Un nouvel indice de la demande mesure les préférences des Canadiens pour le bœuf
Les Canadiens ont toujours été très friands de protéines. Ces derniers temps, les protéines végétales suscitent beaucoup d’intérêt. Mais que savons-nous de la demande réelle de protéines animales et de la préférence à leur égard? Nous avons créé un indice de la demande trimestrielle afin de mesurer les préférences des consommateurs pour le bœuf et d’autres viandes. Ce baromètre nous apprend que la préférence pour le bœuf demeure marquée.
La consommation de bœuf et les préférences ne suivent pas toujours la même tendance
La consommation de bœuf par habitant est en baisse depuis plusieurs décennies au Canada. Ce déclin s’explique par plusieurs raisons, mais les facteurs économiques n’y sont pas étrangers. La consommation de bœuf a chuté de 11,5 % entre 2013 et 2015 pour établir un creux de 16,12 kilogrammes par personne. Cette diminution a coïncidé avec une hausse de 30,7 % des prix de détail du bœuf au cours de la même période.
L’évaluation parallèle des tendances des prix, du revenu et de la consommation fait ressortir des différences possibles entre les préférences des consommateurs et les tendances de consommation réelles. Lorsque les revenus augmentent, que les prix du bœuf diminuent ou que les prix des viandes concurrentes augmentent, on s’attendrait à ce que les consommateurs achètent plus de bœuf. Le contraire est aussi vrai. C’est pourquoi nous comparons les fluctuations prévues de la consommation de bœuf avec les tendances réelles. La différence qui ne s’explique pas par des facteurs économiques est une mesure de la préférence, ou indice de la demande.
La figure 1 illustre les indices de la consommation et de la demande de bœuf. Ces deux mesures partent du même point dans le temps (2010). La consommation de bœuf diminue de façon marquée après 2012. Malgré tout, la demande de bœuf demeure vigoureuse; on constate même une reprise à partir de 2014. Pourtant, les prix de détail du bœuf ont crû de 13,5 % cette année‑là, et ils ont augmenté d’encore 15 % en 2015. Cette hausse aurait pu accentuer la diminution de la consommation si les consommateurs n’avaient pas une perception positive à l’égard du bœuf.
Les ratios des prix de détail de la viande font ressortir des tendances liées à l’accessibilité économique
Les ratios des prix de détail permettent de comparer directement le caractère abordable des prix du bœuf, du porc et du poulet du point de vue des consommateurs (Figure 2). Comme les prix du bœuf se sont modérés et que le ratio des prix du bœuf par rapport à ceux du porc et du poulet s’est détendu, la tendance baissière de la consommation de bœuf s’est inversée. Les prix de détail du bœuf sur le marché intérieur demeurent élevés d’un point de vue historique par rapport à la moyenne à long terme des prix de détail du porc et du poulet. Les préférences pour le bœuf sont marquées si l’on tient compte des légères hausses de la consommation observées au cours des dernières années.
Hausse prévue des prix de détail
La consommation de bœuf en 2019 semble relativement conforme aux tendances de 2018. La peste porcine africaine devrait toutefois faire grimper les prix des aliments et de la viande d’ici la fin de 2019 et le début de 2020. De plus, la consommation devrait chuter en raison des hausses à court terme des prix de détail du bœuf qui pourraient découler d’un incendie survenu en août dans une usine de transformation des États‑Unis. Cet incident devrait faire diminuer l’approvisionnement au détail (site en anglais seulement) dans la mesure où l’usine touchée représente près de 6 % de la capacité d’abattage des États‑Unis.
Les protéines animales devraient perdre du terrain au profit des protéines végétales sur le marché nord‑américain. À mesure que les niveaux de revenu augmentent, les préférences alimentaires se diversifient, se complexifient et sont de plus en plus segmentées – tendance qui se confirme de plus en plus au Canada. Toutefois, la consommation mondiale de viande continue de croître, en particulier sur les marchés émergents.
La demande mondiale demeure vigoureuse; en 2019, la consommation totale de bœuf devrait croître de 1,4 %. Les perspectives à long terme de l’industrie de la viande demeurent positives, et ce secteur se tourne de plus en plus vers le marché d’exportation. Des possibilités de croissance s’offrent à la fois au secteur de la viande et à celui des protéines végétales au Canada, ce qui ne peut être que bénéfique pour l’industrie agricole canadienne.
Vous désirez suivre notre baromètre de la consommation de protéines? Surveillez nos mises à jour trimestrielles sur X (en anglais seulement).
Économiste principal
Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.
Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.