Perspectives de 2023 pour le secteur des boissons alcoolisées : le ralentissement des ventes est symptomatique d’une économie affaiblie
La fabrication de boissons alcoolisées est une activité à volume élevé et à faible marge bénéficiaire. Les changements importants dans la demande et les coûts de production ont eu des répercussions financières considérables au cours des dernières années.
Les fabricants canadiens de boissons alcoolisées tirent 88 % de leurs revenus du marché intérieur et les dépenses des consommateurs pour l’achat d’alcool ont été volatiles au cours des trois dernières années. Pendant la pandémie, les dépenses des Canadiens pour l’achat d’alcool ont surpassé la tendance historique, et ce, malgré les possibilités intermittentes d’acheter de l’alcool plus dispendieux dans les établissements de restauration durant cette période. Cette tendance s’est renversée en 2022, alors que, devant la montée de l’inflation, les consommateurs soucieux de leur budget ont dû mieux choisir leurs boissons et la quantité consommée. Les dépenses des ménages pour l’achat d’alcool sont maintenant inférieures aux niveaux antérieurs à la pandémie. Considérés par rapport au nombre d’habitants, les chiffres de vente paraîtraient encore pires compte tenu de la forte croissance démographique des deux dernières années.
Figure 1. Les achats de boissons alcoolisées suivent une tendance à la baisse depuis le boom pandémique
Les ventes totales sont divisées entre un nombre accru de concurrents. En juillet 2022, on recensait 2 766 fabricants de boissons au Canada, soit 15 % de plus qu’en juillet 2019.
Les coûts des intrants ont commencé à augmenter à la fin de 2021 et leur croissance s’est poursuivie en 2022. L’indice des prix des produits industriels (IPPI), qui mesure les prix que reçoivent les fabricants de boissons alcoolisées, a commencé à progresser à la mi‑2022 (figure 2), mais il n’a pas entièrement compensé la hausse des coûts des intrants, ce qui a eu pour effet de restreindre les marges des fabricants l’année dernière. Le prix de vente des fabricants a commencé à diminuer au début de 2023 (et a même entraîné à la baisse les prix dans les établissements vinicoles), ce qui témoigne d’une stabilisation des coûts des intrants, d’un affaiblissement de la demande et de pressions concurrentielles sur chaque marché.
Figure 2. Les prix que reçoivent les fabricants de boissons alcoolisées diminuent
Les marchés des eaux pétillantes alcoolisées et des bières sans alcool constituent une source de revenus en croissance. La part de marché des « autres » boissons alcoolisées se chiffre actuellement à 8,0 %, en hausse comparativement à 4,2 % il y a à peine quatre ans. La demande croissante de boissons non alcoolisées pourrait offrir aux fabricants de boissons alcoolisées des possibilités d’accroître leurs ventes en utilisant les chaînes d’approvisionnement et les processus de production déjà en place.
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Les consommateurs se serrent la ceinture et un ralentissement économique se dessine à l’horizon. L’agilité avec laquelle les entreprises s’adapteront aux goûts changeants des consommateurs sera cruciale pour leur croissance à long terme, car les préférences des consommateurs et le profil démographique du pays ne cessent d’évoluer. La gestion des coûts dans un contexte de croissance anémique ou négative des ventes sera essentielle au maintien ou à l’augmentation des marges. Dans l’ensemble, l’année 2023 sera parsemée de difficultés pour les fabricants de boissons alcoolisées.
Économiste principal
Graeme Crosbie est économiste principal à FAC. Ses domaines d’intérêt portent notamment sur l’analyse et les perspectives macroéconomiques et sur l’analyse et la surveillance de l’industrie agroalimentaire canadienne. Ayant grandi sur une ferme laitière dans le sud de la Saskatchewan, il formule à l’occasion des observations sur la santé de l’industrie laitière du Canada.
Graeme est employé à FAC depuis 2013 et a consacré la plus grande partie de ces années à la gestion du risque. Il détient une maîtrise en gestion avec spécialisation en économie financière de l’Université de Cardiff ainsi que le titre d’analyste financier agréé (CFA).