Rapport FAC sur le secteur des boissons 2022 : Déplacement de la demande du commerce de détail vers les services alimentaires
Le rapport annuel de FAC sur le secteur des boissons fait état des possibilités et des risques pour les fabricants canadiens de boissons. Il comporte des prévisions des ventes annuelles pour 2022, les résultats des ventes de produits ainsi qu’un indice des marges bénéficiaires brutes.
Le rapport traite des secteurs suivants :
Brasseries
Vineries
Distilleries
Boissons gazeuses et autres boissons non alcoolisées
Les boissons lactées et les boissons à base de fruits ou de légumes sont abordées dans notre rapport sur le secteur des aliments transformés sous les rubriques consacrées aux secteurs de la fabrication de produits laitiers et de la fabrication de produits à base de fruits et de légumes.
La pandémie de COVID-19 a entraîné un déplacement des achats de consommation des services alimentaires vers le commerce de détail, ce qui a eu pour effet de limiter une source de revenus qui générait de solides marges bénéficiaires pour la plupart des fabricants de boissons. En 2021, les consommateurs ont recommencé à fréquenter les établissements de restauration; toutefois, les restrictions persistantes et les coûts de production accrus ont réduit la rentabilité.
Voici trois observations clés tirées du rapport de cette année :
1. Les ventes du secteur de la fabrication de boissons ont augmenté en 2021
Les volumes accrus dans le secteur des services alimentaires et la croissance soutenue du commerce de détail ont fait grimper les ventes totales à 14,5 milliards de dollars en 2021, une hausse de 11,3 % par rapport à l’année précédente (tableau 1).
Les ventes du secteur de la fabrication de boissons devraient diminuer de 1,0 % en 2022 en raison des facteurs suivants :
L’inflation généralisée, qui modifie les choix des consommateurs
Les niveaux élevés des stocks dans les secteurs du commerce de gros et du commerce de détail, qui limitent les ventes en aval des fabricants
Le déplacement des ventes vers le secteur des services alimentaires, où les consommateurs ont tendance à moins consommer de boissons alcooliques qu’à la maison
Les Services économiques FAC s’attendent à une diminution des ventes des grands fabricants de boissons alcoolisées qui concentrent leurs activités sur les ventes au détail, tandis que les exploitations de plus petite taille (qui représentent une part minime des revenus totaux) pourront tirer parti de la croissance du secteur des services alimentaires et d’un retour aux ventes directes aux consommateurs. Les entreprises qui offrent des gammes diversifiées de boissons (p. ex., bières, eaux pétillantes alcoolisées, boissons caféinées et non caféinées), s’adressant à des publics différents, surpasseront les attentes.
Tableau 1 : Les ventes et les exportations du secteur de la fabrication ont augmenté en 2021
2. Amélioration prévue des marges brutes de l’industrie
Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont réduit la disponibilité des principaux emballages et matières premières, faisant grimper les coûts. Malgré la croissance des ventes brutes, les marges brutes ont peiné à se rétablir aux niveaux de 2019 (figure 1). La concurrence vive dans le secteur des boissons alcoolisées fait qu’il est difficile de répercuter la hausse des coûts, de sorte que l’inflation dans le secteur des boissons est inférieure à celle qu’on observe dans le secteur des aliments.
Nous nous attendons à ce que les marges s’améliorent en 2022, car les consommateurs sont prêts à payer des prix plus élevés pour les boissons, à condition que les coûts cessent d’augmenter. Par ailleurs, les ventes des bars, des buvettes, des salles de dégustation de vins et des restaurants rapportent souvent des marges supérieures à celles des établissements de vente au détail. Les fabricants de boissons non alcoolisées répercutent avec succès les coûts accrus, sans incidence marquée sur les volumes d’une année sur l’autre, et réussissent de manière générale à soutenir leurs marges.
Figure 1 : Les marges brutes du secteur des boissons sont demeurées inférieures aux niveaux d’avant la pandémie en 2021
3. La bière demeure la boisson alcoolisée préférée des Canadiens, mais est aussi sous pression
Les ventes au détail de bière pour l’année commerciale 2020-2021 ont diminué de 1,4 %, et le nombre total de litres vendus a diminué de 2,3 %. Cela fait maintenant cinq années consécutives que les volumes totaux de bière vendue diminuent. Les brasseries canadiennes ont pris des parts de marché à leurs concurrents étrangers durant cette période, mais leurs volumes ont aussi diminué, quoiqu’à un rythme plus modeste. En général, la part de marché des bières comparativement à celles des vins et des alcools a reculé de deux points de pourcentage pour s’établir à 36 %. Les gains enregistrés pour les boissons distillées proviennent de la demande grandissante d’eaux pétillantes alcoolisées (hard seltzers), auxquelles de nombreuses brasseries s’intéressent de plus en plus afin de compenser les pertes de débouchés pour la bière.
Tableau 2 : La part du marché de détail de la bière au Canada a reculé durant l’année commerciale 2020-2021
Les résultats ne correspondent pas aux ventes du secteur de la fabrication enregistrée durant l’année civile en raison du facteur temps et des niveaux de stocks des magasins de gros et de détail.
En conclusion
Si 2021 a été une bonne année pour les fabricants de boissons affichant des volumes élevés ou exerçant une grande influence sur les prix, elle a été difficile pour les petites exploitations et pour celles qui sont tributaires du tourisme. Ces exploitations profitent maintenant de la réouverture de l’économie en 2022. En revanche, la hausse des taux d’intérêt pourrait créer un environnement difficile pour les entreprises ayant des problèmes de trésorerie.
La faible inflation des prix de détail par rapport à la hausse des coûts des intrants est une tendance à surveiller. Une analyse judicieuse des données peut permettre de trouver des façons d’accroître les marges et de gérer les stocks, la gamme de produits et les stratégies d’établissement des prix. Il existe des façons de conserver ou d’accroître sa part de marché en interagissant avec les consommateurs canadiens, en misant sur le tourisme ou en tirant parti de la prédilection des consommateurs pour les produits-créneaux et les produits locaux. Le marché des boissons alcoolisées est concurrentiel; toutefois, les innovations au chapitre des produits, comme les eaux pétillantes alcoolisées, les boissons prémélangées, les boissons non alcoolisées et autres soutiennent la croissance.
Expert principal, science des données
Kyle Burak s’est joint à FAC en 2020 et occupe le poste d’expert principal, science des données. Il se spécialise dans la surveillance et l’analyse du portefeuille d’agroentreprise et agroalimentaire de FAC, la santé de l’industrie, et les risques inhérents au secteur. Avant de se joindre à FAC, Kyle a travaillé au service de l’approvisionnement et du marketing d’un détaillant alimentaire canadien. Il est titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université de Victoria.