L’Ontario peut-elle maintenir la valeur actuelle de ses terres agricoles?
Le rythme de croissance de la valeur des terres agricoles canadiennes a ralenti en 2018. En dépit de la rareté des terres à vendre, la diminution des revenus nets et la hausse des taux d’intérêt cette année ont contribué à faire baisser le taux de croissance à un niveau inférieur à la moyenne des cinq dernières années.
Avec les taux moyens de croissance qui sont également en baisse dans chaque province, sauf en Colombie-Britannique, nous devrions considérer cette croissance en termes relatifs. Les terres agricoles du Canada sont-elles surévaluées ou sous-évaluées? Dans le présent billet de blogue, je répondrai à cette question en analysant la valeur des terres agricoles de l’Ontario.
Pourquoi le ratio cours/bénéfice est-il important?
Les producteurs déterminent la valeur des terres en fonction des recettes futures prévues. Ces attentes sont prises en compte dans le ratio cours/bénéfice (C/B) des terres agricoles. C’est pourquoi les économistes prêtent attention à ce ratio lorsqu’il commence à s’éloigner de la moyenne historique. Une diminution rapide du ratio peut être le signe que la terre est sous-évaluée et un ratio qui est en hausse par rapport à sa moyenne historique indique peut-être que la terre est surévaluée.
La croissance plus lente de la valeur des terres en Ontario suit-elle les recettes?
Entre 2006 et 2014, le ratio C/B moyen de l’Ontario s’établissait à 10,6, c’est-à-dire que le prix de la terre (par acre) était près de 11 fois plus élevé que le montant des recettes générées (par acre). Pendant cette décennie, le ratio ne s’est pas beaucoup écarté de la moyenne, jusqu’en 2015, où il a commencé à augmenter (Figure 1).
La question est de savoir si le ratio C/B grimpe trop ou trop vite. Ma réponse? Nous devons suivre son évolution, mais les excellentes perspectives de l’économie agricole semblent être à l’origine de cette croissance.
Vous êtes-vous déjà demandé si la valeur des terres agricoles d’une province était trop élevée ou trop faible? Voici comment les économistes interprètent la valeur des terres agricoles de l’Ontario en 2018.
La forte croissance des prix des produits de base est à l’origine de l’augmentation du ratio C/B de la province bien nantie de l’Ontario
Entre 2006 et 2014, le prix des terres agricoles de l’Ontario a augmenté en moyenne de 11,1 % chaque année et les recettes provinciales du maïs et du soya (qui, ensemble, ont représenté en moyenne 40,0 % des recettes des cultures de l’Ontario chaque année pendant la période) ont progressé en moyenne de 4,5 % chaque année.
De 2015 à 2017, le coût moyen des terres agricoles de la province a continué de grimper à un taux annuel de 6,8 %. Les taux d’intérêt étaient alors en baisse, à un moment où la vigueur soutenue de la demande mondiale continuait à laisser présager de solides recettes de cultures. Or, la croissance des recettes s’est stabilisée (Figure 2).
Les recettes de 2012 du maïs et du soya de l’Ontario ont pulvérisé le record provincial et les recettes des cinq années suivantes sont demeurées nettement supérieures à tous les sommets atteints précédemment. On pouvait donc raisonnablement s’attendre à ce que la croissance des recettes observée dans les dix premières années de la figure 2, dans un contexte de baisse des taux d’intérêt, fasse grimper la valeur des terres agricoles, et c’est ce qui est arrivé.
En conclusion
La valeur des terres agricoles de l’Ontario a progressé en moyenne de 3,6 % en 2018, soit une croissance suffisante pour faire monter le ratio C/B provincial de nouveau. Toutefois, la croissance plus lente de la valeur des terres agricoles a permis de stabiliser le ratio, qui tendait récemment à s’éloigner de la moyenne. Une évaluation à la hausse des terres lorsqu’on prévoit que les recettes augmenteront peut s’avérer une bonne stratégie d’affaires. Sauf que les recettes et les revenus nets se sont stabilisés en 2018. Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle, car cela s’est produit après la croissance exceptionnellement forte des recettes qu’a récemment connu le secteur. Mais ce n’est pas nécessairement une excellente nouvelle non plus.
Avec une modeste croissance annuelle (1 à 2 %) de la productivité générale des cultures et aucune garantie que les prix moins élevés enregistrés en 2018 augmenteront en 2019, je m’attends à ce que la valeur des terres reflète une prudence accrue en 2019.
Pour un tableau complet de la valeur des terres agricoles, cliquez ici.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.