La tendance à la hausse de la valeur des terres agricoles en 2023 indique un marché résilient
Les conditions économiques dans le secteur agricole se sont détériorées tout au long de 2023. La production de grandes cultures au Canada a diminué en 2023 en raison des conditions de sécheresse dans l’Ouest canadien et des pressions générales sur les prix des produits de base. Les coûts des intrants et les taux d’intérêt sont demeurés élevés, ce qui a entraîné un resserrement des marges bénéficiaires. Malgré tout, FAC fait état d’une hausse moyenne de 11,5 % de la valeur des terres cultivées au Canada en 2023, la deuxième en importance depuis 2014. Il s’agit d’une augmentation légèrement inférieure à la croissance moyenne enregistrée l’an dernier. Le présent billet résume les tendances provinciales observées concernant la valeur des terres cultivées, et le rapport intégral Valeur des terres agricoles de FAC présente aussi les tendances provinciales et régionales concernant la valeur des terres irriguées et des pâturages.
Tendances provinciales
Notre analyse vise la période du 1er janvier au 31 décembre 2023. C’est en Saskatchewan que la valeur moyenne des terres agricoles a le plus augmenté (15,7 %), suivie du Québec (13,3 %) et du Manitoba (11,1 %) (figure 1).
Dans toutes les autres provinces, la croissance a été inférieure à la moyenne nationale : les hausses moyennes ont été de 10,7 % en Ontario, de 7,8 % en Nouvelle-Écosse, de 7,4 % à l’Île-du-Prince-Édouard, de 6,5 % en Alberta et de 5,6 % au Nouveau-Brunswick.
Pour la première fois depuis plusieurs années, nous annonçons une baisse dans une province, soit la Colombie-Britannique, où la valeur des terres a diminué en moyenne de 3,1 %. C’est dans cette province que la valeur à l’acre est la plus élevée au pays, et les diminutions les plus marquées ont été observées dans les régions de la province où la valeur à l’acre est la plus élevée.
Figure 1 : Variations moyennes de la valeur des terres agricoles cultivées en 2023
L’encaisse stimule la croissance
Statistique Canada indique qu’entre 2022 et 2023, les recettes totales tirées des grandes cultures ont affiché la plus forte croissance en Saskatchewan (6,1 %) et au Manitoba (4,4 %) (tableau 1). La plus forte appréciation signaléeentre 2021 et 2022 a été recensée au Québec (28,9 %) et en Ontario (27,3 %). Ces quatre provinces devancent toutes les autres pour ce qui est de l’appréciation de la valeur des terres agricoles en 2023. Cette corrélation positive entre les recettes et l’appréciation de la valeur des terres indique que les liquidités se traduisent par un pouvoir d’achat accru et une plus grande demande de terres agricoles.
Tableau 1 : Recettes totales tirées des grandes cultures (y compris les recettes différées provenant des céréales)
Le ratio du fonds de roulement moyen de ces quatre provinces a augmenté de 2020 à 2022 (figure 2). À la fin de 2022, il était nettement supérieur à la moyenne des 20 dernières années. Dans l’ensemble, les exploitations agricoles étaient en bonne posture pour respecter leurs obligations financières, car l’actif à court terme dépasse de loin le passif à court terme. Le bilan de l’agriculture canadienne s’est sans doute détérioré en 2023 en raison de la baisse des prix des produits agricoles, des rendements plus faibles dans les provinces des Prairies, ainsi que des taux d’intérêt et des coûts des intrants élevés (les données de 2023 seront publiées dans le courant de l’année). Pourtant, la tendance antérieure à 2023 suggère que la bonne santé financière de l’agriculture canadienne peut soutenir la demande de terres agricoles. La forte demande de terres agricoles conjuguée à une offre limitée de terres agricoles explique la forte croissance de leur valeur.
Figure 2 : Ratio du fonds de roulement moyen en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario et au Québec
Perspectives pour 2024
Le marché des terres agricoles a affiché en moyenne une autre année de croissance solide l’an dernier, et 2024 pourrait être une année pivot. On s’attend à ce que les marges bénéficiaires des exploitations de céréales, d’oléagineux et de légumineuses soient plus serrées que la moyenne sur cinq ans la plus récente. Même si la Banque du Canada est susceptible d’abaisser son taux directeur au cours du deuxième semestre de l’année, les coûts d’emprunt demeureront élevés. Dans ce contexte économique, notre prochain billet de blogue, qui sera publié le 27 mars, portera sur la détérioration de l’accessibilité économique des terres agricoles.
Article de : Corbin Chau, analyste de données, Évaluation