Principales tendances économiques de 2019 : Fluctuation possible de l’offre et de la demande mondiales
À quoi vous attendez-vous pour 2019? Tout au long du mois de janvier, nous présenterons cinq articles de blogue qui se penchent sur les principales tendances économiques susceptibles d’influer sur le secteur agroalimentaire canadien cette année.
La deuxième tendance susceptible d’influencer l’agriculture canadienne pendant la prochaine année découle en fait de la première tendance. Les guerres commerciales déstabilisent les flux commerciaux et les tendances commerciales historiques : elles peuvent par conséquent créer des problèmes ou accentuer les problèmes existants, qu’ils soient liés à l’offre excédentaire ou à l’insuffisance de l’offre. La demande alimentaire poursuit sa croissance mondiale dans l’ensemble, toutefois la fluctuation des niveaux des stocks de report pourrait prendre de nouveaux virages selon le moment, l’endroit et la façon dont cette demande accrue sera observée en 2019.
Une offre abondante
Les prix des produits de base ont été confrontés à un ennemi commun depuis la montée en flèche des marchandises de base en 2014-2015. L’offre mondiale croissante de nombreux produits de base a permis de répondre à la demande grandissante d’aliments et a aidé les marchés à absorber plus facilement les chocs liés aux conditions météorologiques, chocs de plus en plus familiers s’exerçant sur l’offre. Cette offre excédentaire a toutefois contribué à faire baisser les prix.
Tout commence avec le pétrole
La guerre commerciale qui a fait rage entre les États-Unis et la Chine en 2018 a contribué au ralentissement du secteur de la fabrication chinoise au cours du dernier trimestre. Ce type de contraction a un effet d’entraînement à l’échelle mondiale, notamment sur le pétrole. La demande chinoise de pétrole aide à stimuler l’économie mondiale; or, cette demande est chancelante. Les prix du pétrole ont chuté en 2018 à la suite du déclin de la demande, mais aussi parce que la production de schistes bitumineux devient de plus en plus facile et bon marché chaque année. Ces fondamentaux de l’offre et de la demande ont fait grimper l’offre mondiale de pétrole qui est maintenant excédentaire. Alors que nous entamons la nouvelle année, les marchés du pétrole semblent voués à un avenir plus incertain. Un ralentissement de la croissance économique mondiale, et du secteur chinois de la fabrication en particulier, risque de faire fléchir la demande future de pétrole.
L'importance du pétrole pour l’agriculture canadienne
Une surabondance de pétrole sert de baromètre d’un ralentissement possible de l’économie mondiale, de l’affaiblissement de la demande et de la pression baissière sur les prix qui accompagnent une activité économique en perte de vitesse. Une surabondance continue peut toutefois influencer de manière positive l’agriculture canadienne, du fait du huard. Après avoir fléchi en 2018, le dollar canadien devrait se situer en moyenne à 0,75 $ US tout au long de 2019, compte tenu de la pression exercée sur les prix du pétrole, ce qui soutiendra les prix que recevront les producteurs cette année et stimulera la compétitivité du Canada sur les marchés d’exportation mondiaux.
Les stocks mondiaux de produits agricoles pourraient beaucoup changer en 2019
À l’échelle mondiale, les stocks de maïs et de blé en fin de campagne 2018-2019 devraient être inférieurs aux niveaux enregistrés en 2017-2018. Même si les stocks de report de blé de cette année devraient encore dépasser la moyenne sur cinq ans la plus récente, le recul contribuera à réduire les stocks records atteints en 2017-2018. Les stocks de maïs continueront de reculer, mais la demande d’éthanol cette année risque également de faiblir par rapport aux estimations initiales. Il faut toutefois ajouter un bémol : les stocks mondiaux en dehors de la Chine sont nettement inférieurs. Au début de l’année de commercialisation 2018-2019, la Chine détenait 46,9 % du total des stocks mondiaux de blé et 65,1 % des stocks mondiaux de maïs (en anglais seulement).
Les stocks américains et mondiaux de soya atteignent des sommets et il n’est pas du tout certain que les tensions géopolitiques qui ont permis cette surabondance de l’offre s’apaiseront en 2019.
En 2019, les trois forces distinctes suivantes mettront beaucoup de pression sur les stocks de soya :
La résolution de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine : une prolongation de la trêve n’est pas suffisante, une résolution complète est nécessaire pour dissiper les incertitudes des marchés.
La météo jouera également un rôle important cette année. Le beau temps a dynamisé la production de soya aux États-Unis en 2018, alors même que le mauvais temps s’abattait sur l’Europe et réduisait la production canadienne. Les estimations de la récolte de soya du Brésil étaient contrastées au début janvier, certaines principales régions de production connaissaient des conditions sèches et d’autres régions s’apprêtaient à enregistrer des rendements records. Le passage d’un courant El Niño lors de la récolte de la prochaine année pourrait soutenir les prix alors que cette année de commercialisation se termine.
Les effets de la peste porcine africaine sur la demande d’importation de soya de la Chine l’an dernier ne se sont pas encore manifestés, mais ils se feront probablement sentir en 2019. En raison de tous ces facteurs, on estime que les stocks mondiaux d’oléagineux enregistreront une hausse nette de 14,9 % des stocks de report entre 2016-2017 et 2018-2019 et une augmentation de 10,6 % d’une année à l’autre.
Que faut-il retenir de tout cela?
La croissance démographique et l’augmentation de la richesse mondiales devraient suffire à soutenir la demande de nourriture, d’aliments pour animaux et de carburant cette année, mais il sera également nécessaire de trouver une issue aux perturbations commerciales actuelles afin d ’établir un équilibre entre la demande et l’offre abondantes. La semaine prochaine, je vous montrerai comment nous prévoyons que ces forces mondiales interviendront au pays.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.