Perspectives de l’industrie de la canneberge pour 2020 - la demande des consommateurs et les gains d’efficience stimulent la croissance de l’industrie de la canneberge
L’industrie de la canneberge a fait face à plusieurs défis au cours de la dernière décennie, le plus significatif étant l’offre excédentaire qui a entraîné des pressions sur les prix qu’obtiennent les producteurs. Malgré les difficultés sur le plan de la rentabilité, la superficie cultivée au Québec a augmenté de 79 % entre 2009 et 2019 (Figure 1). La Colombie-Britannique accaparait 29 % du marché canadien avec une superficie de 5 257 acres en 2019, ce qui est toutefois inférieur à la part de marché de 45 % qu’elle détenait en 2009. L’Ontario et les provinces de l’Atlantique possèdent le reste de la superficie cultivée au Canada.
Figure 1 : Acres de canneberges en culture au Québec et en Colombie-Britannique
La demande et l’efficacité sont les facteurs qui stimulent la croissance de l’industrie.
La croissance observée au Québec découle principalement de la production biologique
La récolte 2019 de canneberges du Québec se classait au deuxième rang des meilleures récoltes depuis 2010 avec 255,8 millions de livres, (dont 72,5 millions provenant de la production biologique), même si le rendement se classait seulement au cinquième rang des meilleurs rendements depuis 2010. L’augmentation de la superficie cultivée a plus que compensé la baisse de rendement. Parallèlement, la superficie consacrée aux canneberges biologiques est passée de 785 à 3 944 acres, ce qui représente un accroissement de 400 %, faisant de cette province le chef de file mondial dans ce secteur.
Le climat du Québec assure une production plus uniforme, et durant la saison froide, les champs peuvent être inondés, ce qui protège les vignes contre le gel hivernal intense. De plus, lorsque les cannebergières sont glacées, les producteurs peuvent étendre du sable entre les vignes sans abîmer les arbrisseaux, ce qui crée un substrat plus robuste et plus sain pour les vignes.
La demande de canneberges biologiques séchées est vigoureuse. Les producteurs s’entendent pour dire que les perspectives de croissance sont bonnes et que la superficie cultivée devrait augmenter chaque année, mais à un rythme plus lent qu’au cours de la dernière décennie.
Les conditions météorologiques entravent la production de canneberges en Colombie-Britannique
La production de la Colombie-Britannique (en anglais seulement) est passée de 1,3 million de barils en 2018 à 631 000 barils en 2019 (100 lb par baril), en raison d’un phénomène météorologique violent. Les rendements se sont établis à 100 barils l’acre, contre 211 l’année précédente.
Les cannebergières de la Colombie-Britannique sont éprouvées par les hivers cléments, qui font du désherbage une lutte incessante. Les hivers doux représentent aussi une difficulté potentielle dans la mesure où un gel intense serait susceptible d’endommager les cultures. C’est ce qui s’est produit en 2019, année où la production a chuté de plus de 50 %. Toutefois, lorsque toutes les conditions sont favorables, la Colombie-Britannique produit des fruits de grande qualité.
En raison des prix élevés des terres en Colombie-Britannique, il est pratiquement impossible, du point de vue économique, d’acquérir des terres pour y aménager de nouveaux champs de canneberges. Les champs existants ont été rénovés avec des variétés à rendement plus élevé, ce qui a permis d’accroître la production, et même si la superficie consacrée aux canneberges en Colombie-Britannique est passée de 6 129 acres à 5 257 acres entre 2009 et 2019, la production a augmenté de 11 %.
La superficie consacrée aux canneberges en Colombie-Britannique ne devrait pas augmenter, et la tendance historique qui consiste à rénover les champs avec des variétés plus productives devrait ralentir afin de maintenir les niveaux de production actuels.
La rentabilité de l’industrie demeure fragile
La production accrue au Canada surpasse la demande, de sorte que les prix qu’obtiennent les producteurs demeurent assez bas. Les prix s’établissent en moyenne entre 0,30 $ US et 0,35 $ US la livre depuis 2017 et devraient se maintenir dans cette fourchette pendant quelques années.
Dans le cas des canneberges biologiques, les prix atteignent environ 0,55 $ US la livre, ce qui est toutefois inférieur aux niveaux des années précédentes, si bien que l’écart se resserre légèrement entre les canneberges conventionnelles et les canneberges biologiques. L’augmentation de la superficie consacrée aux canneberges biologiques semble dépasser à la demande. Historiquement, les prix de la production biologique sont plus stables que ceux de la production conventionnelle.
Au Québec, les rendements plus élevés et l’accroissement de la production biologique ont fait grimper la valeur à la ferme de la production à près de 9 000 $ l’acre. En Colombie-Britannique, les piètres rendements ont fait diminuer la valeur de la production à un creux inégalé d’environ 5 150 $ l’acre.
La demande crée des perspectives positives
L’accès aux travailleurs étrangers temporaires a été difficile pendant la pandémie de COVID-19, en particulier dans le secteur de la production biologique, qui nécessite un désherbage intensif. Pour ce qui est de la demande, les tendances demeurent positives. La valeur à l’exportation des canneberges congelées au cours des cinq premiers mois de l’année est inférieure de 0,9 % au niveau observé durant la même période en 2019. Il s’agit d’une tendance positive si l’on tient compte de la petite taille de la récolte canadienne et de la récession mondiale. La priorité qu’accordent les consommateurs à la fraîcheur et à la santé est de bon augure pour l’industrie.
Nous nous attendons à ce que la croissance globale de l’industrie se poursuive au Québec, en partie grâce à une présence accrue dans les marchés des canneberges séchées et biologiques. En Colombie-Britannique, la croissance est restreinte, et les gains d’efficacité découlant de la mise au point de nouvelles variétés se traduisent par une offre abondante et stable.
Sandra Behm, AACI, P.App, évaluatrice principale
Tanja Michel, É.A., évaluatrice