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Le Canada accroît son autosuffisance au chapitre de la production de fruits et légumes frais

26 juin 2024
6,5 min de lecture

Le climat canadien n’est pas toujours propice à la production de nombreux fruits et légumes frais, d’où une production limitée pendant les mois d’hiver. Toutefois, la croissance dans le domaine des serres et de l’agriculture verticale ainsi que l’augmentation de la production traditionnelle de fruits et de légumes de plein champ ont permis d’accroître la production de fruits et de légumes au pays et de diminuer le recours aux importations pour la consommation (bien qu’il soit encore très répandu). Une plus grande dépendance à l’égard de la production canadienne de fruits et légumes frais est une tendance positive tant pour les producteurs que pour les consommateurs, compte tenu des incertitudes qui pèsent sur la production et le commerce à l’étranger.

Un portrait plus global de la production alimentaire canadienne

Nous entendons souvent les propos suivants : Le Canada, un pays qui a la chance de disposer d’une abondance de produits agricoles bruts, ne dispose pas d’une capacité à valeur ajoutée suffisante sur son territoire; ses matières premières sont simplement expédiées à l’étranger pour être transformées ailleurs, et il s’agit là d’une possibilité économique ratée. Mais est-ce vrai?

Commençons par ce fait : dans l’ensemble, le Canada cultive tout simplement plus de produits agricoles et produit plus d’aliments que sa population ne peut en consommer. L’agriculture est un secteur qui dépend des exportations. Il ne faut pas non plus négliger la vigueur actuelle du secteur canadien de la fabrication d’aliments et de boissons : c’est le plus grand secteur manufacturier du pays, représentant plus de 19 % de toutes les ventes manufacturières en 2023 et faisant travailler plus de 300 000 personnes. Cela dit, le pourcentage de produits alimentaires canadiens consommés à l’intérieur de nos frontières a récemment diminué. Au début du siècle, le Canada produisait suffisamment d’aliments pour répondre à environ 80 % de ses propres besoins alimentaires; ce nombre a chuté à 70 % en 2015 et a maintenu ce niveau au cours de la dernière décennie. Il y a plus à faire dans ce domaine, mais l’industrie agroalimentaire canadienne est, dans l’ensemble, sur une base solide.

La dépendance à l’égard des importations de fruits et légumes frais diminue

Il existe cependant de nombreux aliments que nous consommons (comme les fruits et légumes frais) qui ne sont pas tous fabriqués (comme le pain et les saucisses). À cet égard, nous devons adopter une approche différente pour mesurer notre propre capacité de production nationale – et la dépendance (ou l’absence de dépendance) à nos partenaires commerciaux.

Un ratio de dépendance aux échanges commerciaux mesure la dépendance d’un produit aux échanges commerciaux en comparant les importations et exportations nettes à la consommation globale. Une valeur de zéro indique que le Canada est autosuffisant, c’est-à-dire que la production intérieure correspond exactement à la consommation. Une valeur négative signifie que le Canada est un importateur net alors qu’une valeur positive dénote une position d’exportateur net.

En d’autres mots :

  • Une valeur de -2 signifie que les importations nettes du Canada sont deux fois plus importantes que sa production.

  • À l’inverse, une valeur de +2 signifie que les exportations nettes du Canada sont deux fois plus importantes que sa consommation.

En ce qui concerne les fruits et légumes frais, il n’est pas surprenant que le Canada soit un importateur net (figure 1). Il y a très peu de fruits et légumes frais pour lesquels le Canada est un exportateur net. Il existe également des produits qui ne figurent pas dans le graphique ci-dessous, car notre production est extrêmement limitée (par exemple, les pois, les fraises, les poires, les épinards et les pêches) et qui ne sont donc pas représentés.

Figure 1 : Le Canada est un importateur net de nombreux fruits et légumes frais

Un graphique démontrant que le Canada est un importateur net de nombreux fruits et légumes frais

Ratios moyens de 2021 à 2023. Les données portent uniquement sur les produits frais et excluent donc les produits surgelés et en conserve.

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC

Considérés de manière isolée, les résultats ne sont pas surprenants, étant donné le climat du pays et l’avantage comparatif des autres pays en matière de production de fruits et légumes frais. Toutefois, il est important de déterminer le rendement actuel du Canada par rapport aux années précédentes et de savoir si le pays devient plus ou moins autosuffisant en ce qui concerne la production de fruits et légumes frais.

Nous examinons ici l’évolution de notre ratio de dépendance aux échanges commerciaux au fil du temps. Sur les 28 produits énumérés ci-dessous, le ratio s’est amélioré pour 20 d’entre eux au cours des dix dernières années (tableau 1). Seuls cinq produits ont vu leur ratio de dépendance aux échanges commerciaux se détériorer.

Tableau 1 : Évolution du ratio de dépendance aux échanges commerciaux des fruits et légumes frais

Tableau montrant l’évolution du ratio de dépendance aux échanges commerciaux des fruits et légumes frais au cours de la dernière décennie.

Les ratios positifs (c’est-à-dire lorsque le Canada est un exportateur net d’un produit) sont surlignés en vert. Les patates douces ne sont pas incluses dans le tableau en raison de l’absence de données de production pour la période de 2011 à 2013. Les abricots ne sont pas inclus dans le tableau en raison de l’absence de données de production disponibles en 2021.

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC

Bien que nous demeurons un importateur net pour la majorité de ces fruits et légumes frais, notre dépendance envers les partenaires commerciaux pour obtenir ces produits de base a diminué.

Ces ratios pourraient changer pour une multitude de raisons : une production plus ou moins élevée, plus ou moins d’échanges commerciaux, plus ou moins de fruits et de légumes détournés vers d’autres produits en aval (comme les produits surgelés ou les salades préemballées) ou une diminution/augmentation de la consommation. Prenons l’exemple des nectarines, le produit qui a connu la meilleure amélioration pour ce qui est des échanges commerciaux. La production canadienne de nectarines a augmenté au cours des dix dernières années, mais les importations ont chuté de plus de 50 % en raison de l’évolution des préférences des Canadiens, qui consomment moins de nectarines aujourd’hui qu’en 2011-2013. Dans l’ensemble, notre dépendance aux importations de nectarines a diminué, principalement en raison de la baisse de la demande.

La bonne nouvelle, cependant, est que la production de plusieurs de ces produits a augmenté (figure 2). Une grande partie de la production a crû d’au moins 10 pour cent.

Figure 2 : Évolution des niveaux moyens de production de certains fruits et légumes frais

Un graphique démontrant l’évolution des niveaux moyens de production de certains fruits et légumes frais.

Évolution de la production annuelle moyenne entre 2011-2013 et 2021-2023.

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC

En conclusion

Malgré la rhétorique qui accompagne le sentiment protectionniste, le commerce est mutuellement bénéfique dans l’ensemble. En outre, les secteurs agricole et agroalimentaire canadiens dépendent des exportations, ce qui signifie que le libre-échange et l’ouverture des échanges resteront importants pour la santé financière de l’industrie. Les contraintes de la chaîne d’approvisionnement liées à la pandémie ont fait prendre conscience de la complexité des réseaux logistiques mondiaux, et la concentration de la production de produits agricoles dans un petit nombre de régions seulement comporte certains risques. L’augmentation de la production nationale de fruits et de légumes devrait placer le Canada dans une meilleure position en cas de perturbation de la chaîne d’approvisionnement mondiale ou de phénomènes météorologiques perturbant la production dans les pays d’où nous importons. Malgré les difficultés de production liées aux conditions météorologiques à l’échelle nationale ces dernières années, les perspectives à long terme du secteur sont positives.

x.com/Graeme_Crosbie
Graeme Crosbie

Économiste principal

Graeme Crosbie est économiste principal à FAC. Ses domaines d’intérêt portent notamment sur l’analyse et les perspectives macroéconomiques et sur l’analyse et la surveillance de l’industrie agroalimentaire canadienne. Ayant grandi sur une ferme laitière dans le sud de la Saskatchewan, il formule à l’occasion des observations sur la santé de l’industrie laitière du Canada.

Graeme est employé à FAC depuis 2013 et a consacré la plus grande partie de ces années à la gestion du risque. Il détient une maîtrise en gestion avec spécialisation en économie financière de l’Université de Cardiff ainsi que le titre d’analyste financier agréé (CFA).