Les trois raisons de la volatilité des prix des produits de base en 2018
Beaucoup des phénomènes observés en 2017 semblent indiquer que 2018 sera une année exceptionnelle pour l’agriculture canadienne. Quoiqu’il arrive au cours des dix prochains mois, certains signes actuels laissent présager une imprévisibilité dans les prix et les recettes agricoles.
Voici trois sources possibles de volatilité des prix des produits de base pour l’année à venir.
Les conditions météorologiques en Amérique du Sud
La vague de sécheresse qui sévit en Argentine continue de s’étendre. Cette sécheresse, qui dure depuis décembre 2017, a déjà contribué à faire grimper le prix du soja. On estime qu’en 2018, la production de soja de l’Argentine représentera moins de 80 % de sa récolte de 2017, ce qui pourrait entraîner une autre flambée des prix. Pendant ce temps, les pluies abondantes qui s’abattent sur le Brésil risquent de retarder la récolte. Pour reprendre une phrase célèbre de Albert Einstein, « Dieu ne joue pas aux dés », mais la météo, quant à elle, le peut certainement.
Guerre commerciale
Avec la volonté de l’administration Trump d’imposer unilatéralement des droits de douane sur les importations d’aluminium et d’acier, les grands pays producteurs de biens agricoles devraient être à l’affut de mesures de rétorsion possibles qui pourraient toucher les produits agricoles. Parmi les plus remarquables, on retrouve bien sûr la Chine, qui pourrait décider de taxer les exportations américaines, y compris le soja. La Chine est le plus grand importateur de soja du monde et, à ce titre, elle impose le respect. L’Union européenne, qui est l’un des plus importants importateurs de produits agricoles et alimentaires, envisage également de répliquer avec d’autres mesures.
Toute mesure de rétorsion risque de faire reculer davantage les prix des produits agricoles, ce qui aurait par conséquent une incidence sur les recettes des producteurs canadiens.
La croissance économique mondiale se poursuivra à plein régime
Le Fonds monétaire international a revu plusieurs fois ses projections de croissance économique mondiale pour 2018, et ce toujours à la hausse. Or, c’est une bonne nouvelle que le Fonds ait ajusté de multiples fois ses perspectives de croissance du PIB, qui l’établissent maintenant à 3,9 % pour 2018. Cela suggère que la croissance économique des marchés émergents, actuellement projetée à 4,9 % en 2018, est peut-être suffisamment dynamique pour permettre à la demande de dépasser les prévisions actuelles et de faire évoluer les prix.
L’année 2018 pourrait être une année de grande volatilité ce qui pourrait, le cas échéant, affecter les plans de commercialisation des producteurs pour la saison commerciale 2018‑2019.
La semaine prochaine, nous vous aiderons à mettre cette volatilité en perspective grâce à une analyse en profondeur de la santé financière de l’agriculture canadienne. Ne manquez pas notre série de billets sur la santé financière des exploitations agricoles que nous publierons tout au long du mois de mars.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.