de croire que la Banque du Canada est mieux parée à faire face à de futures difficultés économiques.
Figure 3. La Banque du Canada a réduit ses actifs plus vigoureusement que la Réserve fédérale
Taux fixes
La croissance à long terme devenant plus préoccupante, les rendements des obligations à long terme du gouvernement ont reculé. Ce recul ainsi que des taux à court terme plus élevés découlant des hausses du taux directeur de la Banque du Canada ont légèrement inversé la courbe de rendement. Les rendements des obligations à long terme devraient augmenter en 2023, lorsque les perspectives de croissance économique prendront de la vigueur (tableau 3).
Tableau 3. La courbe des rendements à long terme devrait augmenter en 2023
Taux des obligations et des bons du Trésor du gouvernement du Canada, moyennes trimestrielles (%)
Taux de change et observations au sujet des marchés étrangers
Le dollar américain par rapport au dollar canadien
Le dollar canadien a bien tenu le coup pendant l’été, la Banque du Canada s’étant au final montrée plus dynamique que la Réserve fédérale en ce qui a trait à la hausse de son taux directeur et le prix du pétrole étant resté au-delà de la barre des 100 $ jusqu’en août. De plus, le dollar américain s’est affaibli, l’économie américaine ayant enregistré une croissance négative du PIB pendant deux trimestres consécutifs. Nous prévoyons une croissance anémique pour l’économie canadienne, et il est probable que la diminution des prix du pétrole fasse déprécier le huard. Nous nous attendons à ce que la valeur du dollar canadien diminue par rapport au dollar américain en 2023 (tableau 4).
L’euro par rapport au dollar canadien
La Banque centrale européenne a relevé son taux d’intérêt créditeur, qui est passé de -0,50 % à 0,00 % en juillet. Il s’agissait de la première majoration depuis 11 ans. Une autre augmentation de 50 points de base est prévue cet automne. La zone euro est aux prises avec une grande incertitude, principalement en ce qui concerne l’approvisionnement en énergie à court terme. Cette incertitude a contribué à la dépréciation de l’euro; cependant, nous prévoyons une baisse de l’inflation dans la zone euro en 2023, ce qui devrait avantager cette devise. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la guerre ou l’incapacité à s’approvisionner en énergie ailleurs qu’en Russie pourraient menacer l’économie européenne et sa monnaie.
Tableau 4. Le dollar canadien devrait reculer par rapport au dollar américain en 2023
Taux de change, moyennes trimestrielles
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Expert principal, science des données
Kyle Burak s’est joint à FAC en 2020 et occupe le poste d’expert principal, science des données. Il se spécialise dans la surveillance et l’analyse du portefeuille d’agroentreprise et agroalimentaire de FAC, la santé de l’industrie, et les risques inhérents au secteur. Avant de se joindre à FAC, Kyle a travaillé au service de l’approvisionnement et du marketing d’un détaillant alimentaire canadien. Il est titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université de Victoria.