Les habitudes d’achat d’aliments des Canadiens évoluent : Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2024
Les renseignements suivants proviennent du Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2024, qui met en lumière les défis et les occasions pour l’industrie agroalimentaire au Canada. Pour en savoir plus, consultez l’intégralité du rapport.
L’année 2023 a été une année de vaches maigres pour les fabricants canadiens d’aliments et de boissons, mais les perspectives globales pour 2024 sont plus positives. Certains secteurs devront se méfier de vents contraires à l’heure où les consommateurs modifient leurs habitudes d’achat en raison de l’inflation et des taux d’intérêt qui demeurent élevés. Toutefois, la croissance démographique et la stabilisation – dans certains cas, la diminution – des coûts des intrants semblent annonciatrices d’une amélioration des marges pour 2024.
Les habitudes d’achat d’aliments des Canadiens évoluent
La forte inflation des deux dernières années, ainsi que les hausses correspondantes des taux d’intérêt visant à la combattre, resserre les budgets des ménages. La tendance à dépenser les montants substantiels épargnés pendant la pandémie s’est essoufflée, car les budgets des ménages se resserrent en plein ralentissement économique et le service de la dette (en proportion du revenu disponible) atteint des niveaux records. Les consommateurs disposent donc de moins d’argent à consacrer à des dépenses discrétionnaires ou à l’achat de produits dispendieux. De nombreux consommateurs affirment que les répercussions des taux d’intérêt élevés commencent à peine à se faire sentir sur leurs dépenses.
En 2023, les Canadiens ont dépensé moins en moyenne pour les aliments et les boissons. Il y a beaucoup d’information à analyser dans cette observation. En 2020 et 2021, les Canadiens disposaient de liquidités abondantes, les restrictions et les confinements imposés par la pandémie limitant les possibilités de dépenser. L’un des rares endroits où les gens pouvaient dépenser leur argent était l’épicerie. En 2020 seulement, les dépenses par habitant consacrées aux aliments et aux boissons à l’épicerie ont augmenté de 6,4 % par rapport à l’année précédente. Pour faire une mise en contexte, au cours des 15 années qui ont précédé la pandémie, ce chiffre n’avait augmenté que de 0,5 % par année. Le montant moyen dépensé à l’épicerie pour l’achat d’aliments a diminué en 2021 (par rapport à la forte augmentation de 2020), mais il était toujours 5,3 % plus élevé qu’en 2019. Toutefois, en 2023, ce montant était tombé à son point le plus bas depuis 2013. Dans les restaurants et dans les bars, les dépenses par habitant ont rebondi si on les compare au fort ralentissement en début de pandémie sans toutefois dépasser le niveau observé il y a près d’une décennie.
Le fait de dépenser plus ou moins d’argent pour des aliments ne signifie pas nécessairement que les gens achètent plus ou moins d’aliments (même si cette possibilité n’est pas exclue). Il faut également tenir compte de l’évolution des habitudes d’achat. À mesure que les prix des aliments augmentaient en 2022 et 2023, les consommateurs ont commencé à acheter plus d’articles en solde, à acheter des marques moins chères, à magasiner plus souvent chez des détaillants à faible coût et oui, à réduire la quantité d’aliments achetés. Selon le Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, nous devrions nous attendre à ce que ces changements de comportements se poursuivent. Par exemple, en 2024, plus de quatre Canadiens sur dix (43 %) affirment qu’ils surveilleront les rabais et les promotions, tandis que plus d’un Canadien sur cinq (21 %) dit qu’il optera pour des produits génériques ou de marque maison.
Quelles possibilités s’offrent aux fabricants d’aliments et de boissons en 2024?
L’évolution des habitudes d’achat ne signifie pas nécessairement que les possibilités qui s’offriront aux fabricants d’aliments et de boissons seront moins nombreuses. Selon l’International Food Information Council, lorsque l’on demandait aux consommateurs ce qui influençait leur décision d’acheter un produit alimentaire en 2023, le goût demeurait le facteur principal, suivi du prix. Toutefois, la proportion de répondants qui ont indiqué le prix comme facteur a augmenté depuis 2021. Étant donné que les consommateurs sont devenus de plus en plus sensibles aux prix depuis quelques années, les transformateurs ont modifié le format des emballages et remplacé des intrants par des ingrédients moins chers dans la mesure du possible. L’aspect santé, la commodité et la durabilité complètent la liste des cinq principaux facteurs qui influent sur l’achat d’un aliment. Pour stimuler les ventes en 2024, il faudra innover et répondre à ces exigences des consommateurs.
La croissance et la diversification accrue de la population canadienne présentent des occasions supplémentaires. Au 1er octobre 2023, la population du Canada était estimée à 40,5 millions d’habitants. Plus d’un million de personnes sont arrivées au pays au cours des neuf premiers mois de 2023. Cela fait beaucoup plus de bouches à nourrir. La croissance démographique étant principalement attribuable à l’immigration internationale, les préférences alimentaires du pays deviennent de plus en plus diversifiées, offrant aux fabricants d’aliments des occasions de servir des segments de marché spécialisés, mais en pleine croissance.
Nos prévisions pour 2024
Les Services économiques FAC prévoient que les ventes de la fabrication d’aliments et de boissons reculeront de 1,4 % en 2024, passant de 164,9 milliards de dollars à 162,6 milliards de dollars. Cependant, les marges brutes s’amélioreront légèrement; notre indice de marge brute prévoyant une hausse de 1,5 % en moyenne. Les estimations de marges brutes varient considérablement selon le secteur; certaines fonctionneront mieux que la moyenne et d’autres auront de moins bons résultats.
La résilience de l’économie américaine constitue un facteur d’incertitude dans nos prévisions, puisque 80 % de nos exportations d’aliments et de boissons avaient les États-Unis pour destination en 2023. Si l’économie américaine continuait de surpasser les attentes, les exportations pourraient nous surprendre positivement et transformer la légère contraction des ventes prévue en légère croissance.
Bien que cela puisse sembler contraire à toute logique, ces perspectives s’appuient sur des raisons simples. Au cours des trois dernières années, la croissance des ventes a été en grande partie stimulée par l’inflation, les fabricants essayant du mieux qu’ils le pouvaient de répercuter les hausses des coûts des intrants afin de protéger leurs marges. En 2023, les coûts des intrants ont commencé à se stabiliser et, dans certains cas, ont carrément diminué. Les prix de nombreux produits de base sont nettement plus bas aujourd’hui qu’au cours des deux dernières années; les coûts du carburant et du transport ont diminué, et la croissance des coûts d’emballage a ralenti. La croissance des salaires demeure élevée, même si la baisse du taux de postes vacants indique que cette croissance sera plus modérée plus tard cette année. Nous nous attendons à ce que ces tendances se maintiennent en 2024. Somme toute, la baisse du coût des marchandises vendues sera plus importante que le recul des ventes, ce qui favorisera une légère augmentation des marges cette année.
La diminution de l’incidence sur l’inflation devrait également offrir un certain répit dans les épiceries. Les Services économiques FAC prévoient que le taux d’inflation des aliments achetés en épicerie glissera sous la barre des 2 % d’ici le printemps et restera dans une fourchette d’environ 1 % à 2 % pour le reste de l’année (figure 1). Au-delà de cette année, les hausses des prix des aliments devraient se stabiliser autour de leurs niveaux d’avant la pandémie.
Figure 1 : Le taux d’inflation des prix des aliments vendus en épicerie continuera à ralentir en 2024
Le Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2024 fournit des prévisions des ventes et des marges
pour chacun des secteurs, ainsi qu’un segment « Pleins feux » qui met en lumière les défis et les occasions uniques de chaque secteur.