Trois leçons à tirer du rapport Valeur des terres agricoles 2017 de FAC
En 2017, la valeur des terres agricoles canadiennes a augmenté en moyenne de 8,4 %. Par rapport à l’année précédente, elle a progressé à un rythme plus soutenu pour la première fois depuis 2013. En 2016, la croissance était en moyenne de 7,9 %.
La valeur des terres agricoles a progressé chaque année depuis 2013 mais sa croissance a ralenti puisqu’elle est passée de 22,1 % en 2013 à 10,1 % en 2015.
Partout au pays, les tendances ont varié, ce qui montre bien encore une fois que le marché des terres agricoles est véritablement local.
Voici trois leçons principales que je tire du rapport Valeur des terres agricoles 2017 de FAC.
1. Le ralentissement du rythme de croissance s’estompe
La croissance de la valeur des terres agricoles s’est accélérée à l’échelle nationale, mais seulement de 0,5 % par rapport à l’année précédente. En 2017, cette valeur a progressé dans toutes les provinces, de 2,7 % (Colombie-Britannique) à 10,2 % (Saskatchewan).
D’ailleurs, la croissance a été beaucoup plus marquée non seulement en Saskatchewan mais également en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Ces trois provinces ont enregistré en même temps une légère baisse de leurs recettes des cultures. C’est un élément important, étant donné le lien entre les recettes et la valeur des terres.
Mais, alors que le ratio plus élevé en 2017 du prix des terres agricoles et des recettes des cultures en Saskatchewan reste favorable comparativement à sa moyenne à long terme, ceux de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick dépassent leurs moyennes à long terme. De toute évidence, les acheteurs de l’Est du Canada s’attendent à une augmentation des recettes dans l’avenir.
Reproduisant la tendance nationale en ce qui concerne la croissance de la valeur des terres agricoles, quatre provinces – la Colombie-Britannique, l’Alberta, le Manitoba et l’Île‑du‑Prince‑Édouard – ont enregistré une augmentation en 2017, toutefois à un rythme plus lent qu’en 2016.
2. Chaque région est unique
L’aspect « local » prend toute son importance dans le contexte des ventes de terres agricoles au niveau régional.
Sur les 51 régions comprises dans l’étude de FAC, 18 ont enregistré une augmentation annuelle moyenne d’au moins 10 %. À l’autre extrême, sept ont connu une variation annuelle inférieure à 1 %. Seule la région du Nord du Nouveau-Brunswick a affiché une baisse (-15,6 %).
L’exemple du Manitoba
Je souligne ici les résultats du Manitoba parce qu’ils illustrent la variation régionale de la croissance de la valeur des terres – soit l’élément clé du marché foncier de toute province.
La région manitobaine Plaines centrales-vallée de la Pembina a été l’une des régions qui n’ont connu aucune fluctuation dans la valeur moyenne de leurs terres agricoles en 2017. Contrairement à l’année précédente, lorsque les valeurs ont connu une croissance record dans toute la province, les terres de grande valeur ont rarement changé de mains dans la région, ce qui n’a toutefois pas été le cas pour les terres plus abordables de la vallée. En 2017, les terres de moins grande valeur de la région étaient très recherchées. Mais, même si leurs ventes ont été plus importantes, les prix auxquels elles se sont vendues ont eu peu d’incidence sur la valeur moyenne.
En comparaison, la valeur des terres de la région d’Eastman a grimpé de 7,3 %. Cette croissance a résulté de l’expansion des exploitations d’élevage. Combiné aux activités d’expansion à partir de Winnipeg, ce changement a limité le nombre de terres destinées à l’agriculture dans la région.
3. Tout est dans le choix du moment
La plupart des provinces, y compris l’Ontario et la Saskatchewan, ont enregistré une croissance plus rapide au cours des six premiers mois de l’année. Cependant, un ralentissement s’est opéré dans la deuxième moitié de 2017 à l’intérieur de chaque province. Les deux augmentations de taux d’intérêt de la Banque du Canada (en juillet et en septembre) ainsi que les coûts d’emprunt plus élevés qu’elles ont engendrés ont estompé la croissance de la valeur des terres agricoles pendant cette période.
De plus, des périodes de temps chaud et sec ont plombé les rendements dans tout le Sud et le Centre de la Saskatchewan. Cela s’est traduit par un fléchissement des recettes dans l’année commerciale 2017-2018, fléchissement qui transparaît dans le ralentissement de la croissance de la valeur des terres agricoles. Mais, comme la plupart des ventes se sont produites au cours de la première moitié de l’année, il reste encore à voir si la sécheresse aura eu le moindre impact sur le prix des terres.
Les revenus agricoles affermissent la valeur des terres agricoles
Les revenus agricoles et les prix des terres vont de pair.
Comme la valeur des terres agricoles va probablement continuer de croître en 2018, nous nous attendons aussi à plus de volatilité dans les prix des produits de base et à une légère augmentation des taux d’intérêt cette année. Je pense qu’à elles deux, les récentes augmentations des coûts d’emprunt et toute progression supplémentaire des taux ralentiront le marché des terres agricoles en 2018.
C’est le moment, pour les producteurs, d’adapter leurs plans d’affaires de façon à ce qu’ils reflètent ces facteurs de pression et d’évaluer leur situation financière globale. L’augmentation de la productivité sera essentielle pour faire face à la nouvelle conjoncture économique.
Pour un tableau complet de la situation, y compris le rapport, la carte interactive, le webinaire et l’analyse globale, consultez la page Valeur des terres agricoles 2017.
Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef
Jean-Philippe est Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef à FAC. Il offre des conseils qui aident à orienter la stratégie de FAC et qui servent à identifier les risques et opportunités dans l’environnement d’affaires. En plus d’agir comme porte-parole de FAC pour des questions économiques, Jean-Philippe offre ses commentaires sur l'industrie agricole et agroalimentaire dans des vidéos et le blogue des Services économiques FAC.
Avant de se joindre à FAC en 2010, Jean-Philippe était professeur d’agroéconomie à l’Université North Carolina State et à l’Université Laval. Jean-Philippe détient le titre de Fellow de la Société canadienne d’agroéconomie. Il a obtenu son doctorat en économique de l’Université d’Iowa State en 1999.