Mesures à prendre si vous connaissez une personne qui a du mal à gérer son stress
Une étude récente de l’Université de Guelph [en anglais seulement] a révélé que les agricultrices ont été les plus touchées mentalement par la pandémie.
Selon cette étude, menée auprès de 1 167 personnes travaillant en milieu agricole, les agricultrices étaient deux fois plus nombreuses que les agriculteurs à avoir cherché un soutien en matière de santé mentale ou de toxicomanie.
« C’était regrettable, mais pas surprenant, surtout compte tenu de la pandémie, de constater que les statistiques sur la santé mentale étaient encore une préoccupation chez les agriculteurs canadiens, déclare Andria Jones-Bitton, professeure au Collège de médecine vétérinaire de l’Ontario (Université de Guelph) et membre de l’équipe menant l’étude. Nous avons trouvé particulièrement frappantes les différences en fonction du sexe. » *
Des problèmes de santé mentale sont courants chez les personnes œuvrant dans le secteur agricole.
Le sondage comprenait des questions sur l’anxiété, la dépression, le stress ressenti, l’épuisement professionnel, la consommation d’alcool et la résilience, ainsi que des questions sur les changements remarqués par les participants pendant la pandémie relativement à ces aspects.
Selon Kim Keller, fondatrice de la Do More Agriculture Foundation, les résultats du sondage correspondent à ce que des agricultrices lui ont confié, à savoir que bon nombre d’entre elles ont assumé la plus grande part de la responsabilité de la garde des enfants et de l’enseignement à domicile pendant le confinement, en plus de leur travail habituel et des tâches familiales.
Mme Keller ajoute que la pandémie n’est qu’un des nombreux facteurs de stress pour les agriculteurs, car les problèmes de santé mentale sont courants chez les personnes œuvrant dans le secteur agricole.
Voici cinq mesures importantes à prendre si vous semblez (ou que l’une de vos connaissances semble) crouler sous un stress insurmontable, s’inquiéter constamment, ruminer des idées noires ou éprouver d’autres problèmes de santé mentale :
1. Être à l’affût de signes précurseurs
Megz Reynolds, directrice générale de la Do More Agriculture Foundation, a quitté l’agriculture en partie en raison des répercussions sur sa santé mentale et celle de sa famille. Elle explique que les sentiments et les comportements malsains peuvent être difficiles à déceler chez soi et chez les autres. Des comportements d’adaptation peuvent se manifester, comme le recours à l’alcool, et il peut être courant de prétendre que c’est normal alors que l’on devrait en parler.
« Prenons le cas de Megz qui, lorsqu’elle était agricultrice, injuriait un membre de sa famille pour avoir mal fait quelque chose alors qu’il voulait seulement être utile; avait du mal à dormir; ne se souvenait pas de ce qu’elle a fait la veille et avait de la difficulté à se concentrer », indique Mme Reynolds.
Au lieu de se dire que c’est naturel pour cette personne, les parents et amis doivent plutôt interpréter ce comportement comme un signe que quelque chose cloche et lui en parler pour voir si elle va bien.
2. Chercher de l’aide
La Do More Agriculture Foundation offre une liste complète et facilement consultable de ressources régionales, provinciales et nationales de soutien en santé mentale.
Même si le titre de certaines de ces ressources comporte le mot « crise », n’attendez pas une situation de crise pour appeler.
« Demander du soutien ne doit pas être une option de dernier recours. Prenez des mesures pour trouver de l’aide avant d’en arriver là », insiste Mme Keller.
3. Lancer la discussion
Il peut être difficile d’aborder le sujet de la santé mentale lorsque l’on souffre ou que l’on s’inquiète pour quelqu’un. Cependant, une simple conversation peut réduire l’isolement que l’on ressent face à un problème de santé mentale et en cherchant de l’aide.
Vous ne savez pas trop comment entamer une conversation? Mme Keller suggère de commencer comme ceci : « Bonjour, on dirait que tu n’es pas dans ton assiette. Est-ce que tout va bien? »
« Vous offrez ainsi à la personne la possibilité de s’ouvrir à vous, ou pas. Et elle sait aussi qu’elle peut vous parler à un autre moment », ajoute Mme Keller.
4. Soutenir sans tenter de régler le problème
Selon Mme Keller, il y a deux points essentiels à retenir si une personne vous dit qu’elle vit des moments difficiles.
« Tout d’abord, je la remercie de m’en parler et de me faire confiance. Ensuite, je la dirige toujours vers des ressources professionnelles », dit-elle.
Peu d’entre nous sont des professionnels formés en santé mentale. Nous devons aider cette personne à se sentir en sécurité et lui faire savoir que ce qu’elle nous a confié demeurera confidentiel et que nous nous soucions d’elle. Nous devons ensuite l’aider à trouver les ressources professionnelles dont elle a besoin.
Commencez par consulter les articles et autres ressources en santé mentale qui se trouvent sur le site Web de FAC. Si le besoin d’aide est plus urgent, transmettez ces renseignements, ou contactez vous-même les ressources pour aider votre ami ou le membre de votre famille.
5. Militer en faveur d’un soutien accru
Il y a eu de grands progrès dans le milieu agricole pour soutenir les agriculteurs, mais il reste du pain sur la planche.
« La sensibilisation à la santé mentale en agriculture s’est améliorée ces dernières années, mais nous devons poursuivre ces efforts pour apporter un soutien concret aux agriculteurs, déclare Mme Jones‑Bitton. Des initiatives d’éducation, de formation, de recherche et d’appui en faveur de la santé mentale et du mieux-être, le soutien du gouvernement et de l’industrie dans la réduction des facteurs de stress (dans la mesure du possible), ainsi que des ressources et des programmes propres aux identités de genre, seraient d’un grand secours. »
* Les participants au sondage devaient seulement consentir à répondre au sondage. Par conséquent, toutes les autres questions étaient facultatives. D’après les questions ayant obtenu une réponse, au moins 366 participants se sont identifiés comme des femmes et 565 comme des hommes.
Article par : Madeleine Baerg
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