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Pourquoi le marché de l’entreposage frigorifique n’est-il plus aussi dynamique?

20 mars 2024
6 min de lecture

Le marché de l’entreposage frigorifique a connu un certain ralentissement depuis nos dernières perspectives en 2022. Étant toujours confronté aux perturbations de l’offre et de la demande provoquées par la pandémie, le marché a continué à évoluer. D’une part, la stimulation du marché observée pendant la pandémie, attribuable à un pic soudain et important de la demande du secteur pharmaceutique pour le stockage de vaccins et de fournitures, s’est atténuée. ‌D’autre part, en raison de la pression exercée sur les dépenses des ménages canadiens par l’inflation au cours des deux dernières années, les aliments frais ne sont plus une option aussi viable qu’auparavant pour de nombreux consommateurs. Les ventes d’aliments en conserve augmentent. 

Un point positif est que le marché demeure vigoureux et en croissance, soutenu par des activités de fusion et d’acquisition ainsi que par de nouveaux projets de construction. La population ayant augmenté de 2,5 millions de personnes ces quatre dernières années, principalement en raison de l’immigration, il y a désormais plus de personnes à nourrir. Il faudra donc accroître les capacités de stockage pour bien gérer l’augmentation des stocks de produits alimentaires. Les mêmes facteurs économiques qui ont incité les consommateurs à acheter davantage d’aliments en conserve stimulent également la consommation accrue de produits surgelés. 

Le développement des capacités de réfrigération, accéléré par la pandémie, persiste même après la COVID-19 

La tendance observée en 2022 en matière de construction de nouvelles installations ou de réaménagement d’installations existantes s’est poursuivie depuis, quoiqu’à un rythme peut-être plus lent. De nouveaux projets de construction et d’agrandissement ont eu lieu dans les provinces de l’Atlantique et dans la région du Grand Toronto, malgré des coûts de construction et de réaménagement par pied carré élevés et en hausse. Les coûts varient en fonction de l’emplacement, de la hauteur du bâtiment, du système de rayonnage, de la nature de l’installation (réfrigérateur ou congélateur), entre autres choses, mais une fourchette réaliste s’étend de 200 $ à 400 $ et plus par pied carré. Ils sont également influencés par le manque de terres non améliorées disponibles sur lesquelles construire et adapter des espaces supplémentaires. 

Ces coûts indirects demeurent un fardeau pour les nouveaux venus ou ceux qui tentent de se tailler une place dans le secteur de l’entreposage frigorifique. Malgré cela, le secteur devrait croître à court et à long terme, certains analystes industriels prévoyant un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 3,5 % à 4,4 % jusqu’en 2030, pour atteindre une valeur de 3,1 milliards de dollars américains au Canada. Le secteur américain de l’entreposage frigorifique devrait croître plus rapidement, avec un TCAC de 14,4 %, pour atteindre une valeur de 409,4 milliards de dollars américains d’ici 2032. 

La demande d’espace réfrigéré (non congelé) a augmenté pendant la COVID-19, car les consommateurs ont accru leur demande d’aliments frais, et si cette tendance s’est poursuivie après la pandémie, les installations de congélation restent un espace important sur l’ensemble du marché de l’entreposage frigorifique. C’est le secteur des aliments et des boissons, qui est son plus grand consommateur, qui stimule le plus le marché. Parallèlement, les secteurs liés à la logistique de la chaîne du froid (entreposage et distribution de produits réfrigérés et congelés) se développent. Ces secteurs connaissent une demande accrue, rendue possible par l’évolution des techniques de conservation et l’efficacité des moyens de transport sur de longues distances. Pour une population mondiale de plus en plus friande de protéines, et en particulier de protéines animales, cela revêt une importance considérable. À mesure qu’un nombre croissant de personnes dans le monde passent d’un régime à base de glucides à un régime plus riche en protéines, la logistique de la chaîne du froid gagnera en importance.  

Les bouleversements économiques mondiaux ne se reflètent pas toujours dans le commerce des aliments périssables au Canada 

Le monde a été secoué par la pandémie et les flux commerciaux globaux ont été rajustés, parfois de manière extrême, à la hausse ou à la baisse pour plusieurs produits de base. Par exemple, les exportations canadiennes de porc vers la Chine ont atteint des sommets en 2020, avant de chuter rapidement d’une année à l’autre au cours des deux années suivantes. Le ralentissement de la croissance économique mondiale et les blocages de la chaîne d’approvisionnement ont freiné la demande des consommateurs ailleurs, mais pour de nombreux exportateurs canadiens de denrées périssables, la période postpandémie a été marquée par une croissance des volumes (figure 1). 

Figure 1 : Les exportations canadiennes d’aliments périssables sont sujettes à une certaine volatilité depuis 2020, mais affichent une croissance positive dans l’ensemble par rapport aux tendances observées avant la pandémie (kg) 

Diagramme à barres indiquant les tendances de la croissance sur douze mois des exportations canadiennes d’aliments périssables entre 2020 et 2023 comparativement à la croissance annuelle moyenne entre 2015 et 2019.

Source : Statistique Canada

Une telle croissance peut être anticipée, compte tenu de l’accent mis par le Canada sur l’établissement d’objectifs ambitieux pour accroître ses exportations alimentaires d’ici 2025. Ces facteurs ont donc une incidence sur le besoin croissant d’espace d’entreposage frigorifique.  

Les importations canadiennes d’aliments périssables (mesurées en kilogrammes) ont, pour leur part, été beaucoup plus stables depuis le début de la pandémie, avec des variations plus faibles sur douze mois pour les fruits et les légumes et les préparations de viande d’origine non aquatique (par exemple, les saucisses et les viandes préparées). Nos importations de viande ont par contre connu une volatilité accrue sur douze mois (figure 2). 

Figure 2 : La pandémie a entraîné d’importantes variations en glissement annuel des importations de viande du Canada, mais d’autres exportations d’aliments périssables sont plus stables (kg) 

Diagramme à barres indiquant les tendances de la croissance sur douze mois des importations canadiennes d’aliments périssables entre 2020 et 2023, comparativement à la croissance annuelle moyenne entre 2015 et 2019.

Source : Statistique Canada

Les fortes variations annuelles des importations de viande et des exportations d’aliments périssables observées pendant et immédiatement après la pandémie peuvent créer de l’incertitude sur un marché qui tente de prévoir sa croissance au cours des prochaines années. Elles peuvent également créer des périodes de sous-capacité et de surcapacité d’utilisation des entrepôts. 

En conclusion 

En réaction au ralentissement de la demande d’entreposage frigorifique, les tendances récentes des taux de location des installations se sont quelque peu stabilisées par rapport aux augmentations observées tout au long de la pandémie. Le secteur devrait continuer à croître à court terme, la demande accrue du secteur canadien des aliments et des boissons stimulant cette croissance. Le Canada a déjà largement dépassé l’objectif du Conseil consultatif en matière de croissance économique (un groupe voulant faire du Canada un exportateur mondial de premier plan) visant à porter à 75 milliards de dollars les exportations agricoles et agroalimentaires, mais il existe encore une grande marge de manœuvre pour accroître le volume des exportations. Avec le renforcement de la croissance démographique, l’avenir du secteur canadien de l’entreposage frigorifique semble prometteur. 

Martha Roberts

Rédactrice économique

Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.