Des noisettes canadiennes dans votre chocolat bientôt
Bien qu’une grande partie de l’industrie agroalimentaire et des boissons du Canada ait été éprouvée par les perturbations causées par la pandémie, les transformateurs de chocolat et les producteurs de noisettes du pays espèrent tirer profit du penchant des consommateurs pour les plaisirs gourmands et la tendance croissante à « acheter local ».
« Le chocolat et les noisettes sont deux délicieux aliments qui se marient très bien », affirme Erica Gilmour, propriétaire et maîtresse chocolatière de Hummingbird Chocolate, à Almonte, en Ontario. Elle reconnaît d’ailleurs que l’Italie a perfectionné la combinaison parfaite des deux ingrédients en créant la tartinade de renommée mondiale Nutella.
« Nous sommes l’un des rares fabricants de chocolat “de la fève à la tablette” au Canada. Cela veut dire que nous n’achetons pas du chocolat déjà transformé, mais que nous importons plutôt des fèves de cacao et que nous confectionnons notre propre chocolat à partir d’ingrédients de base. Si nous pouvions ajouter des noix canadiennes à nos recettes, cela serait très bon pour nos affaires. »
La pandémie a ouvert des possibilités aux chocolatiers canadiens grâce à la nouvelle demande d’aliments locaux, pratiques, sains et issus du développement durable. Le chocolat noir et les noisettes font partie de cette liste sélective d’aliments puissants que les consommateurs considèrent à la fois comme des aliments contribuant à réduire le risque de maladies du cœur et comme une excellente source d’antioxydants.
Le Canada a importé dix millions de kilogrammes de noisettes en 2020, en hausse de 25 % par rapport à l’année précédente. Provenant principalement de la Turquie, les importations ont atteint une valeur de 105,8 millions de dollars en 2020.
Plusieurs producteurs visionnaires en Ontario ont commencé à planter des vergers de noisetiers. Kevin Hodge est l’un d’eux. Producteur de cultures commerciales à Burford, M. Hodge a choisi la production de noisettes pour diversifier son exploitation.
« J’ai commencé à établir un verger de noisetiers en 2018, et il devrait commencer à être rentable dans environ une dizaine d’années », explique M. Hodge. « Je devrais être à la retraite d’ici là, mais j’ai quatre enfants, et ils sont tous friands de Nutella. J’espère que l’un d’entre eux reprendra la production de noisettes et qu’elle sera lucrative. Un jour, on pourrait voir la mention “fabriqué avec des noisettes canadiennes” sur les étiquettes de Ferrero ou de Nutella. C’est mon rêve. »
« Je pense que la demande est là. Il nous faut simplement figurer comment l’exploiter, poursuit M. Hodge. Les agriculteurs canadiens ont la réputation de produire des ingrédients de qualité, mais de les vendre sur le marché du gros, puis la transformation a lieu à l’extérieur du pays. Ça serait bien d’être en mesure de vendre nous-mêmes nos produits finis au détail. »
M. Hodge est membre de l’Ontario Hazelnut Association, une association qui souhaite faire la promotion de la marque « Hazelnuts Ontario ». L’association travaille actuellement à l’élaboration d’un plan de marketing. Il n’existe pas de marché en ce moment pour la simple raison que la production canadienne n’est pas encore bien établie.
« Je ne savais pas jusqu’à récemment que le Canada produisait des noisettes », confie Mme Gilmour. En tant qu’entreprise toujours à la recherche d’ingrédients locaux, nous ferions un effort substantiel pour nous approvisionner en noisettes cultivées au Canada. »
Selon le rapport de Financement agricole Canada (FAC) sur le secteur des aliments et des boissons transformés publié en mars 2021, l’évolution de la demande et l’augmentation des coûts de production ont mis à mal la rentabilité de l’industrie de la fabrication du sucre et de la confiserie, mais l’année 2021 devrait être plus clémente avec la réouverture des entreprises du secteur de la restauration. Après avoir connu plusieurs confinements, les consommateurs recherchent aussi les petits plaisirs gourmands. FAC prévoit une augmentation des ventes de 12,3 % en 2021 (3,7 % de plus qu’en 2019).
L’attrait de l’alimentation saine devrait se maintenir en 2021, mais les plaisirs gourmands constituent également une tendance majeure. Une combinaison d’ingrédients sains et de qualité supérieure permettant de se différencier peut procurer un avantage concurrentiel dans des marchés de niche intéressants. Le développement et la commercialisation des produits peuvent être réévalués pour soutenir l’approche équilibrée des consommateurs en matière d’alimentation.
Selon un sondage mené par FAC en janvier 2021 afin de connaître si les Canadiens avaient changé leur comportement depuis le début de la pandémie, six répondants sur dix, soit 58 %, ont dit être plus susceptibles de se procurer des aliments cultivés et fabriqués au Canada; 56 % sont plus susceptibles de chercher des aliments cultivés et fabriqués au Canada, et 50 % sont plus portés à penser à la façon dont leurs aliments sont cultivés.
« Grâce au mouvement en faveur des aliments locaux, je crois que les consommateurs seront disposés à payer davantage pour des noisettes locales simplement parce qu’elles ont été cultivées en Ontario et qu’elles ne sont pas importées, ou du moins, je l’espère », ajoute M. Hodge.
Faits amusants sur la production de noisettes :
Un noisetier produit de cinq à quinze livres de noisettes par année.
Les noisetiers nécessitent une pollinisation croisée, et la récolte commence au début de septembre.
Il faut sept ans pour qu’un noisetier soit pleinement productif.
Un noisetier mature peut, avec un peu de chance, produire pendant plusieurs décennies.
Après la récolte, les coques brisées sont vendues comme paillis organique.