Valeur des terres agricoles 2023 : où en sommes-nous à la mi-année?
Il n’y a pas eu de changement notable dans les tendances sous-jacentes des valeurs des terres agricoles au cours de la première moitié de 2023. Même si les taux d’intérêt plus élevés érodent lentement le pouvoir d’achat des acheteurs, l’offre limitée des terres agricoles à vendre contribue encore à faire augmenter les prix. La hausse nationale moyenne de la valeur des terres agricoles sèches pour les six premiers mois de 2023 est de 7,7 % (tableau 1). La plus récente augmentation annuelle sur 12 mois est légèrement inférieure à la croissance des 12 mois précédents.
Cependant, il y a un degré élevé de variation dans les hausses observées dans tout le pays. La valeur des terres agricoles de la Saskatchewan et du Québec a enregistré les hausses moyennes les plus élevées au pays, au cours des 6 premiers mois de 2023, avec 11,4 % et 10,6 %, respectivement (tableau 1). Les hausses moyennes de l’Ontario et du Manitoba étaient presque identiques, soit 6,9 % et 6,4 %. L’Alberta a enregistré une croissance moyenne de 3,0 %, et la Colombie-Britannique complète les tendances disponibles avec un pourcentage égal à 0,0 %. Nous ne sommes pas en mesure de fournir des estimations moyennes pour les provinces de l’Atlantique, car un nombre insuffisant de transactions étaient disponibles pour cette analyse de mi-année. Nous prévoyons toutefois être en mesure de fournir des tendances fiables à la fin de l'année.
Tableau 1 : Évolution moyenne de la valeur des terres agricoles à la mi-année 2023, par province
La croissance des recettes agricoles ralentit alors que les coûts d’emprunt ont tendance à être plus élevés
Une série d’augmentations du taux d’intérêt de la Banque du Canada a augmenté les coûts d’emprunt à des niveaux beaucoup plus élevés que les entreprises ont dû faire face en moyenne au cours des dix dernières années (figure 1). Pourtant, les revenus agricoles ont affiché une résilience malgré la pression à la baisse sur les prix des produits de base agricoles. Selon les prévisions les plus récentes des Services économiques FAC, on prévoit une augmentation de 6,6 % des recettes agricoles en 2023 (figure 2). D’une part, les exploitations agricoles font preuve de prudence en ce qui concerne les dépenses en capital et les investissements dans cet environnement caractérisé par des coûts d'emprunt plus élevés et des pressions sur les économies canadienne et mondiale. D’autre part, une offre limitée de terres agricoles disponibles à la vente et de solides revenus agricoles ont contribué à la hausse de la valeur des terres au cours des 6 premiers mois de 2023.
Figure 1 : Le taux d’intérêt effectif moyen des entreprises a augmenté de 4 points de pourcentage depuis le début de 2022
Figure 2 : On projette une hausse de 6,6 % des recettes agricoles au comptant en 2023
Tendances provinciales
En Colombie-Britannique, en moyenne, la province n’a enregistré aucun changement dans la valeur des terres agricoles, avec la croissance dans certaines régions contrebalancée par de petites baisses dans d’autres. Nous observons que des prix élevés des terres jumelés à des taux d’intérêt plus élevés mènent à un ralentissement des ventes. La région la plus coûteuse de la Côte Sud, en Colombie-Britannique, a connu une légère décroissance de la valeur des terres, alors que d’autres régions ont enregistré des valeurs stables ou légèrement croissantes des terres.
La valeur des terres agricoles en Alberta a augmenté à un taux moyen modéré au cours des 6 premiers mois (3 %), ce qui a entraîné une augmentation de 6,0 % d’une année à l’autre. Il est important de noter que cette augmentation s’applique aux terres cultivées non irriguées, et que l’augmentation sur 12 mois la plus récente est inférieure à celle des 12 mois précédents, de janvier 2022 à décembre 2022. La disponibilité des terres agricoles à vendre reste faible dans cette province.
La Saskatchewan mène le pays avec la plus importante hausse moyenne de la valeur des terres agricoles pour la première moitié de l’année à 11,4 %. La plupart des régions ont connu une augmentation de 7 à 11 %, ce qui indique une demande relativement stable à l'échelle de la province. La région du Nord-Est s’est démarquée avec la demande la plus forte, ce qui a entraîné une croissance supérieure à la moyenne par rapport au reste de la province. Les faibles précipitations ont récemment augmenté la demande pour les sols argileux lourds, dont la capacité de retenir l’humidité a donné lieu à des prix plus élevés.
Au Manitoba, nous constatons un changement dans la croissance de la valeur de terres dans les régions où les prix des terres sont les plus élevés. Les régions Eastman et Plaines centrales-vallée de la Pembina ont les prix moyens les plus élevés et la croissance la plus basse enregistrée au cours des 6 derniers mois et des 12 derniers mois.
Pour ce qui est de l’Ontario, notre base de données interne de transactions de terres agricoles indique une baisse considérable dans le nombre de ventes dans la région du Sud. Cette région a enregistré l’une des plus fortes croissances au cours des 6 premiers mois et des 12 derniers mois. Les rendements des cultures ont été supérieurs à la moyenne l’année dernière, ce qui a entraîné de solides revenus bruts et une forte demande pour les terres agricoles. Jusqu’à présent en 2023, la situation pour l’ouest et le sud de l’Ontario est différente, avec des volumes élevés de pluie, ce qui soulève des questions sur le rendement prévu pour cette année et sur les perspectives de la demande de terres agricoles pour la deuxième moitié de l’année. Il subsiste un large éventail de prix dans la province, les régions du Sud-Ouest, du Centre-Ouest et du Sud-Est étant les plus élevées en termes de prix à l'acre.
Les ventes de terres agricoles au Québec ne semblent pas être affectées par les taux d’intérêt plus élevés. La province a enregistré le deuxième taux de croissance le plus élevé au Canada au cours des 6 premiers mois de 2023, combiné à une légère accélération de la progression au cours des 12 derniers mois par rapport à la période de 12 mois précédente. Un degré élevé de variabilité a été observé dans toutes les régions, avec peu ou pas d’augmentation dans certaines régions et des augmentations plus élevées que la moyenne dans d’autres régions. Par exemple, nous avons enregistré des taux de croissance élevés dans les régions du Lac St-Jean et de Chaudière-Appalaches et de plus petites augmentations dans les régions de la Montérégie et de la Laurentides-Lanaudière (même si les deux dernières régions demeurent en tête en termes de prix par acre).
Un nombre limité de transactions dans la région des provinces de l’Atlantique limite notre capacité à publier un taux moyen. Toutefois, nous prévoyons pouvoir tirer parti des données sur les ventes du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard dans notre rapport annuel. Les données peu nombreuses que nous disposons au cours des six premiers mois de l’année suggèrent des augmentations modérées dans les trois provinces de l’Atlantique susmentionnées.
À quoi s’attendre
Les taux d’intérêt élevés, les coûts élevés des intrants agricoles et l’incertitude quant aux prix futurs des produits de base caractérisent l’environnement actuel. Il n’est donc pas surprenant que les exploitants agricoles soient sur leurs gardes. Pourtant, l’équilibre de la demande pour les terres agricoles par rapport à l’offre disponible continue de faire augmenter les prix des terres. Il serait prudent de s’attendre à ce que l’appréciation de la valeur des terres agricoles ralentisse jusqu’à ce que l’incertitude relative à l’environnement économique disparaisse.
Article par : Corbin Chau, Analyste de données, Évaluation