Mise à jour des perspectives de 2021 pour le bœuf et le porc : les marges seront mitigées
Cet article est une mise à jour de nos perspectives de 2021 pour les secteurs du bœuf et du porc publiées en février. Nous avons publié une mise à jour de nos perspectives de 2021 pour le secteur des grandes cultures il y a deux semaines, suivie d’une mise à jour de nos perspectives de 2021 pour le secteur laitier la semaine dernière. La semaine prochaine, nous mettrons à jour les perspectives pour le secteur du poulet à griller.
La demande apparemment insatiable d’aliments pour animaux en Chine maintient les coûts d’élevage élevés partout dans le monde. Les coûts des aliments pour animaux ont quelque peu reculé dernièrement, mais ils continueront de gruger les revenus des producteurs de porc et de bœuf au cours des trois prochains mois. La rentabilité au sein des secteurs de la viande rouge sera toutefois variable. Les marges seront mitigées pour les finisseurs et les parcs d’engraissement, lesquels doivent composer avec une hausse des coûts d’aliments pour animaux à court terme.
Tableau 1 : Les prix des bovins et des porcs continuent de grimper au-dessus des prix de 2020
En février, nous avons indiqué que la peste porcine africaine, les coûts des aliments pour animaux et la demande mondiale croissante de viande rouge étaient les trois principaux facteurs qui allaient avoir une incidence sur la rentabilité des secteurs canadiens de la viande rouge. À ces facteurs qui exercent toujours une influence dominante s’ajoute l’incertitude entourant les phénomènes météorologiques sur les cultures à l’échelle mondiale en 2021.
Le secteur porcin profitera des prix élevés des porcs
Les prix devraient continuer de s’améliorer pendant la période de prévision par rapport à nos prévisions de février. Les prix moyens annuels de toutes les catégories de bovins et de porcs en 2021 demeureront plus élevés que ceux de 2020. Ils devraient également être supérieurs à leur moyenne sur cinq ans, sauf pour ce qui est des bovins gras et des bovins d’engraissement de l’Alberta. Dans cette province, les éleveurs de bovins semi-finis et les parcs d’engraissement font face d’une part, à la hausse des coûts d’aliments pour animaux qui fait augmenter les taux d’abattage et, d’autre part, aux prix faibles offerts actuellement par les transformateurs pour les bovins qui seront livrés à l’automne.
Les exploitations de naissage-engraissage continueront de profiter du redressement important amorcé à l’automne dernier. Ces producteurs ont de quoi se réjouir pour les trois prochains mois, notamment en ce qui concerne le début de la saison du barbecue et l’assouplissement probable des restrictions. Une mise en garde : les ralentissements persistants dans le secteur de la transformation porcine pourraient nuire aux marges dans l’est du Canada.
La recrudescence de la peste porcine africaine en Chine et ailleurs en Asie et en Europe continue d’être le principal moteur des marchés du porc et de la forte hausse des prix observée depuis février. Il semble très improbable que la Chine réussisse à gérer le virus d’ici les deux à trois prochaines années, ce qui permet de spéculer qu’elle continuera d’importer des quantités élevées de porc et de bœuf jusqu’à la commercialisation d’un vaccin efficace (figure 1).
La demande demeure également forte en Amérique du Nord où la demande refoulée, la saison estivale et la réouverture des services alimentaires stimulent les ventes au détail et soutiennent les prix. La production au Canada et aux États-Unis devrait demeurer élevée pendant toute la période de prévision.
Figure 1 : En avril, l’USDA a révisé ses prévisions de janvier à la hausse pour les importations de porc de la Chine, et à la baisse pour la production de porc
En Chine, les importations de porc ont atteint un sommet inégalé en mars dernier et la production de porc au premier trimestre aurait bondi de 31,9 % par rapport à la même période l’an dernier. Même s’il est vrai que la demande est robuste et qu’elle concorde avec la forte croissance de 8,4 % prévue par le Fonds monétaire international, le rythme de croissance de la demande et de la production de porc chinoise s’avérera sans doute insoutenable pour le reste de 2021. En fait, la demande et la production pourraient très bien ralentir sensiblement d’ici la fin de la période de prévision. À court terme, les importations de porc continueront probablement d’être élevées, mais à un certain moment, elles dépendront du succès (ou de l’échec) de la Chine à endiguer la peste porcine africaine et à reconstituer son troupeau porcin.
Les finisseurs de porcs et les parcs d’engraissement de bovins sont mis à rude épreuve par les prix élevés des aliments pour animaux
Les perspectives de marché des porcs diffèrent quelque peu de celles des bovins puisque les prix des contrats à terme de porcs ont crû à un rythme plus rapide depuis le début de l’année alors que ceux de bovins ont récemment baissé. Les retards accumulés d’abattage de porcs en Amérique du Nord ont été rattrapés avant ceux de bovins et la production de porc a été en mesure de répondre à la demande accrue de la Chine due à la recrudescence de la peste porcine africaine. Nous nous attendons à ce que les prix des contrats à terme de bovins reprennent le terrain perdu avant de se stabiliser ou d’augmenter légèrement.
Les niveaux de base des bovins se sont améliorés depuis un mois et sont maintenant positifs du fait que les transformateurs sont devenus plus compétitifs. Cela implique que la demande est forte alors que le secteur continue de rattraper les retards d’abattage. Si les niveaux de base demeurent élevés, les marges relativement faibles prévues pourraient s’améliorer d’ici la fin de la période de prévision.
Les prix des aliments pour animaux font face à des pressions soutenues en raison de la reprise économique et des phénomènes météorologiques
Même si les prix sont actuellement élevés, ils pourraient faire face à des pressions soutenues pendant les trois prochains mois. On peut s’attendre à ce qu’il y ait davantage de déplacements en voiture cet été, ce qui fera augmenter la demande de carburant ainsi que celle du maïs et du soya utilisés dans la fabrication du carburant et qui aidera à maintenir les prix élevés. Compte tenu de l’amenuisement des stocks et de la demande élevée et croissante de maïs, la production de l’Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud pourrait ne pas suffire pour r épondre à la demande en 2021 si les prévisions de précipitations ne s’améliorent pas.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.