Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis stimulent-elles les exportations canadiennes de porc et de soya?
Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis perturbent les flux des échanges et accentuent la volatilité des prix dans de nombreux marchés agricoles. Par exemple, le prix à terme de novembre 2018 pour le soya a chuté d’environ 20 % depuis la fin mai, passant de 10,50 $ US à environ 8,50 $ US le boisseau. Les prix à terme des porcs maigres ont aussi beaucoup diminué ces derniers mois; en août, le contrat d’octobre 2018 a atteint un plancher de 47 $ US par 100 lb. Toutefois, les prix à terme des porcs maigres se sont redressés partiellement depuis la conclusion des négociations entourant l’ALENA et l’éclosion de peste porcine africaine en Chine.
Les fluctuations des prix des produits de base n’ont rien d’exceptionnel étant donné l’importance de la Chine sur les marchés agricoles; en effet, la Chine est le plus important acheteur de soya et de porc au monde. Les structures des exportations ont changé, entraînant des gains ou des coûts accrus pour les importateurs et les exportateurs. Qu’en est-il du Canada?
Les structures des exportations de soya et de porc des États-Unis sont perturbées
Soya
Durant l’année commerciale en cours, les exportations de soya des États-Unis vers la Chine ont diminué de 22 %. En juillet 2018, elles ont chuté de 50 % par rapport aux niveaux de juillet 2017 en raison des tarifs à l’importation chinois. Parallèlement, les engagements à l’exportation de soya des États-Unis vers la Chine (en anglais seulement) ont diminué de 83 % durant l’année commerciale 2018‑2019 (qui a débuté le 1er septembre). Par contre, les exportations de soya des États-Unis vers l’Europe, le Mexique, le Pakistan, le Bangladesh, l’Iran et l’Asie du Sud-Est sont en hausse.
La Chine a accaparé près de 80 % des exportations de soya du Brésil durant l’été, ce qui devrait se traduire par un accroissement de 10 % par rapport à 2017. Dans le but de réduire sa dépendance envers le soya des États-Unis, la Chine s’efforce entre autres de réduire ses stocks nationaux de soya et de modifier les rations des porcs afin d’utiliser moins de soya ou de remplacer le soya par d’autres sources de protéines comme le canola et les pois.
Porc
Le volume et la valeur des exportations de porc des États-Unis vers la Chine sont demeurés assez stables au cours des quatre premiers mois de 2018 par rapport à la même période en 2017, mais le volume et la valeur de ces exportations ont diminué d’environ 40 % entre mai et juillet 2018 par rapport à la même période en 2017. Les tensions commerciales entre le Mexique et les États-Unis ont peu influé sur les volumes d’exportations des États-Unis, mais elles ont eu une incidence négative sur les prix à l’exportation.
Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis créent des débouchés pour les exportateurs canadiens
Soya
Entre mai et juillet 2018, la Chine a acheté du soya canadien. Pourtant, sur le plan historique, le Canada n’exporte jamais de soya vers la Chine au cours de cette période. En 2017, 35 % des exportations canadiennes de soya ont pris la route de la Chine, et cette proportion a augmenté de 382 % en juin et juillet 2018. Toutefois, à mesure que les exportations canadiennes augmentent, le volume de soya expédié au Canada en provenance des États-Unis s’accroît; en juillet 2018, les importations ont crû de 50 % par rapport à juillet 2017. La demande de canola a aussi bondi en Chine; entre mai et juillet 2018, les exportations canadiennes de canola ont été supérieures de 25 % à celles de 2017.
Porc
En 2018, les exportations canadiennes de porc à destination du Mexique ont augmenté de 19 % par rapport à 2017, tandis que les exportations de porc vers la Chine ont diminué de 17 %. L’éclosion de peste porcine africaine risque d’amplifier les perturbations commerciales sur les marchés du soya et du porc. En effet, une diminution du troupeau de truies de la Chine pourrait faire augmenter les exportations et affaiblir la demande de soya.
Surveiller l’évolution des exportations pour comprendre les perspectives à long terme des marchés des produits de base
À court terme, les tensions mondiales modifient la structure des échanges commerciaux et les prix tendent à la baisse. Malgré l’accroissement des ventes à l’exportation du Canada, l’impact sur les prix neutralise habituellement les avantages commerciaux éventuels. Les répercussions à long terme seront peut-être plus importantes. Des tensions soutenues pourraient créer des débouchés et renforcer la demande de produits canadiens.
Pour en apprendre davantage sur la volatilité des prix des produits de base et sur son influence sur les exportations canadiennes de produits agricoles et alimentaires, veuillez consulter le rapport annuel de classement selon les échanges commerciaux de 2018, qui sera publié en novembre.
Économiste principal
Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.
Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.