Mise à jour des perspectives de 2021 pour les secteurs bovin et porcin : le manque de pluie et la chaleur excessive nuisent à l’Ouest du Canada
Cet article est la deuxième mise à jour trimestrielle de nos perspectives de 2021 pour les secteurs du bœuf et du porc publiées en février. Nous avons publié une mise à jour de nos perspectives de 2021 pour le secteur des grandes cultures il y a deux semaines, suivie d’une mise à jour de nos perspectives de 2021 pour le secteur laitier la semaine dernière. La semaine prochaine, nous mettrons à jour les perspectives pour le secteur du poulet à griller.
Les secteurs de la viande rouge du Canada connaîtront une rentabilité variable au troisième trimestre de 2021. Des périodes de chaleur extrême et des précipitations largement inférieures à la normale ont touché durement les producteurs de bovins de l’Ouest canadien et pourraient avoir d’importantes conséquences pour plusieurs exploitations pour le reste de l’année. Les coûts des aliments pour animaux demeurent élevés dans l’Ouest comme dans l’Est, mais les conditions pourraient provoquer une baisse des prix puisqu’un plus grand nombre de bovins sont mis en marché plus tôt. Les marges dans le secteur porcin varieront au cours du prochain trimestre, mais elles devraient s’améliorer vers la fin du trimestre.
Nous nous attendons à ce que les prix du bétail en 2021 atteignent des niveaux plus élevés que nous avions prévus en mai (tableau 1). Les prix ont augmenté depuis le début de l’exercice en raison des taux d’abattage plus faibles que prévu au Canada et aux États-Unis. Néanmoins, les prix des bovins de l’Ouest demeurent sous leur moyenne sur cinq ans. Les niveaux de base, qui suivent actuellement une tendance baissière, pourraient changer la donne. Si la mise à la réforme hâtive s’intensifie, les prix pourraient accuser une forte baisse.
La situation est différente dans l’Est du Canada. Les prix des porcs au Manitoba et en Ontario devraient continuer à être supérieurs à leur moyenne sur cinq ans, étant soutenus par la demande intérieure et mondiale. Les importations de porc de la Chine sont le principal moteur de la forte demande mondiale et de la vigueur des prix des porcs nord-américains.
Tableau 1 : Les prix des bovins et des porcs continuent de grimper au-dessus des prix de 2020
En février, nous prévoyions que la grippe porcine africaine, les coûts des aliments pour animaux et la demande mondiale croissante de viande rouge seraient les trois. forces dominantes qui auraient une incidence sur la rentabilité des secteurs de la viande rouge au Canada. Toutefois, les conséquences des conditions météorologiques sur les cultures fourragères pourraient bien s’avérer la plus importante influence sur les marges cette année.
Les marges des éleveurs-naisseurs dans l’Ouest du Canada demeurent sous pression en raison des prix élevés des aliments pour animaux et du temps très chaud et sec, provoquant un accroissement des mises en marché. Les abattages inspectés par le gouvernement fédéral ont augmenté de 13,5 % pendant la première moitié de l’année par rapport à la même période l’an dernier, et de 6,5 % par rapport à 2019 (figure 1). Des pertes sont plus probables puisque les coûts des aliments des animaux augmentent en raison de la diminution de l’offre et que les prix des bovins baissent à mesure que les taux d’abattage augmentent. Les niveaux de base devraient diminuer étant donné la hausse des taux de réforme et des mises en marché hâtives des bouvillons d’un an.
Figure 1 : Les abattages de bovins dans l’Ouest suivent les tendances récentes, mais ils pourraient augmenter en raison des mises en marché hâtives
Le secteur des parcs d’engraissement fait également face à d’importants obstacles vu les prix élevés des aliments pour animaux et les nombreux bovins mis en marché. Les prix du foin de l’Alberta ont crû de 25 % entre mai et juin 2021 alors que les prix moyens du foin du Montana ont grimpé de 50 % entre mai et août 2021. Les prix de l’orge fourragère de Lethbridge ont atteint le sommet inégalé de 415 $ la tonne ou de 9,00 $ le boisseau au cours de la semaine se terminant le 30 juillet. Nous prévoyons que le secteur des parcs d’engraissement demeurera sous le seuil de la rentabilité.
La vigueur et la stabilité de la demande de viande rouge apportent une lueur d’espoir. Les valeurs du bœuf USDA Choice et des découpes de porc ont dépassé leurs moyennes respectives sur cinq ans à ce jour en 2021 (figures 2 et 3), ce qui est attribuable en grande partie au taux accru de l’épargne des ménages et à la baisse d’autres dépenses. En glissement annuel, la consommation mondiale de bœuf et de veau devrait augmenter de 1 % alors que la consommation de porc devrait grimper de 2,3 %, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (en anglais seulement).
Figure 2 : Les valeurs des découpes de bœuf des É.-U. sont inférieures au sommet atteint en 2020, mais elles demeurent supérieures à leur moyenne sur cinq ans
Figure 3 : Les valeurs des découpes de porc des États-Unis en 2021 dépassent largement les valeurs élevées de 2020
En conclusion
Les exploitations qui réforment leurs bovins plus âgés auront un troupeau plus jeune lorsque les conditions météorologiques s’amélioreront; elles seront donc mieux positionnées pour reconstituer leur troupeau. En supposant des conditions de croissance des cultures normales, les prévisions de profits indiquent actuellement un retour à la rentabilité pour le secteur des éleveurs-naisseurs en 2022.
Quelles que soient les conséquences des conditions météorologiques en 2021, les secteurs de la viande rouge pourraient bientôt connaître une contraction générale des marchés compte tenu du ralentissement des achats de viande rouge de la Chine. La consommation de protéines animales recule parallèlement à la baisse des revenus dans le reste du monde. Cette tendance n’a toutefois pas été observée en Amérique du Nord où la demande refoulée de viande rouge des ménages demeure forte pendant la saison du barbecue et où le secteur de la restauration continue de s’améliorer. Cela aidera au cours d’une année qui est loin d’être facile.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.