Quatre solutions au problème de la garde d’enfants en contexte agricole

Le manque de services de garde de qualité empêche-t-il les femmes de travailler dans les exploitations agricoles?

Le rapport d’Agriculture et Agroalimentaire Canada intitulé « Ce que nous avons entendu » - Stratégie sur la main-d'œuvre agricole présente en détail les commentaires reçus lors des consultations menées en vue de l’élaboration d’une stratégie nationale sur la main-d’œuvre agricole. On y souligne que la garde d’enfants est un problème pour les femmes qui souhaitent travailler en agriculture à long terme.

En milieu rural, la garde d’enfants est un défi depuis toujours.

Le rapport indique aussi que beaucoup de personnes qui contribuent fortement à l’industrie hésitent à accepter certains emplois parce qu’elles ne veulent pas être déchirées entre les exigences du travail et la garde des enfants.

La pénurie de main-d’œuvre, l’éloignement des zones rurales, le fait que les parents travaillent sans relâche et la sécurité sont autant de facteurs qui contribuent à l’éternel problème de la garde d’enfants dans les exploitations agricoles.

Or, si la solution peut parfois consister à emmener les enfants avec soi pour aller chercher des pièces ou à emporter un tricycle dans la grange, l’accès à des services de garde fiables et de qualité reste essentiel. Dans une exploitation agricole, il n’y a pas de voie réservée aux tricycles, et les enfants ne peuvent pas toujours être aux côtés de leurs parents.

Une question qui reçoit davantage d’attention

Selon Brenda Schoepp, une experte-conseil en gestion d’entreprise et mentor qui a étudié les femmes en agriculture et travaille avec elles, cette question fait l’objet d’une attention et d’efforts accrus. En tant que mère monoparentale qui travaille dans une exploitation agricole, elle connaît également les risques, les difficultés et les exigences qui pèsent sur les parents agriculteurs. Elle a également recueilli des commentaires après s’être adressée à des groupes à propos de la garde d’enfants à la ferme.

« Cela reste un très gros problème, qui a été décrit à maintes reprises comme une source de stress considérable, souvent accablante pour les femmes travaillant dans le domaine agricole en milieu rural », explique-t-elle.

Dans l’ensemble, chaque famille doit trouver la solution qui convient le mieux à sa situation, et la plupart essaient généralement plusieurs solutions avant de trouver celle qui convient le mieux.

Voici quatre solutions de garde d’enfants créatives trouvées par des familles d’agriculteurs de tout le pays :

1. Mettre en commun la garde d’enfants avec les voisins

En fonction des cultures, des exploitations, des conditions météorologiques ou d’autres variables, une exploitation peut être moins occupée qu’une autre un jour donné, ce qui permet à maman ou papa de s’occuper des enfants des voisins en plus des siens pendant les périodes creuses. Cela pourrait ouvrir la voie à la garde alternée des enfants entre voisins. Contactez vos voisins pour voir s’ils sont prêts à tenter l’expérience. L’établissement d’un calendrier peut demander un certain effort, alors il faut faire preuve de patience.

2. Trouver une autre façon de travailler avec le personnel

À Portage la Prairie, au Manitoba, Sam Connery-Nichol, gestionnaire de Connery Farms, cultive des fruits et légumes, des céréales et des légumineuses sur plus de 300 acres. Elle emploie plus de 50 personnes pendant les périodes de pointe.

Avant d’avoir des enfants, elle rencontrait quotidiennement le personnel, mais cela n’a plus très bien fonctionné après la naissance de son premier enfant. Elle a donc créé sur WhatsApp un clavardage de groupe qui lui permet de donner des consignes, de faire des suivis rapides et de discuter brièvement avec les membres de l’équipe. S’il lui arrive encore d’avoir des réunions en personne avec l’équipe, que ce soit en groupe ou en tête-à-tête, celles-ci ont été largement remplacées par WhatsApp.

3. Faire venir une gardienne d’enfants sur place

La garde d’enfants à domicile peut prendre de nombreuses formes, qu’il s’agisse d’un arrangement avec un membre de la famille ou de l’embauche d’un voisin ou d’un étudiant de la région. Aimée Ferré Stang, directrice de programme, Marketing de contenu à FAC et agricultrice dans le centre-ouest de la Saskatchewan, près de la frontière de l’Alberta, a décidé de chercher une solution autre que sa belle-famille lorsqu’elle a eu besoin de services de garde pour ses deux fils.

Pendant deux années consécutives, elle a fait venir au Canada une jeune fille au pair âgé de 18 à 30 ans pour vivre et travailler chez elle, à la ferme. Le sous-sol aménagé offre un espace de vie privé à l’employée, et M^me Ferré Stang indique clairement dans l’offre d’emploi qu’il s’agit d’une région rurale, ce qui évite toute surprise.

Avant de publier sa première annonce, elle a exploré un site d’emplois au pair et s’est entretenue avec d’autres personnes qui embauchaient des jeunes au pair.

4. Créer de nouvelles options

À l’Île-du-Prince-Édouard, Amber Dennis vit toujours à Souris, la petite communauté de pêche et de tourisme où elle a grandi. Maintenant qu’elle a fondé sa propre famille et qu’elle gère un restaurant, elle est confrontée aux mêmes défis que les familles d’agriculteurs : le besoin de services de garde d’enfants de qualité. De plus, elle a besoin de diversifier ses activités pendant l’hiver, lorsque les touristes sont rentrés chez eux et que les bateaux de pêche sont à quai.

Elle a constaté que ses amis, les membres de sa famille, ses relations d’affaires et ses voisins agriculteurs sont tous aux prises avec les mêmes problèmes de garde d’enfants. Elle a donc décidé de créer un service de garde après l’école à son restaurant pendant la période creuse.

Pour sa première année d’existence, le service de M^me Dennis permet d'accueillir huit enfants, dont sa fille. Grâce à cette initiative, elle évite de fermer son établissement pendant l’hiver et offre en même temps un service à la communauté.

« Les parents sont des agriculteurs, des infirmiers, des paramédicaux, des entrepreneurs », explique-t-elle à propos de ceux qu’elle aide pendant l’année scolaire. « Les gens auront toujours besoin de services de garde. »

La garde d’enfants en milieu rural est un défi depuis toujours, et s’il est parfois possible de laisser les enfants accompagner leurs parents, ce n’est pas le remède. Le soutien des pairs, des voisins, de la famille et des amis, ainsi que la créativité et la flexibilité peuvent vous aider à trouver la meilleure solution pour vous et votre famille.

Article par : Ronda Payne

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