Trois moyens de concilier la retraite et le changement de propriété de la ferme
Les exploitations agricoles coûtent cher. Pour les familles qui sont en processus de transfert, il est difficile de s’assurer que la nouvelle génération a les moyens de racheter la ferme tout en veillant à ce que la génération précédente dispose de revenus suffisants pour la retraite.
Toutefois, lorsque certaines mesures sont prises tôt, elles peuvent empêcher d’alourdir le fardeau pour les deux parties plus tard.
Quelques idées pour rendre la ferme familiale plus abordable pour la prochaine génération, tout en assurant une retraite confortable à la génération précédente.
Gel successoral
Selon Renée Senko et Darcie Sabados, comptables professionnelles agréées du cabinet Wilde Advisory Group de Vegreville, en Alberta, le gel successoral, qui permet de conserver la valeur actuelle des actifs et de transférer la plus‑value future à la prochaine génération, est une excellente stratégie de retraite dans le cas d’une ferme constituée en société. Les parents acquièrent ainsi les actions privilégiées, qui pourront être rachetées par la prochaine génération, et financeront leur retraite à partir des flux de trésorerie futurs provenant des activités de la ferme.
Il s’agit souvent d’une solution abordable pour la nouvelle génération, et les producteurs ont tout intérêt à discuter avec leur conseiller financier pour déterminer comment un gel successoral pourrait être mis en œuvre dans leur situation.
Cette solution a toutefois ses limites.
Colin Sabourin, planificateur financier et conseiller en placements de la société Harbourfront Wealth Management, à Winnipeg, indique que le gel successoral, tout d’abord, ne permet pas de garantir que la valeur actuelle fixée est réaliste pour la nouvelle génération. Pour cette raison, le fait d’inciter les enfants à investir tôt dans la ferme peut les aider à profiter au maximum de leurs fonds propres pour racheter un jour la ferme de leurs parents.
« Si vous envisagez de céder la ferme à la prochaine génération et que la valeur actuelle de votre ferme est suffisante pour assurer votre retraite, gelez‑la et laissez vos enfants profiter de la croissance ultérieure », conseille M. Sabourin.
Rabaisréalistes
Mmes Senko et Sabados indiquent que la vente de terres agricoles aux enfants au moyen d’un billet à ordre sans intérêt peut aussi s’avérer une stratégie efficace. Le caractère sécuritaire d’un billet à ordre protégera aussi la valeur accumulée par les parents au titre des actifs de la ferme.
Les terres agricoles peuvent être vendues aux enfants à un prix qui procurera aux parents les liquidités nécessaires pour la retraite. Le prix de vente peut se situer entre la valeur au coût et la valeur marchande, et le recours à l’exemption pour gains en capital peut aider à réduire l’impôt sur le revenu.
« Il est possible de constituer une réserve pour gains en capital afin de répartir le produit de la vente sur une période maximale de dix ans, stratégie qui peut faire diminuer encore plus l’impôt sur le revenu à payer », ajoute Mme Sabados.
Programme d’épargne en dehors de laferme
« Si vous craignez que vos enfants n’aient pas les moyens de racheter directement la ferme et que vous souhaitez que celle‑ci reste aux mains de la famille, commencez à épargner en dehors de la ferme pour pouvoir leur demander un prix moins élevé », conseille M. Sabourin.
Il existe différents moyens d’épargner en dehors de la ferme, comme un compte d’épargne libre d’impôt, un régime enregistré d’épargne retraite ou d’autres investissements commerciaux en dehors de la ferme.
Mme Senko indique que la prochaine génération doit éviter de se laisser tenter par des investissements superflus au début, comme des améliorations à l’équipement. La prudence, l’évaluation des possibilités de louer plutôt que d’acheter et l’adoption d’un plan de remplacement d’immobilisations peuvent atténuer grandement le risque lié aux investissements dans la ferme.
De façon générale, M. Sabourin indique que le meilleur moyen de concilier les besoins de chaque génération est de commencer à épargner tôt.
« Formulez des projections de retraite fondées sur le montant actuel de vos épargnes pour déterminer quel revenu vous devrez tirer de la ferme. Si vous vous rendez compte que les enfants n’auront peut‑être pas les moyens de racheter la ferme, il serait judicieux d’établir un plan d’épargne plus dynamique », dit‑il.
En conclusion
Le gel successoral, la vente stratégique d’actifs et des plans d’épargne dynamiques peuvent atténuer le fardeau financier de la génération qui rachète la ferme familiale et de celle qui part à la retraite. Il est important de discuter tôt des options qui s’offrent à vous avec des spécialistes et des conseillers pour concilier les besoins de chaque génération.
Article par : Matt McIntosh
Lorsqu’elles amorcent le processus de transfert, les familles qui doivent composer avec des enfants agriculteurs et des enfants qui ne pratiquent pas l’agriculture peuvent atténuer certaines préoccupations en versant à l’avance de petites sommes d’argent, notent certains conseillers financiers.