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La rentabilité du secteur du bétail dépendra de la capacité nord-américaine de transformation

12 mai 2020
3,5 min de lecture

Il y avait de l’optimisme dans le secteur de la viande rouge au début de l’année 2020. Les prix des bovins et des porcs affichaient une tendance à la hausse par rapport à 2019. L’éclosion de COVID-19 a mis à rude épreuve la filière de la viande rouge en raison d’une importante réduction des abattages partout en Amérique du Nord. Par conséquent, nos prévisions de prix du bétail pour 2020 (tableau 1) ont considérablement changé.

Tableau 1. Baisse des prix moyens prévus du bétail en 2020

Sources : Statistique Canada, AAC, USDA, CanFax, CME et calculs de FAC.

Il est particulièrement difficile de prévoir les prix dans le contexte actuel très incertain. Toutefois, les tendances du début de l’année et les marchés à terme fournissent des indications utiles. Les prix des bouvillons engraissés de l’Ouest canadien ont chuté de 30 % par rapport au début de l’année, la baisse s’étant produite surtout au cours des quatre dernières semaines. Dans l’Est du Canada, les prix des porcs de marché ont diminué de 25 %. Les prix des bovins et des porcs seront probablement sous pression pour le reste de l’année 2020.

La rentabilité devrait être négative. La baisse des prix des aliments pour animaux et la faiblesse du dollar canadien aideront à soutenir les marges, mais cela ne sera pas suffisant pour compenser les pertes prévues pour le reste de l’année.

Une reprise des abattages sera nécessaire pour que les prix rebondissent. Il faudra du temps pour que les usines parviennent à transformer tous les bovins prêts à l’abattage. Plus la durée des fermetures et du ralentissement des activités des transformateurs sera longue, plus les prix prendront du temps à remonter. Des fonds du programme de retrait Agri-relance aideront les producteurs à garder leurs bovins plus longtemps lorsque la capacité de transformation est réduite.

Facteurs à surveiller face aux difficultés des usines de transformation de la viande

1. Baisse de l’offre de viande rouge

Les stocks de viande rouge surgelée sont, dans l’ensemble, plus élevés que les moyennes historiques. Toutefois, les approvisionnements dépendent également du comportement des consommateurs. Les valeurs des carcasses découpées de bœuf et de porc (en anglais seulement) ont augmenté; d’ailleurs, celles de bœufs ont récemment atteint des sommets journaliers. Les types de viandes consommées changeront sans doute (en anglais seulement) : l’offre de viande hachée augmentera alors que celle de coupes haut de gamme qui sont normalement destinées au secteur de la restauration et des établissements alimentaires (y compris les coupes de veau) diminuera.

2. L’évolution de l’offre de bétail pourrait changer

La capacité réduite d’abattage forcera les parcs d’engraissement à garder et à nourrir leurs animaux plus longtemps, y compris les vaches de réforme et les bouvillons finis. Ils devront donc modifier les rations afin de ralentir la croissance des animaux, ménager les réserves d’aliments pour animaux et prolonger le temps au pâturage et à l’engraissement. Il pourrait également être nécessaire de revoir les plans futurs de mise en marché, peut-être même au-delà de la campagne d’automne de vente de veaux étant donné que les usines prendront plusieurs mois à rattraper le retard accumulé. Le cheptel bovin croîtra si les producteurs gardent davantage de vaches et de génisses, entraînant une hausse du nombre de veaux en 2021.

Une tendance différente pourrait se dessiner dans le secteur porcin. Nous prévoyons une réduction du nombre de porcs dans la seconde moitié de 2020 étant donné que les exploitations porcines éliminent des truies reproductrices et réduiront le nombre de porcelets sevrés dans les mois à venir afin que la production corresponde mieux à la capacité d’abattage. Par conséquent, les approvisionnements en porc pourraient diminuer d’ici la fin de l’année 2020 et en 2021.

3. La demande de viande rouge diminuera

La récession mondiale provoquée par la COVID-19 affaiblira la demande mondiale de viande rouge, particulièrement dans les marchés émergents. La bonne nouvelle est que la peste porcine africaine et la diminution du cheptel porcin en Chine continuent de soutenir la demande de porc importé à l’échelle mondiale. Les importations de porc de la Chine ont triplé en mars 2020 par rapport à mars 2019.

En conclusion

Les exploitations d’élevage de bétail devraient s’attendre à des marges négatives jusqu’à ce que la capacité de transformation et le nombre d’abattages en Amérique du Nord retournent à la normale. La crise économique provoquée par la COVID-19 cause d’importants stress financiers. Il est difficile de renforcer la résilience en cette période difficile. La semaine prochaine, notre blogue offrira des conseils portant sur la gestion du risque financier. Vous pouvez également visiter la page Cultiver la résilience de FAC pour accéder à des ressources en santé mentale.   

x.com/AndersonLeigh3
Leigh Anderson

Économiste principal

Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.