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Le resserrement des marges des producteurs vient perturber le marché des intrants de culture

28 août 2024
6 min de lecture

La récolte ne fait que commencer et pourtant, il n’est pas trop tôt pour penser aux intrants de culture de l’année prochaine. L’incertitude et les risques sont omniprésents dans les marchés agricoles, c’est pourquoi les fabricants et les détaillants d’intrants sont déjà en train de planifier pour l’an prochain. La rentabilité des exploitations agricoles est sous pression, car les prix des produits de base sont inférieurs à leur moyenne quinquennale en raison de la vigueur de la production américaine, tandis que le coût des intrants demeure élevé. Même si le prix de certains intrants a baissé, il n’a pas diminué autant que les revenus tirés des céréales et des oléagineux. Les ventes canadiennes d’intrants de cultures ont atteint un sommet de 23,4 milliards de dollars en 2022 et se sont maintenues à environ 20 milliards de dollars au cours des dernières années (figure 1). Nous prévoyons que les ventes resteront stables pour la récolte de l’année prochaine.

Compte tenu du resserrement des marges, il est important d’optimiser le mélange de cultures et d’intrants pour la saison prochaine. Une planification précoce permet de profiter de réductions pour achat anticipé et d’ajuster les plans à mesure que de nouveaux renseignements deviennent disponibles. Voici notre première évaluation des facteurs susceptibles d’affecter le marché des intrants de culture l’an prochain. Ces renseignements ont pour but d’aider les producteurs et le secteur des intrants de culture à prendre des décisions éclairées en matière de gestion des dépenses et de maintien de stocks appropriés.

Figure 1 : Ventes canadiennes d’intrants de culture par rapport aux revenus tirés des grandes cultures

Figure montrant les ventes historiques et prévues du marché canadien des intrants de culture par rapport au revenu agricole brut pour les grandes cultures

Sources : Statistique Canada, calculs effectués par FAC

Des conditions de croissance exceptionnelles aux États-Unis font baisser le prix des cultures

Cette année, les agriculteurs américains bénéficient d’excellentes conditions de croissance, ce qui se traduit par des rendements records pour le maïs et le soya. Cette abondance fait baisser le prix des produits de base. Si le Canada connaît une année de production normale, la baisse pourrait se traduire par des revenus nets négatifs pour certaines exploitations, selon le coût de leurs terres. Avec la chute du prix des céréales et des oléagineux, les producteurs pourraient être plus préoccupés par les décisions concernant les intrants de l’année prochaine, face à une baisse de la rentabilité prévue et à une diminution des liquidités.

Les dépenses liées aux intrants diminuent, mais restent élevées

Sur une note positive, les prix des produits chimiques ont baissé. Le prix de certains principaux ingrédients actifs a chuté alors que le secteur se remet des problèmes de chaîne d’approvisionnement survenus après la pandémie. Les stocks mondiaux de la plupart des produits chimiques, comme le glyphosate, ont augmenté, entraînant une baisse des prix (figure 2). Par conséquent, les ventes de produits chimiques agricoles devraient diminuer de 14 % en 2024 et de 4 % l’année suivante en raison de cette baisse des prix.

Figure 2 : Les stocks mondiaux continuent d’exercer une pression sur les prix du glyphosate

Figure illustrant une baisse des prix actuels du glyphosate

Sources : Prix des intrants de culture en Alberta, calculs effectués par FAC

La demande mondiale d’engrais fléchit, mais les prix restent élevés

Les prix des engrais ont beaucoup baissé depuis le sommet atteint en 2022 et ne cessent de diminuer depuis le début de la saison des semis de 2024. La demande d’engrais, en particulier pour l’azote, a diminué à l’échelle mondiale. C’est une bonne nouvelle pour les producteurs agricoles, mais les prix restent plus élevés qu’avant 2022 (figure 3). Il est possible que les prix augmentent à nouveau pour les récoltes de l’an prochain. Des problèmes mondiaux tels que les restrictions à l’exportation imposées par la Chine et l’interruption de la production en Égypte maintiennent les prix à un niveau élevé. Toutefois, les décisions de la Chine en matière d’exportation sont imprévisibles. À l’inverse, si les prix mondiaux des cultures continuent de chuter, cela pourrait faire baisser davantage les prix des engrais.

Figure 3 : Les prix des engrais suivent une tendance stable, mais le risque de hausse est présent pour l’an prochain

Figure montrant les prix historiques et prévus de l’engrais au Canada entre 2020 et 2025

Sources : Prix des intrants de culture en Alberta, calculs effectués par FAC

Ventes de carburants et de semences

Le prix du carburant peut varier considérablement en fonction des conditions du marché mondial et d’événements tels que des conflits. On s’attend à ce qu’il diminue avec le ralentissement de l’économie mondiale. Nous pensons que les producteurs agricoles dépenseront 3,6 % de moins en carburant l’année prochaine. Les ventes de semences commerciales devraient augmenter de 5 % en 2025 en raison de la hausse des prix des semences hybrides telles que le canola, le soya et le maïs. Les prix des semences sélectionnées, comme les céréales et les légumineuses, devraient rester stables, car ils suivent de plus près les prix à la production agricole.

Étendre le rôle des fournisseurs d’intrants de culture

En raison du resserrement des marges bénéficiaires, les exploitations agricoles seront plus attentives au choix des cultures et à la quantité d’engrais et de produits chimiques à utiliser. Les services qui apportent une valeur ajoutée, comme les conseils d’expert et les services agronomiques, continueront à se développer à long terme. À court terme, la baisse des revenus agricoles incitera les producteurs agricoles à repenser leurs stratégies. Les détaillants et fournisseurs agricoles joueront un rôle important en aidant les producteurs à accroître leur productivité, en utilisant les mêmes intrants, voire moins. Cependant, les détaillants d’intrants de culture doivent savoir quelle quantité de stock commander pour l’année suivante.

La principale préoccupation pour l’année à venir est la demande d’engrais au pays. La superficie de terre utilisée pour certaines cultures influence grandement l’utilisation d’engrais par les agriculteurs canadiens. L’utilisation d’engrais varie également en fonction de la rentabilité, des conditions d’humidité et des éléments nutritifs du sol. En raison des pressions exercées sur la rentabilité et de récentes conditions d’humidité, les producteurs agricoles pourraient utiliser moins d’engrais. Historiquement, les exploitations agricoles ont réduit leur utilisation d’engrais au cours des années de faibles revenus ou de problèmes de production, comme la sécheresse ou l’humidité excessive, ou dans les années qui ont suivi ces événements. Par exemple, en 2005 et 2006, les marges étaient faibles, et en 2022 et 2023, les prix élevés de l’engrais ont entraîné une réduction de l’utilisation. L’analyse des sols et la planification relative à l’utilisation des intrants de culture sont tout aussi importantes pour la rentabilité que les plans de commercialisation.

Figure 4 : L’utilisation d’engrais fluctue

Graphique à barres empilées illustrant les fluctuations de la quantité totale d’engrais entre 2000 et 2024

Sources : Statistique Canada, calculs effectués par FAC

En conclusion

Le marché des intrants agricoles en 2025 dépendra de la pression exercée sur les revenus agricoles. La baisse des revenus agricoles cette année et l’année prochaine réduira la demande d’intrants. Les producteurs prennent des décisions en fonction de l’information dont ils disposent à ce moment-là. L’automne est le moment idéal pour les producteurs agricoles et les détaillants d’intrants de culture pour évaluer le rendement du capital investi et planifier l’année suivante. Le secteur des intrants agricoles peut jouer un rôle plus important en aidant les exploitations à mieux planifier leurs besoins en intrants pour l’année à venir. Cette collaboration permettra d’accroître la productivité et d’améliorer la rentabilité des exploitations agricoles.

x.com/AndersonLeigh3
Leigh Anderson

Économiste principal

Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.