Libérer les superpouvoirs des insectes

Votre chat adore attraper et manger des mouches? Après tout, c’est un carnivore! Il peut désormais déguster ses bestioles favorites directement dans sa nourriture, grâce à Entosystem.

Entosystem produit des protéines d’insectes pour la consommation animale, tout en réduisant le gaspillage alimentaire. En effet, l’entreprise récupère les fruits et légumes des épiceries et restaurants et les grains déclassés par les meuneries pour nourrir ses larves.

Les mouches à la rescousse

Comment transformer d’énormes quantités de matières organiques en une source de protéines de grande qualité en un temps record? Grâce à un insecte : la mouche soldat noire, une espèce non nuisible originaire du continent américain.

Entosystem utilise les larves de la mouche, au profil nutritionnel exceptionnel, pour remplacer la protéine de soya ou de poisson dans l’alimentation des animaux d’élevage et domestiques.

En seulement six jours, les larves accumulent la nourriture sous forme de protéines, de corps gras et autres nutriments. Une fois les larves juteuses à souhait, elles sont séchées puis broyées en une riche farine servant à la fabrication d’aliments pour animaux. Ce procédé circulaire zéro déchet permet également de transformer le fumier d’insectes en un excellent engrais approuvé pour la culture biologique.

Une forte conscience environnementale

Dès leur première rencontre, les deux co-fondateurs se sont immédiatement découvert des points communs qui leur ont servi d’inspiration : « Notre désir de faire quelque chose de grand pour la planète et notre goût de l’entrepreneuriat nous ont permis de créer Entosystem », déclare le président et co-fondateur Cédric Provost.

M. Provost et son co-fondateur, Jean-François Dépelteau, ont débuté leur élevage dans un appartement avec des bacs en plastique et ont vécu avec leurs insectes pendant un an et demi. Les colocataires ont même créé leurs prototypes d’équipements de production. 

Les temps ont bien changé et Entosystem construit actuellement une nouvelle usine ultra moderne de 100 000 pi2 à Drummondville, ce qui a nécessité des investissements de plus de 62 millions de dollars, dont un prêt de 10 millions de dollars de FAC. Elle sera en activité en mars 2023 et contribuera à la création de 70 nouveaux emplois.

Une protéine plus digestible pour la volaille

Selon des recherches effectuées par McDonald’s, la protéine d’insecte est plus digestible que la protéine végétale dans l’alimentation de la volaille, ce qui a un impact positif sur la qualité du fumier et sur le bien-être animal.

« J’ai déjà entendu un porte-parole de McDonald’s dire que son rêve était de servir à ses clients du poulet nourri aux insectes », mentionne M. Provost. « Moi mon rêve c’est de fournir la protéine d’insecte aux producteurs de poulet qui fournissent les restaurants McDonald’s. »

Un projet avant-gardiste

« La maturité entrepreneuriale des fondateurs m’a vraiment impressionné », mentionne Manuel Vaillancourt, directeur principal des relations d’affaires à FAC. Ils avaient fait leurs devoirs. Les paramètres de production agronomique ont tous été optimisés. Leur concept, c’est de l’agriculture moderne à tous les niveaux. »

M. Provost précise qu’une des priorités du projet de construction était d’obtenir une bonne ventilation. Pour relever ce défi, des cheminées de 30 mètres de hauteur seront dressées pour évacuer la chaleur et l’humidité. 

Les prouesses technologiques du bâtiment donnent aussi à l’entreprise une longueur d’avance sur l’échiquier environnemental : « Notre but est de capturer le marché en Amérique avant que les grandes entreprises étrangères ne viennent s’installer chez nous. Ultimement, nous allons même pouvoir vendre des crédits carbone aux entreprises qui polluent », se réjouit le co-fondateur.

Au Canada, près de 58 % de la nourriture produite termine à la poubelle. Ce gaspillage représente des pertes de plus de 30 milliards de dollars en aliments par an. Grâce à des entreprises comme Entosystem, une partie de ces aliments seront désormais récupérés. En encourageant davantage de solutions au gaspillage alimentaire au Canada, nous pouvons renforcer nos systèmes alimentaires et soutenir la transition du Canada vers une économie plus verte.