Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2025 : la baisse des coûts des intrants devrait contribuer à améliorer les marges

Le Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons examine le contexte économique de la dernière année afin de mettre en lumière les risques auxquels sont exposés les fabricants canadiens de produits alimentaires et de boissons ainsi que les débouchés qui s’offrent à eux en 2025. Il comprend des prévisions des marges bénéficiaires brutes et des ventes annuelles de l’industrie par secteur.
Le rapport aborde les secteurs d’activité suivants :
Mouture de céréales et d’oléagineux
Sucre et produits de confiserie
Mise en conserve de fruits et de légumes et fabrication de spécialités alimentaires
Fabrication de produits laitiers
Fabrication de produits de viande
Préparation de poissons et de fruits de mer
Produits de boulangerie et tortillas
Fabrication de boissons
Éléments clés à retenir
Un coup d’œil rapide aux données financières du secteur de la fabrication d’aliments et de boissons pourrait laisser penser que 2024 a été une année sans histoire, les dépenses, les ventes et les marges brutes n’ayant guère changé par rapport à l’année précédente. En réalité, le secteur a été influencé par plusieurs événements : l’inflation a commencé à reculer, la Banque du Canada a commencé à réduire les taux d’intérêt et les tensions sur le marché du travail se sont atténuées. L’année dernière a également été marquée par la montée en flèche des prix du cacao, les prix élevés du bétail et la chute des prix des céréales.
Cette année s’annonce également riche en événements dans le secteur de la fabrication d’aliments et de boissons, quoique pour des raisons différentes. Les perturbations commerciales occuperont le devant de la scène pour le secteur en 2025, mais les effets du ralentissement de la croissance démographique sur l’offre de main-d’œuvre et la demande des consommateurs joueront également un rôle dans la rentabilité. Les entreprises qui abordent l’année 2025 dans une bonne situation financière et celles qui disposent de marchés diversifiés, tant pour les ventes que pour les intrants, s’en sortiront mieux en cette période d’incertitude.
Ralentissement prévu de la croissance des ventes pour 2025
Les Services économiques FAC prévoient une hausse modérée (0,6 %) des ventes du secteur de la fabrication de produits alimentaires et de boissons en 2025, qui passeront de 167,8 milliards de dollars à 168,8 milliards de dollars. Le secteur de la fabrication de boissons demeure confronté à un ajustement des volumes vendus (c’est-à-dire, les ventes ajustées en fonction de l’inflation) après le pic enregistré au début de la pandémie, ce qui a entraîné un recul des volumes pour l’ensemble du secteur depuis les deux dernières années. En 2024, les volumes demeuraient supérieurs à ceux de 2019, mais devraient chuter de 1,5 % en 2025. Ce déclin sera en partie attribuable à l’impact du ralentissement de la croissance démographique en 2025, qui se répercutera sur les volumes d’aliments et de boissons. Les perspectives pour le secteur sont positives pour 2026; en effet, on prévoit que les ventes progresseront de 2,7 % et que les volumes augmenteront de 0,6 % par rapport aux niveaux de 2025 (figure 1).
Figure 1 : Lente croissance des ventes pour le secteur de la fabrication d’aliments et de boissons en 2025

Les ventes et les volumes totaux (en milliards de dollars) figurent sur l’axe vertical et sont indiqués par la hauteur de chaque barre. Le premier chiffre au-dessus de chaque barre représente la croissance sur 12 mois, en pourcentage. Les volumes correspondent aux ventes déflatées au moyen d’un indice de prix (202001 = 100).
Sources : Services économiques FAC, Statistique Canada
Malgré la croissance relativement stable des ventes en moyenne, on observe des variations entre les sous-secteurs. Les produits laitiers ainsi que le sucre et les produits de confiserie devraient enregistrer une croissance des ventes de plus de 10 % et des volumes importants en 2025, tandis que les ventes de boissons alcoolisées et de produits de la mer seront freinées par la baisse de la demande. Bien que différents défis et occasions attendent chaque sous-secteur en 2025, la recherche de solutions novatrices pour s’adapter à l’évolution des préférences des consommateurs sera un moyen précieux pour tous les sous-secteurs de se différencier dans l’offre de leurs produits et de stimuler les ventes.
Les marges brutes devraient probablement tirer profit de la baisse des coûts des matières premières en 2025
Dans de nombreux secteurs, les coûts des matières premières devraient diminuer plus rapidement que les hausses de salaire prévues, ce qui fera baisser le coût des marchandises vendues. Si l’on tient compte également de la légère augmentation prévue des ventes, les marges brutes du secteur de la fabrication d’aliments et de boissons devraient augmenter en moyenne en 2025 (figure 2).
Figure 2 : Les marges brutes du secteur de la fabrication d’aliments et de boissons devraient augmenter en 2025 et en 2026

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC
L’impact des perturbations commerciales et l’évolution de la saison de croissance au Canada et dans le monde constituent toutefois un risque important de ralentissement à l’égard de ces prévisions. Ces risques varient d’un sous-secteur à l’autre, mais les entreprises dont les ventes ou les intrants sont concentrés dans les marchés étrangers en subiront les effets de manière disproportionnée. Les perturbations commerciales risquent de faire baisser les ventes et les exportations, d’augmenter les coûts et, en fin de compte, d’exercer une pression à la baisse sur les marges. Outre les perturbations commerciales, plusieurs autres facteurs, indépendants de la volonté de l’industrie, peuvent avoir une incidence sur la disponibilité de nombreux intrants clés, ce qui fera grimper les coûts. Parmi ces facteurs, on compte le vieillissement du bassin de main-d’œuvre, les effets des conditions météorologiques sur les cultures, les conflits géopolitiques, les maladies animales et l’évolution des préférences des consommateurs.
Dans un tel contexte, les entreprises peuvent rechercher des possibilités de consolider leur bilan, d’investir dans des processus et de l’équipement pour stimuler la productivité, de lancer des produits innovants et de diversifier leurs marchés.
Baisse des dépenses par habitant pour les aliments et les boissons
Historiquement, les ventes au détail d’aliments et de boissons affichent de meilleurs résultats que celles d’autres secteurs pendant les périodes de difficulté économique, car il s’agit de produits de première nécessité. Néanmoins, l’incertitude économique n’est pas de bon augure pour la demande globale des consommateurs. Alors que l’économie canadienne s’apprête à connaître une nouvelle année difficile en 2025, le secteur des aliments et boissons est confronté à des obstacles dans ses efforts pour inverser la tendance à la baisse des dépenses par habitant.
Si les dépenses totales des ménages consacrées aux aliments et aux boissons non alcoolisées ont commencé à rebondir en 2024, les dépenses par habitant ont atteint leur plus bas niveau en dix ans (figure 3). Le secteur des produits alcoolisés est encore plus durement touché avec une baisse des dépenses totales et des dépenses par habitant pour la quatrième année consécutive.
Figure 3 : Les dépenses par habitant pour les aliments et les boissons non alcoolisées ont atteint leur plus bas niveau en dix ans

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC
L’incertitude économique a conduit les ménages à resserrer leur budget et à modifier leurs habitudes d’achat. Les consommateurs se tournent vers les magasins à bas prix, achètent en vrac, choisissent des produits de substitution moins chers, évitent le gaspillage alimentaire et profitent des ventes et des promotions. Ces stratégies contribuent à réduire les dépenses par habitant, mais pas nécessairement la consommation alimentaire. Toutefois, une partie de la réduction des dépenses par habitant découle du fait que les ménages achètent moins de nourriture, notamment en raison de contraintes de revenus, ce qui fait craindre une recrudescence de l’insécurité alimentaire, ou une utilisation accrue de produits pharmaceutiques pour gérer l’appétit.
Les budgets serrés des ménages, la faible confiance des consommateurs, le ralentissement de la croissance démographique au Canada, l’incertitude économique et les perturbations commerciales sont autant d’éléments qui laissent à penser que le secteur aura du mal, encore cette année, à augmenter ses volumes de ventes.
En conclusion
L’incertitude est grande pour 2025, car les fabricants de produits alimentaires et de boissons doivent faire face à une demande internationale incertaine en raison des perturbations commerciales, une incertitude qui s’ajoute à une faible demande intérieure. Bien que l’inflation ait ralenti et que les taux d’intérêt soient plus bas, le consommateur reste sous pression, ce qui freinera la croissance des ventes pour une autre année. En 2025, les consommateurs continueront à rechercher des produits alimentaires offrant un bon rapport qualité-prix et à surveiller leurs dépenses pour ce qui est des produits haut de gamme et non essentiels. Bien que les pressions sur le marché du travail se soient atténuées en 2024, le bassin de main-d’œuvre du Canada vieillit, ce qui maintient une pression à la hausse sur les salaires à long terme. Le renforcement des marges dépendra donc des baisses prévues des prix des matières premières.
Les fabricants de produits alimentaires et de boissons ont depuis longtemps prouvé leur résilience et leur capacité d’adaptation pendant les périodes difficiles.

Économiste principale
Amanda s’est jointe à FAC en 2024 en tant qu’économiste. Spécialisée dans l’industrie agroalimentaire, elle effectue également des recherches sur la gestion de l’offre et les tendances de consommation. Amanda était auparavant à Agriculture et Agroalimentaire Canada, où elle a acquis une vaste connaissance de l’économie, des techniques et du secteur en occupant divers postes, notamment ceux de conseillère en matière de politiques, de chef de projets et d’économiste.
Amanda est titulaire d’une maîtrise en économie de l’alimentation, de l’agriculture et des ressources de l’Université de Guelph. Elle est également membre du conseil d’administration de la Société canadienne d’agroéconomie, où elle promeut les activités de rayonnement et l’importance de la recherche en agriculture et agroalimentaire.