Le commerce agricole et agroalimentaire du Canada résiste, malgré la pandémie
Pour plus de renseignements sur l’industrie agroalimentaire, consultez notre rapport de Classement selon les échanges commerciaux 2020 : Possibilités et défis pour la diversification des exportations alimentaires du Canada.
Notre billet de blogue sur les échanges commerciaux publié en juin a examiné la question de savoir si la pandémie de COVID‑19 pouvait causer des distorsions permanentes sur le plan de la structure du commerce à l’heure où les pays cherchent à devenir plus autonomes. Actuellement, avec quelques mois de plus de collecte de données pour pouvoir se prononcer sur le sujet, nous constatons que le secteur agricole et agroalimentaire canadien a connu un assez bon rendement.
La position nette du Canada en matière d’exportation de produits alimentaires devrait se maintenir en 2020
Le Canada est devenu un exportateur net de produits alimentaires en 2019, avec un excédent commercial de 88 millions de dollars. Des exportations vigoureuses se sont poursuivies au cours du premier trimestre de 2020, avec un excédent commercial de 573 millions de dollars. Les exportations de produits alimentaires ont chuté de 542 millions de dollars en avril, tandis que les importations ont diminué de 175 millions de dollars, entraînant un déficit commercial de 225 millions de dollars. En mai, les exportations ont rebondi, tandis que les importations ont chuté, créant un excédent commercial de 251 millions de dollars.
Au cours du deuxième trimestre, la balance commerciale agricole et agroalimentaire était positive, avec un excédent commercial de 126 millions de dollars. Toutefois, la situation a changé au cours du troisième trimestre; en effet, le Canada a enregistré un déficit commercial de 219 millions de dollars, résultant d’une baisse des exportations de graisses et d’huiles animales ou végétales et d’une augmentation des importations de boissons. Pour les trois premiers trimestres de 2020, le Canada a enregistré un excédent commercial de 480 millions de dollars.
L’incidence de la pandémie sur le commerce est indéniable, mais le Canada est toujours en voie d’enregistrer un excédent commercial en 2020.
Tableau 1 : Balance commerciale mensuelle du Canada dans le secteur des produits alimentaires
L’excellent rendement des exportations de viande de porc se poursuit
Les exportations de porc sont l’une des raisons expliquant le remarquable succès commercial du Canada dans le secteur agroalimentaire. La Chine continue de faire face à une éclosion de peste porcine africaine (PPA) et importe des quantités massives de viande de porc d’autres pays. L’industrie porcine chinoise se reconstruit, et nous pouvons nous attendre à un ralentissement de la demande d’importation de la Chine au cours de la prochaine année. L’Allemagne fait maintenant aussi face à la PPA, et il lui est interdit d’exporter du porc vers la Chine, ce qui ouvre la porte aux exportations canadiennes. De plus, la tendance à la hausse de la valeur globale des découpes de porc (rendement à l’abattage) a fait augmenter la valeur des exportations.
Les exportations de viande de porc ont diminué pendant trois mois consécutifs depuis le pic de mai, mais ont rebondi en septembre. Les éclosions de COVID‑19 dans les usines de transformation du porc n’ont pas contribué à l’accroissement des exportations, car la Chine a suspendu les importations de viande provenant des usines ayant signalé des cas de COVID‑19. L’éclosion de PPA en Allemagne a probablement contribué à l’accroissement des exportations en septembre.
Tableau 2 : Exportations mensuelles totales de porc canadien
Exportations de céréales et d’oléagineux
En 2019, la faiblesse des prix des céréales et la suspension par la Chine des licences de deux entreprises canadiennes ont amoindri la valeur des exportations de céréales et d’oléagineux. Avec le raffermissement des prix des céréales, une bonne récolte et l’assouplissement par la Chine des restrictions sur les importations de canola canadien, l’année 2020 devrait être une année record pour les exportations de céréales et d’oléagineux.
Le tableau qui suit indique la valeur des exportations de blé, de canola, de légumes à cosse secs et de soja, qui représentent environ 90 % de la valeur des exportations canadiennes de céréales, d’oléagineux et de légumineuses au cours des trois dernières années. Jusqu’à présent, l’année 2020 se démarque par ses exportations qui ont atteint un sommet en mars en raison des retards accusés dans les exportations dus aux barrages ferroviaires de l’automne 2019 et à une grève des chemins de fer au début de l’hiver. Les perspectives sont positives pour le reste de l’année. Les données indiquent des livraisons de céréales importantes et précoces cet automne, et les prix sont meilleurs qu’ils ne l’étaient l’année dernière. Au cours des trois premiers trimestres de l’année, les exportations de céréales et d’oléagineux se sont chiffrées à 16,5 milliards de dollars1. En 2020, les exportations totales de céréales, d’oléagineux et de légumineuses dépasseront probablement les 20,8 milliards de dollars enregistrés en 2015.
1 Il s’agit des codes SH 0713, 1001-1005, 1007, 1008, 1201, 1205 et 1206.
Tableau 3 : Les exportations mensuelles de céréales et d’oléagineux sélectionnés ont atteint un sommet en mars
Les importations de produits laitiers sont demeurées stables
Ces dernières années, le Canada a mis en œuvre trois accords commerciaux : l’Accord économique et commercial global (AECG), l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et l’Accord Canada–États‑Unis–Mexique (ACEUM), donnant un nouvel accès au marché laitier canadien.
Bien qu’il soit encore tôt pour quantifier toutes les retombées de ces accords sur les produits laitiers canadiens, le tableau qui suit nous indique qu’il n’y a pas de tendance à la hausse des quantités de produits laitiers importés jusqu’à présent. À l’exception d’un pic des importations de fromage et de lactosérum à l’automne 2019 et d’une augmentation marquée des importations de lait et de crème en juin 2020, les importations de produits laitiers sont demeurées relativement stables. Il est important de surveiller ces importations, car l’accès au marché augmente en fonction des calendriers des trois accords.
Tableau 4 : Importations mensuelles totales de produits laitiers (SH 0401-0406)
Le commerce résiste à la crise de la COVID-19
Jusqu’à présent, la COVID‑19 semble avoir eu des répercussions négatives minimes sur le commerce des produits alimentaires et agricoles, d’après les tendances observées récemment. À plus long terme, la crise pourrait amener les pays à revoir leurs stratégies visant à garantir l’approvisionnement alimentaire et à se tourner vers une plus grande autonomie. Nous continuerons de surveiller l’impact de la structure des échanges commerciaux sur les tendances à long terme.
Article par : Sébastien Pouliot, Économiste supérieur