Qu’est-ce qui est équitable lorsque chacun contribue différemment à la ferme?
Conseillère en transfert d’entreprise
Calgary, Alberta
Deux choses sont nécessaires pour exploiter une entreprise : du temps et de l’argent. Les associés membres d’une même famille peuvent contribuer à la main-d’œuvre, à la gestion, au financement ou à tous ces aspects. Cependant, pour trouver l’équilibre et l’harmonie, il est essentiel d’avoir des conversations qui garantissent que toutes les contributions sont valorisées d’une manière que chacun accepte de façon proactive.
Je vois parfois des situations où un membre de la famille travaille à temps plein dans l’exploitation et son frère ou sa sœur à temps partiel. La personne vivant et travaillant à la ferme profite des avantages du mode de vie agricole, tandis que celle qui n’y vit pas dispose d’un revenu disponible particulièrement élevé. Chaque avantage a une valeur, et cette valeur peut être perçue différemment selon la personne.
Ou alors, un jeune producteur n’a pas encore un poste de gestion dans l’exploitation, mais il acquiert de nouvelles compétences et contribue de manière importante à l’activité de l’entreprise. Quelle valeur cela a-t-il? Il est important de communiquer et de s’entendre à ce sujet, sans quoi le ressentiment risque de s’installer.
Une bonne façon de trouver un équilibre dans de tels cas est de suivre les gains au fil du temps. Pour une famille, il importe de fixer des attentes quant aux gains futurs. Décidez ensemble de ce qui est possible financièrement. Réfléchissez au montant de liquidités nécessaires pour assurer votre retraite ou pour ajouter d’autres actifs ultérieurement.
Veillez à ce que les décisions soient claires. Assurez-vous de savoir combien d’employés à temps plein ou à temps partiel l’exploitation peut se permettre d’embaucher, afin que les attentes soient réalistes. Si l’entreprise n’a pas la capacité d’employer tous les enfants à temps plein, la ou les personnes qui y travaillent à temps partiel peuvent-elles convertir leur apport en main-d’œuvre en participation future?
Conseillère en entreprise, FAC
Regina, Saskatchewan
Je pense que l’un des moyens les plus efficaces de garantir un sentiment d’équité et d’équilibre est de mettre en place des processus de gouvernance.
La gouvernance est le processus que vous utilisez pour éviter la rupture des relations. Elle vous permet de créer votre propre ensemble de règles sur la façon dont les contributions sont évaluées, consignées, suivies et rémunérées.
En l’absence de gouvernance, le terme « équitable » pourrait perdre son sens, car ce qui est équitable pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. Il est important que chacun participe à la discussion pour déterminer ce qui est équitable pour tous.
Par exemple, une personne peut apporter une contribution en dollars plutôt qu’en heures, et cette contribution sera considérée comme équitable en fonction des politiques que vous instaurez (au moyen de la gouvernance) sur la manière dont elle est mesurée et évaluée. Lorsque vous déterminez si une rémunération est équitable ou non, la notion d’équité doit être définie et convenue d’avance.
Lors de la mise en place d’un processus de gouvernance, il convient de commencer par quatre domaines principaux : la prise de décisions, la communication, la résolution de conflits et la rémunération.
Décidez ce que vous et votre famille voulez déterminer dans chaque domaine. S’il n’y a pas de « bonne » façon de procéder, il existe des méthodes et des outils éprouvés, et la gouvernance aide à choisir ceux qui vous conviennent le mieux.
Un facilitateur peut vous aider à décider ce qu’il faut inclure, en veillant à ce que chaque personne ait une chance égale de contribuer à déterminer ce qui est important pour elle et comment cela est mesuré ou évalué. Il peut vous aider à établir des règles en matière de rémunération, de communication et de résolution de conflits – comment sommes-nous gouvernés en tant que groupe? En cours de route, s’il y a une objection, vous aurez des règles concernant la résolution de conflit, puis vous les utiliserez pour déterminer la rémunération.
Essentiellement, la gouvernance est le processus par lequel on définit ce qui est équitable. Ce processus permet aux deux parties de s’entendre sur une même définition, de façon à ce que toutes les parties soient pleinement engagées. Il permet de s’assurer que tout le monde est aligné, s’est entendu et se sent responsabilisé.
Calculer l’apport en main-d’œuvre
La formule suivante, créée par Merle Good, spécialiste en succession agricole au cabinet GRS Consulting, peut servir à déterminer la valeur et à trouver l’équilibre. Elle indique que votre travail vaut plus que ce que l’exploitation peut se permettre de vous payer :
Valeur = liquidités + avantages (carburant, loyer, etc.) + capitaux propres
Exemple 1
La contribution de la jeune génération qui travaille à temps plein vaut 120 000 $ (bien au-delà du travail). Alors qu’ils ne perçoivent qu’un salaire de 55 000 $, on leur doit un apport en main-d’œuvre qui se chiffre à 65 000 $ pour 2023. Il convient de suivre et de consigner cet apport en main-d’œuvre. Il est pris en compte dans le bilan lorsque les différents apports sont convertis en participation dans l’entreprise, qu’il s’agisse de terres ou d’actifs opérationnels comme des bovins.
Exemple 2
Une fille de producteur agricole travaille à temps partiel à l’extérieur de la ferme. Elle n’a pas retiré de liquidités de l’entreprise, mais a investi dans celle-ci. Elle reçoit un crédit, qui est entièrement constitué de capitaux propres. Il faut en effectuer le suivi tous les ans. Même si cela ne fait pas partie du bilan, il faut le consigner. Tout le monde doit s’entendre sur les attentes relatives à l’apport en main-d’œuvre et sur la formule permettant de le convertir en capitaux propres, et les chiffres doivent être transparents.
Les familles peuvent faire le suivi de leur apport à l’exploitation dans un journal en ligne qui est révisé annuellement et auquel tout le monde a accès.
Pour déterminer les attentes annuelles de votre famille quant à la façon dont l’apport en main-d’œuvre sera converti en participation dans l’entreprise, posez les questions suivantes :
À quel moment et de quelle manière prévoit-on que l’apport en main-d’œuvre sera converti en actifs, et de quel type d’actif s’agira-t-il?
Comment abordons-nous la valeur temporelle de l’argent?
Comment cette question est-elle abordée dans le plan successoral des parents?
Assurez-vous de garder les voies de communication ouvertes et de communiquer les changements quant aux attentes. Veillez à tenir compte des objectifs et de la vision de chacun, y compris les objectifs familiaux individuels.
Officialisez le processus et les discussions à ce sujet et établissez des attentes relatives aux gains futurs – et faites-en le suivi!
D’après un article de l’AgriSuccès.