La crainte liée au coronavirus ébranle les marchés
Il y a environ un mois, nous avons parlé dans notre blogue des répercussions que la propagation de coronavirus pourrait avoir sur les marchés. Tous ces impacts sont en train de se concrétiser, et beaucoup plus rapidement que prévu. Certaines entreprises canadiennes en subissent déjà les contrecoups parce que les échanges commerciaux avec des pays touchés comme la Chine ont ralenti. Voici un résumé des répercussions du coronavirus sur l’économie.
Recul du PIB mondial
À mesure que le virus gagne du terrain, les prévisions de croissance du PIB mondial ne cessent de se détériorer. Le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2020, les faisant passer de 3,4 % à moins de 2,9 %. De même, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a aussi révisé à la baisse ses prévisions concernant la croissance mondiale pour 2020, qui sont passées de 2,9 % à 2,4 %, et a averti qu’une épidémie prolongée pourrait réduire la croissance à 1,5 %.
Au Canada, la croissance enregistrée au dernier trimestre de 2019 a ralenti pour s’établir à 0,1 %. Il ne serait pas surprenant que le coronavirus se traduise par une croissance négative au premier trimestre de 2020.
Pressions à la baisse sur les prix des produits agricoles
Les prix des produits agricoles suivent une tendance à la baisse depuis le début de l’année, et certains prix sont en chute libre ces derniers temps en raison des craintes d’une diminution de la demande, au Canada comme à l’étranger. Par exemple, les prix des bovins gras ont reculé de plus de 10 % au cours des deux dernières semaines.
Figure 1 : Prix des bovins gras en déclin sur les marchés à terme
Affaiblissement du dollar canadien
La demande de matières premières, dont le pétrole diminue [en anglais seulement], en raison des craintes d’un ralentissement de l’économie mondiale attribuable au coronavirus, ce qui fait fléchir le dollar canadien par rapport au dollar américain. En outre, les investisseurs ont tendance à se tourner vers le billet vert comme monnaie refuge en période d’incertitude. Le dollar canadien s’échangeait à 0,76 $ US à la fin février; il s’établit à 0,735 $ US en date du 9 mars.
Diminution des taux d’intérêt
Le Banque du Canada et la Réserve fédérale des États-Unis [en anglais seulement] ont abaissé leurs taux d’intérêt de 50 points de base cette semaine. Il est à noter que d’ordinaire, les banques modifient leurs taux de 25 points de base. Par ailleurs, si la Banque du Canada a abaissé son taux lors de sa réunion prévue en mars, la Fed a abaissé le sien de façon précipitée au cours d’une réunion extraordinaire. D’autres réductions sont possibles de la part de la Fed le 18 mars et de la Banque du Canada lors de sa prochaine annonce sur les taux d’intérêt, prévue pour le 15 avril.
La dernière fois que la Banque du Canada et la Fed ont réduit les taux d’intérêt de manière agressive, c’était lors de la crise financière de 2007-2008. Les taux d’intérêt étaient alors beaucoup plus élevés qu’aujourd’hui. La baisse des taux d’intérêt est un levier plus faible cette fois-ci et pourrait éventuellement atteindre un plancher à zéro comme en Europe.
Ces réductions sont intervenues après que les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 aient tenu une conférence téléphonique pour discuter de l’impact économique du coronavirus. Ils ont convenu d’utiliser les outils nécessaires [en anglais seulement] pour parvenir à une croissance durable et se prémunir contre les risques de baisse. Les réductions drastiques ont été appliquées soit par excès de prudence, soit parce que les banques voient déjà dans les données préliminaires des signes marqués de ralentissement économique.
Faits à retenir
À l’heure actuelle, la crainte provoque la plupart des impacts économiques négatifs. Si l’on parvient à juguler les éclosions de COVID-19, les marchés pourraient rebondir rapidement. À l’inverse, si le virus continue de se propager, le monde risque de plonger dans une récession.
Article par : Sébastien Pouliot, Économiste supérieur