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Aperçu de la situation macroéconomique au quatrième trimestre de 2022 : ralentissement de l’économie canadienne

8 déc. 2022
7,5 min de lecture

Aperçu

La Banque du Canada (BdC) augmente énergiquement son taux directeur afin de lutter contre l’inflation. Si cette mesure se révèle efficace, les Canadiennes et les Canadiens constatent rapidement que l’inflation et les mesures prises pour la contenir mettent à mal leur pouvoir d’achat. Les taux d’intérêt plus élevés freinent la croissance des investissements des entreprises et entravent l’accès au crédit pour les consommateurs. La bonne nouvelle, c’est que le cycle de resserrement actuel de la BdC semble tirer à sa fin, puisque l’inflation diminuera en 2023. Cependant, l’économie canadienne ralentira au point où elle pourrait entrer dans une légère récession technique, car les marchés du crédit se resserrent et les taux demeurent élevés.

PIB

L’économie canadienne a affiché des signes de faiblesse au troisième trimestre, la croissance du PIB ayant ralenti d’un trimestre à l’autre (figure 1). Bien que les exportations soient demeurées vigoureuses, la croissance des dépenses de consommation et des investissements des entreprises a ralenti, et la croissance du PIB devrait continuer de ralentir en 2023. La croissance annuelle du PIB pour 2023 devrait s’établir à 0,5 %, et on s’attend à deux trimestres consécutifs de légère contraction. Les prévisions sont similaires pour les États-Unis, où la croissance du PIB pour 2023 devrait s’établir à 0,2 %.

L’ampleur du ralentissement économique demeure une question importante. Les marchés du travail et des produits de base, qui sont des facteurs positifs de croissance, sont particulièrement tendus en ce moment. Le marché du crédit et la perte de pouvoir d’achat des consommateurs sont préoccupants, même si les dépenses demeurent vigoureuses. Les taux d’intérêt élevés continueront de freiner la demande, et la BdC a expliqué clairement qu’elle n’hésitait pas à sacrifier quelque peu la croissance pour faire diminuer l’inflation.

Figure 1. La croissance du PIB devrait ralentir au début de 2023

Graphique montrant le figure 1 : La croissance du PIB devrait ralentir au début de 2023

Sources : Services économiques FAC, Bloomberg

Politique de la banque centrale et marchés des obligations

Le taux du financement à un jour de la Banque du Canada et l’inflation

Le 7 décembre, la BdC a relevé son taux du financement à un jour de 3,75 % à 4,25 %, le faisant entrer dans ce que l’on considère comme une fourchette restrictive. Les Services économiques FAC s’attendent maintenant à ce que la BdC s’emploie davantage à réduire son actif. Dans l’intervalle, nous nous attendons à ce que la BdC laisse son taux directeur à 4,25 % et évalue l’influence de ces mesures sur l’économie et l’inflation avant d’envisager sa prochaine décision (tableau 1). Une autre hausse ou une évolution latérale de l’inflation pourrait se traduire par des hausses de taux supplémentaires.

Tableau 1. Le taux directeur de la BdC devrait atteindre un sommet au début de 2023

Tableau montrant le tableau 1 : Le taux directeur de la BdC devrait atteindre un sommet au d�ébut de 2023

Sources : Services économiques FAC, Banque du Canada, Réserve fédérale des États-Unis

En octobre, l’inflation globale s’est établie à 6,9 % en glissement annuel, comparativement au taux moyen de 7,2 % au troisième trimestre. L’inflation des prix des aliments y joue pour beaucoup; elle a diminué légèrement en octobre pour s’établir à 10,1 % contre 10,3 % en septembre, ce qui demeure nettement supérieur au taux que la plupart des Canadiennes et des Canadiens considèrent comme acceptable. Les prix des produits agricoles ont diminué par rapport au sommet atteint au début de 2022, mais d’après les dernières prévisions des Services économiques FAC, les prix resteront exceptionnellement élevés jusqu’en 2023. Néanmoins, nous prévoyons que l’inflation des prix des aliments s’atténuera en 2023 grâce à un accroissement des stocks nord-américains de céréales et d’oléagineux. Les marchés de l’énergie demeurent susceptibles de subir d’importantes fluctuations à court terme. Une baisse du taux de change du dollar canadien par rapport au dollar américain entraînera probablement une hausse des prix à l’importation. La hausse des salaires continue également de poser un problème dans un marché du travail tendu. De façon générale, nous prévoyons que l’inflation globale diminuera autour de 3 % à la fin de 2023. L’inflation sous-jacente devrait demeurer élevée, ce qui devrait inciter la BdC à maintenir son taux directeur à un niveau élevé.

Tableau 2. L’inflation globale devrait continuer à diminuer en 2023

Tableau montrant le tableau 2 : L’inflation globale devrait continuer à diminuer en 2023

Sources : Bloomberg, Statistique Canada, Services économiques FAC

La Réserve fédérale des États-Unis augmente aussi vigoureusement son taux directeur. Nous nous attendons à ce qu’elle relève les taux d’un autre point de pourcentage tout en maintenant une politique accommodante à l’égard de son bilan. Depuis son sommet de 2021, l’actif total de la BdC a diminué de 28 %, tandis que celui de la Réserve fédérale a diminué de 4 %. Dans les deux cas, la valeur de l’actif demeure particulièrement élevée, et même si les deux banques centrales n’hésiteront pas à fournir des liquidités supplémentaires en cas de besoin, elles restent déterminées à long terme à réduire leur actif.

Taux fixes

Les rendements des obligations à court terme augmentent plus rapidement que ceux des obligations à long terme depuis juin, et c’est depuis ce temps qu’une récession liée aux mesures prises par la BdC semble de plus en plus probable. Les investisseurs préfèrent se tourner vers les obligations à long terme en période d’incertitude économique car, historiquement, leurs prix sont moins volatils que ceux des autres actifs, ce qui réduit les rendements. Ces facteurs combinés se traduisent par une courbe de rendement inversée (les obligations à court terme ayant un rendement supérieur à celui des obligations à long terme), ce qui n’est pratiquement jamais arrivé ces 30 dernières années (figure 2). Pour les investisseurs, les obligations de deux ans rapportent des rendements qui dépassent de près de 100 points de base celui des obligations de dix ans.

Une courbe de rendement inversée est souvent annonciatrice d’un ralentissement économique, mais ne signifie pas nécessairement qu’une récession est imminente. Par exemple, en 2000, la courbe a basculé dans le négatif, mais le Canada n’est pas entré en récession. Toutefois, il est préoccupant de voir à quel point la courbe est négative.

Figure 2. L’inversion de la courbe de rendement atteint un point culminant en 30 ans

Graphique montrant le figure 2 : L’inversion de la courbe de rendement atteint un point culminant en 30 ans

Sources : Statistique Canada, Réserve fédérale des États-Unis, Banque du Canada

À l’approche de 2023, nous nous attendons à une hausse des taux à long terme et à une baisse des taux à court terme. Ces deux taux devraient demeurer élevés jusqu’à la fin de 2023.

Tableau 3. Les taux à long terme devraient augmenter en 2023

Tableau montrant le tableau 3 : Les taux à long terme devraient augmenter en 2023

Sources : Statistique Canada (rendements historiques), Moody’s Analytics (prévisions)

Coup d’œil sur les taux de change et sur les marchés étrangers

USD par CAD

Le dollar canadien s’est affaibli en septembre et en octobre en raison de la remontée du dollar américain, et la BdC a laissé entendre que les prochaines hausses de taux seraient moins énergiques. Récemment, le dollar américain s’est déprécié en raison du ralentissement de l’inflation aux États-Unis, les perspectives économiques se sont détériorées et, en conséquence, les prévisions concernant les prochaines hausses de taux se sont refroidies. Nous nous attendons à ce que le huard se maintienne autour de 0,70 $ US au cours de la prochaine année étant donné que la croissance plus faible de l’économie canadienne et la diminution des prix du pétrole feront contrepoids à la faible croissance aux États-Unis (tableau 4).

EUR par CAD

En octobre, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé son taux créditeur, le faisant passer de 0,75 % à 1,50 %, niveau le plus élevé en plus d’une décennie. Le taux créditeur devrait augmenter d’encore 0,50 % à 0,75 % le 15 décembre. L’inflation dans la zone euro a continué d’augmenter en septembre, passant de 9,9 % à 10,6 % sur douze mois. La politique plus énergique de la BCE et les attentes d’inflation plus faibles en raison de la baisse des prix du gaz naturel ont fait perdre au dollar canadien une partie des gains qu’il a enregistrés depuis le début de l’exercice. Nous nous attendons à ce que le huard demeure vigoureux par rapport à l’euro, mais à ce qu’il diminue légèrement en 2023 par rapport à la moyenne de 2022.

Tableau 4. Le dollar canadien devrait continuer de se déprécier par rapport au dollar américain

Tableau montrant le tableau 4 : Le dollar canadien devrait continuer de se déprécier par rapport au dollar américain

Sources : Services économiques FAC, Statistique Canada


Financement agricole Canada (FAC) s’emploie à fournir de l’information et des analyses exactes et utiles. Le contenu ci-présenté été rassemblé ou dérivé de sources jugées fiables. Cependant, FAC ne peut garantir l’exactitude des renseignements qui se trouvent dans le présent rapport. Toutes les estimations et opinions contenues dans le présent rapport constituent des jugements à la date du présent rapport et peuvent être modifiées sans préavis. FAC ne fait aucune déclaration ni ne donne aucune garantie, expresse ou implicite, concernant ce rapport et décline toute responsabilité quant aux erreurs et omissions qui pourraient y figurer. FAC n’acceptera aucune responsabilité à l’égard des pertes causées par toute mesure ou décision prise par le lecteur à la lumière des renseignements que contient ce rapport.

Kyle Burak

Expert principal, science des données

Kyle Burak s’est joint à FAC en 2020 et occupe le poste d’expert principal, science des données. Il se spécialise dans la surveillance et l’analyse du portefeuille d’agroentreprise et agroalimentaire de FAC, la santé de l’industrie, et les risques inhérents au secteur. Avant de se joindre à FAC, Kyle a travaillé au service de l’approvisionnement et du marketing d’un détaillant alimentaire canadien. Il est titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université de Victoria.