Premier aperçu du marché des intrants de culture en 2024
Alors que la récolte de 2023 est presque à mi-chemin au Canada, l’attention se tourne déjà vers l’an prochain. Voici notre estimation préliminaire pour le marché des intrants de culture en 2024.
Perspectives du marché des engrais
Les prix des engrais ont atteint des sommets en 2022, le monde faisant face à des problèmes d’approvisionnement en raison de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. C’est pourquoi l’Europe a réduit sa production à cause des prix élevés du gaz naturel. Toutefois, le marché mondial s’est montré résilient en augmentant les approvisionnements en engrais, et les prix élevés ont entraîné un resserrement de la demande dans de nombreuses régions agricoles parmi les plus pauvres du monde. En conséquence, les prix des engrais ont continué à baisser au cours de la dernière année (figure 1).
Les prix du gaz naturel en Europe continueront d’être suivis de près en 2024, mais il semble y avoir moins d’incertitude quant à la capacité mondiale de production d’engrais azotés. La Chine est notamment revenue sur le marché des exportations d’urée, et les prix mondiaux de la potasse restent bas.
Notre évaluation préliminaire indique que les prix des engrais devraient rester sous pression jusqu’au début de 2024, mais se redresser ensuite à l’approche des semis en Amérique du Nord. Compte tenu de la sécheresse qui sévit actuellement dans l’Ouest du Canada et dans le Midwest des États-Unis, on s’attend à ce que le volume soit faible dans la période d’épandage d’automne.
Figure 1 : Tendances et prévisions du prix des engrais au Canada
La sécheresse dans l’Ouest du Canada et les niveaux d’humidité excessifs dans l’Est du Canada auront une incidence sur la demande d’engrais en 2024. Les détaillants d’intrants agricoles ont l’occasion de continuer à développer leur activité d’échantillonnage des sols (par exemple Les 4B au Canada – Fertilisants Canada), car ils travaillent avec leurs clients pour déterminer les niveaux optimaux d’application d’engrais et les résidus d’engrais laissés dans le sol en raison de la sécheresse.
Carburant
Le ralentissement de la croissance économique mondiale devrait entraîner une baisse des prix du diesel en 2024. Notre estimation préliminaire indique que les prix du diesel utilisé à des fins agricoles diminueront de 2,8 % en 2024. Toutefois, l’incertitude mondiale persistante, notamment la guerre de la Russie contre l’Ukraine, ainsi que les réductions de l’offre de l’OPEP et les niveaux relativement bas de distillats aux États-Unis (par exemple, le diesel) pourraient maintenir les prix à un niveau élevé [en anglais seulement].
Produits chimiques et semences
La reprise continue de la production mondiale de produits agrochimiques et le ralentissement de la demande ont entraîné une augmentation des approvisionnements mondiaux. Dans l’ensemble, les prix mondiaux du glyphosate et du glufosinate se sont modérés. Le marché canadien dépendra en grande partie de l’offre et de la demande intérieures.
Sur le marché des semences commerciales, l’incertitude demeure quant à l’incidence de la sécheresse de 2023 sur les semences destinées à la période de croissance de 2024, y compris les coûts de production. Pour les semences de canola, en particulier, cela dépendra en grande partie de la capacité d’approvisionnement en semences en Amérique du Sud pendant la saison morte, cet hiver.
Nous prévoyons que le marché canadien des intrants de culture connaîtra une croissance modeste en 2024, et plusieurs facteurs pourraient avoir une incidence sur les prix et les ventes en 2024.
Surveillance d’El Niño et de la sécheresse
Le phénomène El Niño devrait persister jusqu’au début de 2024 et entraîner des températures plus chaudes. En prévision d’une autre année de temps sec et chaud, les producteurs canadiens pourraient se tourner vers des variétés à maturation précoce si les problèmes d’humidité continuent pour la période de croissance de 2024. Les détaillants d’intrants de culture qui font la promotion de variétés à maturation précoce pourraient tirer un bénéfice accru de leurs ventes.Tendances des revenus agricoles
Les recettes des productions végétales canadiennes pour le premier semestre de 2023 ont augmenté de 19,8 %, du fait des fortes ventes de canola et de blé. La sécheresse devrait réduire la production canadienne de céréales, d’oléagineux et de légumineuses ce qui pourrait influer sur les recettes des productions végétales à la fin de 2023 et au premier semestre de 2024, en particulier dans les régions qui ont connu une sécheresse exceptionnelle. Une trésorerie agricole solide reste la clé des ventes d’intrants de culture. Les tendances de préachat pour le reste de 2023 peuvent donner une première indication de ce à quoi le secteur peut s’attendre en 2024.Ralentissement économique et taux d’intérêt
Les taux d’intérêt ont peut-être déjà atteint leur maximum, comme le montre la décision prise la semaine dernière par la Banque du Canada de maintenir son taux directeur. Nous prévoyons une baisse des taux d’intérêt d’ici le second semestre de 2024 en raison de l’affaiblissement des économies mondiale et canadienne. Il importera de surveiller les écarts de taux d’intérêt entre le Canada et les États-Unis, car ils ont une incidence sur la valeur du dollar canadien. Consultez l’aperçu de l’ économie et des marchés financiers pour un suivi continu des enjeux macroéconomiques.
En conclusion
Les estimations préliminaires indiquent que la sécheresse qui a sévi en Amérique du Nord en 2023 aura une incidence négative sur le marché des intrants de culture en 2024. Pour les fournisseurs d’intrants agricoles, la plus grande inconnue est la demande d’épandage d’engrais à l’automne et les prépaiements pour la prochaine période de croissance. Les prévisions selon lesquelles le phénomène El Niño se prolongera jusqu’en 2024 continueront d’influencer les décisions prises dans les exploitations agricoles, notamment en ce qui concerne les analyses de sol, la pulvérisation et les variétés à planter.
Économiste principal
Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.
Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.