Un plan directeur contribue à la réussite des projets d’immobilisations
La création d’un plan directeur pour l’exploitation agricole favorise le bon déroulement des projets d’immobilisations, et peut même vous faire économiser de l’argent.
La création d’un plan directeur pour l’exploitation agricole contribue grandement à la réussite des projets d’immobilisations en général et permet d’établir une vision claire des plans à long terme de la ferme.
Krista Hulshof de Sebringville, en Ontario, est une « agritecte » qui se spécialise dans la planification pour les exploitations agricoles. Elle a grandi dans une ferme laitière et, désireuse de mener des projets en milieu rural, a fondé son propre cabinet, Veld Architect.
« Liste de souhaits » pour les projets d’immobilisations
Mme Hulshof conseille vivement à tous les producteurs qui envisagent d’apporter des changements à leur propriété de créer un plan directeur. Ce plan, qu’elle compare à une « liste de souhaits », comporte une carte qui illustre l’aménagement actuel de la ferme entière – toutes les remises et les granges et tous les bâtiments existants, y compris les maisons, ainsi que des éléments comme les champs et les vergers.
Il s’agit ensuite d’y intégrer tous les changements désirés pour vérifier comment tout va s’agencer.
Un élément qui s’inscrit dans la culture de la ferme
Paul et Kelly Brooks, propriétaires de Brooks Farms Market, près de Mount Albert, en Ontario, ont vu leur grange à flanc de colline de 140 ans partir en fumée en 2019. Cette grange qui accueillait presque 200 000 visiteurs par année était un élément central de leur exploitation.
Toutefois, leur grange a brûlé alors qu’ils étaient à un stade avancé de la construction d’une installation neuve allant servir à leur marché, évaluée à 3 millions de dollars, sur leur terre.
La planification du remplacement de la grange à flanc de colline a pris une tournure très stratégique, en particulier lorsqu’il a fallu décider de l’implantation et du style du bâtiment.
Les Brooks avaient l’habitude de suivre un plan directeur en matière de d épenses d’investissement. Depuis 2005, ils ajoutaient méthodiquement des infrastructures fonctionnelles comme des puits, des conduites d’alimentation d’eau et des routes.
Avec l’aide de Mme Hulshof, les Brooks ont mis à jour leur plan directeur et y ont intégré une nouvelle grange et les autres nouvelles structures.
Économiser temps et argent
Il est aussi essentiel de consulter les organismes de réglementation, notamment en ce qui a trait au zonage et à la protection de la nature, pour atteindre l’objectif général de l’exercice de création du plan directeur et de l’analyse détaillée du site. Cela doit permettre de confirmer que le nouveau ne détonne pas avec l’ancien et que les producteurs n’auront pas à apporter de changements une fois la construction terminée.
« Le plan directeur doit traduire la vision que vous avez de la ferme, dit Mme Hulshof. Il s’agit d’assurer la pérennité de votre projet; planifier, concevoir et construire de manière à ne pas avoir à reconstruire. Par exemple, si vous construisez un bâtiment, vous pourriez aménager une canalisation d’eau provisoire qui mène vers l’endroit où sera érigé le bâtiment ou déplacer un peu de terre pendant que l’excavatrice est dans la cour. Cela vous permettra éventuellement d’économiser des coûts. »
Entrevoir les possibilités de rentabiliser l’investissement
Mme Hulshof conseille vivement aux producteurs qui envisagent d’apporter des changements de surveiller les tendances susceptibles de leur apporter de nouvelles possibilités de rentabiliser leur investissement. En particulier, elle souligne les possibilités liées à l’énergie renouvelable et à l’agrotourisme.
« Les établissements vinicoles, les cidreries et les salles de mariage en milieu rural commencent à être saturés, mais les magasins ayant pignon sur rue, les marchés à la ferme et les "fermes d’agrément" ont la cote. »
Le développement de l’agrotourisme requiert une longue planification, souligne Mme Hulshof. Il faut entre autres tenir compte des facteurs liés à la sécurité et à la confidentialité. La transformation de logements à la ferme en service comme des chambres d’hôte requiert une bonne compréhension des exigences municipales en matière de zonage. Les plans directeurs permettront aux producteurs d’obtenir les approbations nécessaires pour être en conformité pendant qu’ils apportent les changements.
En plus de faire ressortir les possibilités qui s’offrent aux producteurs, certains événements et tendances à l’intérieur et à l’extérieur du secteur agroalimentaire indiquent aussi le moment optimal pour entreprendre des projets d’immobilisations. Par exemple, la pandémie de COVID-19 a donné la fièvre de la construction aux propriétaires de maisons, ce qui a contribué à rendre les matériaux de construction plus rares et plus chers.
Des périodes comme celles-ci sont plus propices à la planification qu’à la construction, souligne Mme Hulshof.
« La planification vous permet d’être prêt quand le moment se prête à la réalisation de votre projet et de saisir les possibilités avec une longueur d’avance. »
Viser les cinq à dix prochaines années
Mme Hulshof recommande aux producteurs qui entreprennent un projet d’immobilisations de se concentrer sur les cinq à dix prochaines années. Toutefois, pour certains projets à plus long terme, comme l’ajout d’une nouvelle terre ou le changement de vocation d’une terre existante (la transformation d’un champ ou d’un pâturage en verger, par exemple), il sera avantageux de créer un plan directeur à plus longue échéance.
Pour sa part, M. Brooks indique que la planification a joué un rôle déterminant dans la conception de bâtiments qui reflètent l’image de marque de son exploitation.
« Nous avons fait de gros efforts pour agencer les styles et les couleurs. Nous investissons massivement dans des projets d’immobilisations, et nous voulons que tout s’harmonise. »
En conclusion
Il est judicieux de créer un plan directeur en mettant sur papier un plan approximatif qui montre l’aménagement actuel de la ferme et en dressant une liste des changements souhaités, y compris les changements aux bâtiments et aux terres. Un plan aide les producteurs à éliminer les obstacles réglementaires avant le début de la construction, à entrevoir à l’avance les tendances agricoles comme l’agrotourisme et à être prêts à entreprendre des projets à long terme comme la transformation d’un pâturage en verger.
Article par : Owen Roberts
Darlene McBain parle à Julien Boissonneault de son parcours comme jeune producteur qui a acheté sa propre ferme porcine à 19 ans.