Mise à jour sur le commerce agricole et agroalimentaire canadien en 2021 : distinction entre la vigueur de la demande et l’inflation
Le Canada est appelé à devenir l’une des cinq principales sources de produits agricoles et agroalimentaires salubres, fiables et nutritifs au moment où la population mondiale devrait avoisiner les 10 milliards de personnes. Selon les recommandations du Conseil consultatif en matière de croissance économique (Rapport Barton), le budget fédéral de 2017 prévoyait des fonds pour l’augmentation des exportations à au moins 75 milliards de dollars d’ici 2025 (contre 55 milliards en 2015). En 2018, les Tables de stratégies économiques du secteur agroalimentaire ont relevé cette cible à 85 milliards de dollars d’ici 2025.
L’inflation provoquée par la pandémie stimule les exportations
Entre 2012 et 2019, la valeur globale des exportations agroalimentaires a connu une croissance moyenne de 5,2 % en glissement annuel (figure 1). En 2020, cette croissance a bondi à 11,4 %, avant de reculer légèrement à 11 % en 2021. Par conséquent, la valeur globale des exportations agroalimentaires s’est élevée à 81,2 milliards de dollars l’an dernier.
Figure 1 – La pandémie stimule les exportations agroalimentaires et fait croître l’excédent commercial
La pandémie de COVID-19 a également fait grimper l’excédent commercial de produits agroalimentaires canadiens malgré la croissance des importations canadiennes. Le taux de croissance annuel moyen des importations s’est établi à 5,9 % entre 2010 et 2021, comparativement à 7,2 % pour les exportations. L’excédent commercial, qui s’élevait à 8,5 milliards de dollars en 2010, a bondi à 25,6 milliards de dollars l’an dernier.
Exportations agricoles canadiennes
La croissance de l’excédent est essentiellement attribuable à la réussite du secteur agricole canadien sur les marchés d’exportation. Dans l’ensemble, la valeur des exportations au titre des sept catégories SH a augmenté de 15,3 % en glissement annuel en 2020 et de 7,4 % en 2021 (figure 2). Cette très forte croissance des exportations a fait croître l’excédent commercial.
Figure 2 – La demande mondiale en produits agricoles demeure élevée, mais se tasse dans la deuxième année de la pandémie
Pour comprendre les moteurs de la croissance des exportations, nous avons examiné cette croissance sur le plan des volumes et des valeurs pour voir si l’inflation de 2021 y avait contribué (tableau 1). Le tableau démontre que même un recul de la valeur en glissement annuel (p. ex., les légumes en 2021) demeurait plus limité qu’un recul correspondant du volume. De même, un recul des volumes d’exportation de céréales, d’oléagineux, de fruits et de noix ne s’est pas traduit par un recul de la valeur des exportations.
Tableau 1 – Croissance des exportations agricoles
La croissance des volumes n’a pas progressé au même rythme que celle des valeurs. L’augmentation des prix semble avoir contribué davantage à la croissance globale des exportations que les augmentations dans le volume des exportations de marchandises, comme ce fût le cas pour certains secteurs en 2020. Cela dit, les prix unitaires de 2021 étaient plus élevés que ceux de 2020.
La croissance des exportations agroalimentaires fait grimper l’excédent commercial
Les moteurs de la croissance des exportations agroalimentaires semblent similaires à ceux du secteur agricole. En 2021, la valeur des exportations agroalimentaires a été en grande partie responsable de l’expansion des exportations agroalimentaires, lesquelles ont enregistré une croissance de 14,7 % en glissement annuel pour atteindre 41,6 milliards de dollars (figure 3). Ces gains ont fait croître l’excédent commercial de produits agroalimentaires canadiens. Bien que cet excédent soit récent et en rupture avec un déficit commercial de longue date, il repose davantage sur une hausse des exportations plutôt que sur un recul des importations.
Figure 3 – La récente croissance de la valeur des exportations agroalimentaires produit un excédent commercial
Bien que la valeur globale des exportations agroalimentaires canadiennes ait bénéficié des pressions inflationnistes en 2020 et 2021, le volume des exportations a aussi augmenté (tableau 2).
Tableau 2 – Croissance des exportations agroalimentaires
C’est sans surprise que l’augmentation des prix a fait monter la valeur des exportations de viandes et de préparations de viande en 2021. Si les volumes d’exportation de porc canadien vers la Chine ont largement bénéficié de la forte demande mondiale stimulée par la Chine en 2020, ils ont chuté en 2021. La valeur des exportations de graisses et d’huiles a grimpé de 42 % en 2021, en glissement annuel. Toutefois, cette hausse est essentiellement attribuable aux prix gonflés par la sécheresse ayant décimé la récolte de canola dans l’Ouest canadien.
La croissance du volume global découle essentiellement des exportations canadiennes à volume d’exportation moindre.
En conclusion
Les exportateurs canadiens ont dépassé l’objectif initial de 75 milliards de dollars en 2021, avec des exportations totalisant 81,2 milliards de dollars. Cependant, il y a un bémol. Lorsque les objectifs reposent sur la valeur (et non sur la hausse du volume), l’inflation peut contribuer en partie à cette réussite. Le renforcement des capacités et les gains de productivité sont la pierre angulaire de la croissance et des résultats des exportations. Or, en 2020 et 2021, l’inflation y a contribué.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.