Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2023 : de la pression sur les marges des transformateurs
Le Rapport annuel sur le secteur des aliments et des boissons de FAC examine le contexte économique de l’année dernière et met en lumière les risques qui guettent les entreprises canadiennes de transformation d’aliments et de boissons ainsi que les débouchés qui s’offrent à elles en 2023. Il comprend des prévisions des ventes annuelles pour chaque secteur et de nouvelles prévisions pour l’indice des marges brutes par secteur.
Les secteurs en vedette dans le rapport sont les suivants :
Mouture de céréales et d’oléagineux
Sucre et produits de confiserie
Mise en conserve de fruits et de légumes et fabrication de spécialités alimentaires
Produits laitiers
Produits de viande
Préparation de poissons et de fruits de mer
Produits de boulangerie et tortillas
Boissons gazeuses et alcoolisées
Principaux points à retenir
L’économie canadienne a subi des tensions inflationnistes en 2022, et le secteur agroalimentaire n’a pas échappé à leurs répercussions. Des hausses importantes des prix des produits de base jumelées aux pressions exercées sur les chaînes d’approvisionnement et aux pénuries de main‑d’œuvre ont fait augmenter les coûts des intrants et les salaires. En réaction à l’inflation, la Banque du Canada a relevé son taux directeur à de nombreuses reprises exerçant ainsi une pression supplémentaire sur les marges bénéficiaires en 2023; bon nombre de ces problèmes persistent alors qu’apparaissent des défis liés à la demande.
Voici trois observations importantes tirées du rapport de cette année.
La croissance des ventes a été élevée en 2022; elle devrait être modeste en 2023
Les ventes du secteur de la transformation des aliments et des boissons ont augmenté de 10,6 % et se sont établies à 156 milliards de dollars en 2022 (figure 1). Cette croissance est en grande partie attribuable à l’inflation des prix de vente découlant des hausses de coûts, mais nous avons observé une évolution positive des volumes dans certains secteurs. Nous estimons que les volumes accrus dans le secteur des services alimentaires ont été le principal facteur à l’origine de la croissance des ventes de produits de viande. Les produits de boulangerie constituent l’une des seules catégories de produits dont les volumes de ventes en épicerie ont augmenté malgré les prix de vente au détail élevés.
La croissance des ventes a ralenti au quatrième trimestre de 2022, si bien que plusieurs catégories de produits ont enregistré une baisse des ventes en glissement annuel au mois de décembre. Cette détérioration de la croissance jette un voile d’incertitude sur nos prévisions. L’équipe des Services économiques FAC prévoit que les ventes du secteur des aliments transformés augmenteront de 2,2 % en glissement annuel en 2023 et s’établiront à 160 milliards de dollars. Toute remontée après le ralentissement observé à la fin de 2022 pourrait nous inciter à revoir ces prévisions à la hausse. Nous nous attendons à ce que les grands secteurs dont traite le présent rapport, comme la mouture de céréales et d’oléagineux et la transformation de produits de viande, dépassent nos prévisions, mais que les aliments pour animaux, les produits à base de protéines d’origine végétale, les assaisonnements et vinaigrettes et les collations (qui ne sont pas inclus dans le présent rapport) enregistrent des baisses.
Figure 1 : Les ventes du secteur de la transformation des aliments et des boissons ont augmenté de 10 % en 2022
Les marges se sont détériorées en raison des coûts plus élevés des intrants et de la main‑d’œuvre
Les coûts plus élevés ont pesé sur les marges des transformateurs d’aliments et de boissons. Les marges brutes en pourcentage du chiffre d’affaires ont dégringolé jusqu’à leur niveau le plus bas en 20 ans en 2022 (figure 2). Les transformateurs ont eu de la difficulté à répercuter les hausses de coûts en 2022. L’équipe des Services économiques FAC prévoit une légère amélioration des marges brutes en 2023. Il convient de noter que les tendances concernant les marges varient grandement d’un secteur à l’autre.
Figure 2 : Les marges brutes ont chuté jusqu’à atteindre des creux records en 2022 et on prévoit une légère augmentation en 2023
La part du marché canadien détenue par les aliments importés s’est accrue en 2022
À mesure que l’année avançait, la hausse des prix des aliments et la diminution de leurs économies ont incité les consommateurs à réduire leurs dépenses discrétionnaires. Cela s’est traduit par moins d’achats d’aliments plus dispendieux, notamment des aliments transformés produits en petits lots et localement, dont les transformateurs ne pouvaient pas réduire les coûts et contrôler les prix. En 2022, la consommation d’aliments produits au Canada (mesurée en dollars par rapport à la consommation totale) est revenue à la tendance observée avant la pandémie. Un pourcentage accru du budget alimentaire des Canadiens a été affecté à l’achat d’aliments importés (figure 3). Plusieurs facteurs économiques et démographiques ont influé sur les achats d’aliments des consommateurs. Tout comme la population canadienne se diversifie, les achats d’aliments deviennent eux aussi plus diversifiés, ce qui pourrait représenter une occasion à saisir pour les transformateurs canadiens d’aliments. Selon l’équipe des Services économiques FAC, si les transformateurs canadiens avaient réussi à répondre à la même demande intérieure qu’en 2021, les ventes totales se seraient établies à plus de 2,3 milliards de dollars de plus en 2022.
Figure 3 : Les Canadiens ont consommé davantage d’aliments transformés importés en 2022
En conclusion : ne perdons pas les débouchés de vue
Malgré ces récents défis et ces marges affaiblies, le secteur de la transformation des aliments et des boissons demeure vigoureux et présente des perspectives positives à long terme. Les usines de transformation alimentaire se dotent d’innovations et de technologies prometteuses, et la demande mondiale d’aliments produits au Canada augmente rapidement. Le Canada possède tous les atouts nécessaires pour percer de nouveaux secteurs alimentaires en plein essor et très rentables.
Expert principal, science des données
Kyle Burak s’est joint à FAC en 2020 et occupe le poste d’expert principal, science des données. Il se spécialise dans la surveillance et l’analyse du portefeuille d’agroentreprise et agroalimentaire de FAC, la santé de l’industrie, et les risques inhérents au secteur. Avant de se joindre à FAC, Kyle a travaillé au service de l’approvisionnement et du marketing d’un détaillant alimentaire canadien. Il est titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université de Victoria.