Rapport 2021 sur le secteur des aliments et boissons transformés : mise à jour de mi-année
Beaucoup de choses ont changé depuis la publication de notre Rapport 2021 sur le secteur des aliments et boissons transformés, en mars, mais c’est la pandémie qui continue d’alimenter l’actualité :
Les ventes du secteur de la restauration ont rebondi à la faveur de la réouverture de l’économie et de la hausse des revenus des ménages.
La hausse des prix des produits agricoles et des matériaux met en péril la rentabilité.
La pénurie de main-d’œuvre demeure un problème, et les commandes en attente (qui ont bondi de plus de 42 % par rapport à l’année précédente) freinent la croissance des ventes.
Cela dit, les ventes du secteur de la fabrication de produits alimentaires et de boissons sont vigoureuses malgré les conditions difficiles, et les perspectives demeurent positives.
Prévisions des ventes du secteur de la fabrication de produits alimentaires et de boissons
Selon Statistique Canada, les ventes du secteur de la fabrication de produits alimentaires et de boissons ont crû de 11,8 % entre le début de l’exercice et le mois de juillet. Elles devraient demeurer vigoureuses au quatrième trimestre, à condition que l’économie ne soit pas perturbée par une hausse des cas de COVID. Nous prévoyons que les ventes croîtront de 15,9 % pour terminer l’année en hausse de 13,3 % avant de décélérer au début du deuxième trimestre de 2022 (Tableau 1). Le retour des grands rassemblements familiaux durant les Fêtes contribuera grandement à cette croissance supplémentaire. Le tableau présente aussi une répartition des ventes cumulatives depuis le début de 2021 par vecteur de croissance, selon l’indice de volume et l’indice des prix.
Tableau 1 : Les ventes du secteur de la fabrication de produits alimentaires et de boissons sont soutenues par la demande vigoureuse et par les prix élevés
La mouture de céréales et d’oléagineux arrive au premier rang du palmarès de la croissance des ventes. La demande est en hausse, les volumes ont augmenté de 10 % et les prix de vente ont bondi de plus de 32 %. Au quatrième trimestre et au début de 2022, il sera essentiel de s’approvisionner en intrants et de maintenir le rythme pour contrebalancer les baisses de rendement des cultures attribuables à la sécheresse de l’été dernier dans l’Ouest canadien.
Une inflation plus faible des prix (voire une déflation dans certains cas) a été constatée dans le cas des fruits de mer, des produits de pâtisserie, des produits laitiers et des boissons, alors même qu’une solide croissance des ventes a été enregistrée dans ces secteurs. La demande de boissons autres que le vin semble avoir atteint un sommet à court terme, et il existe des problèmes de sursaturation et de stocks sur les marchés de l’eau de Seltz et de la bière. Le secteur du sucre et des produits de confiserie affiche une croissance similaire et tire parti d’une préférence plus marquée pour les produits de consommation courante. L’arrivée des températures plus fraîches devrait freiner cette croissance.
Le volume des ventes affiche une croissance plus modeste dans le secteur de la fabrication de produits de viande. La hausse des ventes est attribuable à l’inflation des prix. Certains consommateurs ont repris l’habitude d’acheter du bœuf, au détriment du poulet et du porc, étant donné que les prix de ces derniers ont augmenté de façon plus marquée que ceux du bœuf dernièrement. Les ventes devraient s’accélérer au quatrième trimestre sous l’effet des prix plus élevés et terminer l’année sur une note positive grâce à la période des Fêtes.
Le secteur des fruits et légumes et des spécialités alimentaires est le seul pour lequel on prévoit une diminution des ventes en 2021. En effet, les consommateurs ont cessé de faire des réserves de produits congelés et reviennent aux aliments frais.
Tendances à surveiller
Contraintes liées à la main-d’œuvre
Le nombre d’emplois vacants au Canada a augmenté depuis la réouverture de l’économie étant donné que les entreprises peinent à recruter des employés hautement qualifiés. De nombreuses entreprises proposent des salaires beaucoup plus alléchants ou offrent la possibilité de faire des heures supplémentaires pour combler les besoins en main‑d’œuvre. Les coûts salariaux continuent d’augmenter plus rapidement que les prix de vente dans de nombreux secteurs alimentaires, ce qui exerce de la pression sur les marges.
Le taux de change par rapport aux prix de détail des aliments
La valeur unitaire des aliments importés a diminué en raison de l’appréciation du huard au cours de la première moitié de 2021. Cela a permis d’éviter que les prix élevés des produits agricoles n’exercent des pressions inflationnistes sur le secteur national de la fabrication de produits alimentaires (Figure 1). L’indice des prix à la consommation (IPC) global mesuré sur douze mois a augmenté de 4,1 % en août. La composante des aliments de l’IPC a augmenté de seulement 2,7 %, mais l’augmentation sur 30 jours était plus marquée.
La dépréciation récente du huard pourrait faire augmenter les prix des intrants alimentaires importés et accentuer l’inflation des prix des aliments au quatrième trimestre et au début de 2022 si les prix dans le secteur national de la fabrication demeurent élevés. Un huard plus faible est une bonne nouvelle pour les exportateurs.
Figure 1 : Hausse des prix à la consommation des aliments en raison de la dépréciation du huard et de l’augmentation des prix de transformation
Croissance de la consommation alimentaire nationale
Le taux d’épargne des ménages s’est établi à 14,2 % au deuxième trimestre par rapport à la moyenne sur cinq ans de 2,1 % avant la COVID, ce qui reflète la demande refoulée des consommateurs. La libération de la demande pourrait se traduire par des dépenses de l’ordre de 178 milliards de dollars qui devraient se produire en partie au cours de l’année prochaine. Les fabricants de produits alimentaires devraient s’attendre à ce qu’une partie de cette somme soit consacrée à des aliments de grande qualité et à valeur ajoutée étant donné la préférence des consommateurs pour une alimentation plus saine et l’importance qu’ils attachent à la durabilité. Si les consommateurs reprennent leurs habitudes d’avant la COVID, ils devraient dépenser environ 28,0 milliards de dollars supplémentaires dans les restaurants et 1,6 milliard de dollars de plus dans les magasins d’aliments et de boissons.
Nous prévoyons que les ventes continueront de croître rapidement, résultat de la demande alimentaire vigoureuse qui est attribuable à l’augmentation du revenu disponible des ménages ainsi que de l’inflation qui découle d’une offre restreinte de main-d’œuvre, de matériaux et de produits de base. Toutefois, nous nous attendons également à ce que l’inflation diminue à mesure que les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement s’atténueront à l’approche de 2022.
Expert principal, science des données
Kyle Burak s’est joint à FAC en 2020 et occupe le poste d’expert principal, science des données. Il se spécialise dans la surveillance et l’analyse du portefeuille d’agroentreprise et agroalimentaire de FAC, la santé de l’industrie, et les risques inhérents au secteur. Avant de se joindre à FAC, Kyle a travaillé au service de l’approvisionnement et du marketing d’un détaillant alimentaire canadien. Il est titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université de Victoria.