Un verger de la Colombie-Britannique gagne en saveur grâce à une gamme de sodas aux fruits
Avi Gill n’avait pas prévu un démarrage aussi rapide de sa nouvelle entreprise lorsqu’il a laissé sa carrière de pharmacien pour retourner à la ferme familiale. Son idée était de revaloriser la production fruitière de ses parents, qui cultivent des pommes et des cerises depuis 30 ans, notamment parce que ceux-ci avancent en âge et pensent à se retirer progressivement de l’exploitation.
« Mon père, Karma, a la réputation de cultiver des fruits de grande qualité, mais il est difficile de lancer une marque avec un produit à l’état brut. Une “pomme de la Colombie-Britannique”, ça reste une pomme », explique le sympathique jeune homme de 33 ans qui a grandi à la ferme de ses parents avant de déménager à Vancouver pour étudier à l’université.
La conception d’un plan d’affaires était une étape très importante de l’orientation de l’entreprise, pour le mois suivant et pour les cinq prochaines années.
Karma avait parfois songé à trouver des façons d’ajouter une valeur à ses récoltes, mais c’est lorsque Avi et son épouse Binny lui ont parlé de retourner à la ferme en 2018 qu’ils se sont attelés à l’élaboration d’un plan d’affaires officiel.
« La conception d’un plan d’affaires était une étape très importante de l’orientation de l’entreprise, pour le mois suivant et pour les cinq prochaines années, souligne Avi. Nous avons également tenu compte de l’entreprise dans son état actuel et de notre portrait financier. »
Avi a apporté sa vision pour l’entreprise et s’est servi de ses connaissances scientifiques pour mettre au point les produits. Ses parents ont transmis leur expérience en agriculture et en affaires, tandis que Binny est venue compléter le tableau grâce à son bagage en services bancaires aux entreprises agricoles. De fil en aiguille, l’idée de vendre du jus de fruits en boîte s’est transformée en la création d’une nouvelle boisson et l’acquisition d’une ligne de mise en canettes.
Combler une lacune du marché
En moins de quatre ans, l’entreprise Farming Karma Fruit Company est passée d’un concept à une gamme de produits qui se retrouve sur les tablettes de plus de 1 500 magasins de la Colombie‑Britannique, de l’Alberta et de l’Ontario.
Le nouveau « soda » aux fruits — sans sucre ajouté ni agent de conservation — a été conçu pour combler une lacune du marché : à mi-chemin entre la boisson gazeuse à saveur artificielle et le jus de fruits pur, il contient moins de sucre et de calories, conformément aux attentes des clients.
Conscients de l’importance du marketing et de l’histoire derrière le produit, ils l’ont nommé Farming Karma, en l’honneur du père d’Avi.
S’inspirant d’un concept de l’industrie viticole locale, un comptoir de dégustation à la ferme a été installé où les clients peuvent également observer la transformation des fruits. De plus, les jeunes entrepreneurs ont distribué des échantillons et vendu leurs produits au marché de producteurs de Kelowna afin de mieux connaître leurs clients et de recueillir leurs réactions, ce qu’ils font encore aujourd’hui. Les commentaires sont consignés en ligne puis discutés lors des réunions d’affaires que tiennent régulièrement les membres de la famille.
« Les consommateurs d’aujourd’hui font davantage de recherches sur les produits qu’ils achètent et consomment. L’information doit être facilement accessible sur divers canaux comme les médias sociaux. Nos valeurs fondamentales reposent sur notre contribution et notre intégration à la collectivité. En tant qu’entreprise, nous souhaitons offrir un produit sain et salubre, en plus d’incarner les principes positifs de l’agriculture — cultiver, donner, partager —, c’est-à-dire un bon karma », précise Avi.
Le réseautage précoce porte ses fruits
Même si Avi attribue à un épicier indépendant de Kelowna leurs premiers pas dans le marché de la vente au détail en 2019, il souligne également sa participation à un salon commercial cet été-l à.
« Je me suis rendu au Grocery Showcase de la Fédération canadienne des épiciers indépendants (FCEI), à Vancouver. Nous n’y avions pas vraiment notre place à ce stade précoce, mais mon père est un grand partisan du marketing et m’a dit : “Installe un kiosque et sois toi-même.” Notre espace était vraiment génial, et les représentants de Kraft dans le kiosque en face du mien nous ont vraiment encouragés en invitant des gens à passer nous voir, ce qui m’a permis d’établir des contacts. »
Save On Foods et Sobeys l’ont également approché pendant l’événement et, six mois plus tard, les boissons de Farming Karma se sont retrouvées sur les tablettes de ces deux magasins en Colombie‑Britannique. En avril 2021, le soda aux fruits de Farming Karma a été nommé le produit le plus novateur de l’année dans l’Ouest canadien par Sobeys.
« Le fait que je sois un jeune entrepreneur et que je sois honnête à propos de mes compétences m’a permis d’attirer l’aide des autres », mentionne Avi. Il a appris les notions de base de chaque facette de l’entreprise, du fonctionnement du matériel de production à la création de contenu marketing. Bien qu’il ait conçu le premier site Web de l’entreprise, il n’hésiterait pas à faire appel à des professionnels pour la refonte du site, par exemple.
« Je veux en savoir assez pour bien suivre la discussion lorsque je fais appel à des services externes. Je ne suis peut-être pas un expert dans tous les domaines, mais je n’ai pas honte de l’avouer. Il y a beaucoup de choses que je ne savais pas faire avant de lancer cette entreprise. »
Un avenir prometteur qui repose sur des bases solides
Aujourd’hui, Farming Karma produit des sodas à la cerise, à la poire, à la pêche, aux petits fruits mélangés, ainsi qu’à la pomme – première boisson de l’entreprise, qui demeure la préférée d’Avi. La société est constituée en entreprise familiale et compte cinq actionnaires au sein de la famille. Il n’y a pas d’autre accord formel, et la tenue des livres comptables se fait par gamme de produits, en maximisant les revenus et en réduisant les coûts de chacune des gammes.
L’entreprise vise la vente de ses produits à l’échelle nationale. Une nouvelle boisson alcoolisée aux fruits a récemment été créée à base de spiritueux locaux, inspirée par les suggestions des clients. Ce nouveau produit ajoute un niveau de complexité étant donné la réglementation en matière d’étiquetage et de commercialisation des produits alcoolisés. Dans toute cette aventure, Avi continue à suivre les conseils de son mentor en matière de gestion des risques, soit une croissance lente, mais soutenue.
« Nous avons établi des bases solides », précise Avi. Par exemple, à la demande d’Avi, l’entreprise a fait l’objet de plusieurs inspections dans le cadre de l’Initiative mondiale pour la salubrité des aliments (GFSI). « Cela devient de plus en plus facile, dit-il. Si nous avions commencé aujourd’hui, cela représenterait une tâche colossale, mais maintenant, nous pouvons nous appuyer sur ces bases, tout comme pour le marketing et les finances. »
Une ligne de mise en canettes plus rapide entrera bientôt en service, et l’on envisage déjà d’augmenter la capacité.
« Je suis le premier à admettre que je ne peux pas faire ce que mes parents ont fait, mais j’espère que les prochaines générations se tourneront vers la création d’une image de marque et de produits à base de fruits à valeur ajoutée. Construire quelque chose de nouveau n’est pas une tâche facile, mais c’est gratifiant et amusant. »
Conseils pour faire croître votre entreprise
Misez sur la valeur ajoutée
Ayez une vision réaliste
Faites vos calculs avant d’investir
Apprenez les notions de base de toutes les facettes de l’entreprise
Prévoyez les coûts supplémentaires dans votre budget
Admettez que vous êtes débutant ou sans expérience
D’après un article de l’AgriSuccès par Myrna Stark Leader.
On dit que l’intelligence artificielle transformera nos vies et qu’elle bouleversera l’ensemble des secteurs d’activité. Découvrez comment l’intelligence guidée par les données est susceptible d’influer sur votre exploitation agricole.