<img height="1" width="1" src="https://www.facebook.com/tr?id=806477592798641&ev=PageView&noscript=1"/>

Une conjoncture économique défavorable pour le marché des équipements agricoles

12 juin 2024
6,5 min de lecture

Ces perspectives mettent en évidence les principales tendances pour les fabricants canadiens d’équipements agricoles alors que la période de précommande pour la production de 2025 approche. Nous surveillons également l’année 2026.   

Points saillants 

  • Les ventes nominales du secteur canadien de la fabrication devraient diminuer de 2,2 % en 2024. 

  • Un ralentissement de la croissance des ventes est prévu dans les années à venir en raison d’une baisse de la rentabilité des exploitations agricoles. 

  • Le ralentissement économique indique un ralentissement du taux de croissance des coûts des matières premières et de la main-d’œuvre. 

  • Le protectionnisme croissant des États-Unis pourrait avoir des répercussions sur les marchés de l’acier et de l’agriculture. 

Le secteur canadien de la fabrication d’équipements agricoles a connu un recul des ventes au cours du premier trimestre de cette année. Les ventes ont diminué de 5,1 % par rapport à la même période en 2023, mais restent supérieures aux niveaux historiques (Figure 1). Selon nos dernières prévisions, les ventes diminueront de 2,2 % cette année, ce qui représente une importante révision à la baisse par rapport à notre estimation précédente d’une augmentation de 8,4 %. Cette baisse est attribuable à une diminution de la rentabilité des exploitations agricoles, aux prix élevés de l’équipement et aux taux d’intérêt élevés. Même si on prévoit une baisse des ventes cette année, la croissance devrait reprendre dans les années à venir, à mesure que la rentabilité des exploitations agricoles s’améliorera.   

Figure 1 : Ventes du secteur canadien de la fabrication d’équipements agricoles   

Tableau illustrant l'historique et les prévisions des ventes nominales dans le secteur de la fabrication d’équipements agricoles au Canada.

Sources : Statistique Canada, calculs de FAC

Un ralentissement des ventes au Canada cette année faisait toujours partie des scénarios possibles. Tout d’abord, les grands fabricants américains d’équipements agricoles (en anglais seulement) avaient déjà commencé à restreindre leur production pour faire face à une baisse de la demande. Ce n’était qu’une question de temps avant que la même chose ne se produise au nord de la frontière. En outre, les tendances des ventes au Canada et aux États-Unis ont évolué différemment après la pandémie (Figure 2), les ventes de 2023 ayant augmenté de ce côté-ci de la frontière une fois que les problèmes des chaînes d’approvisionnement ont été résolus. Après une année aussi prospère, un ralentissement était inévitable.  

Figure 2 : Ventes du secteur de la fabrication d’équipements agricoles au Canada et aux États-Unis, mesurées en dollars canadiens  

Tableau illustrant l'historique des ventes d'équipements agricoles au Canada et aux États-Unis

Sources : Statistique Canada, Banque de la Réserve fédérale de St. Louis

La hausse des prix de l’équipement, contrairement au volume, explique en grande partie la croissance des ventes du secteur de la fabrication d’équipements agricoles aux États-Unis, qui ont augmenté de 20 % au premier trimestre de l’année. Toutefois, les grands fabricants américains d’équipements agricoles prévoient une baisse approximative de 10 à 15 % des équipements de grande taille cette année et réduisent donc la production afin que les stocks correspondent à la demande. Bien que la valeur des stocks du secteur américain de fabrication ait légèrement diminué depuis le début de l’année, elle devrait demeurer élevée (Figure 3). Une tendance similaire se produit ici, car le ralentissement des ventes du secteur de la fabrication d’équipements agricoles au Canada et la hausse des prix de l’équipement ont entraîné une augmentation des stocks.  

Figure 3  :  La valeur des stocks du secteur de la fabrication d’équipements en Amérique du Nord reste historiquement élevée 

Tableau illustrant la valeur historique des stocks au Canada et aux États-Unis.

Sources : Statistique Canada, Banque de la Réserve fédérale de St. Louis

Un point positif pour les grands fabricants américains est le fait que la réduction de la production mentionnée ci-dessus leur a permis de concentrer leurs ressources sur la production d’équipement en forte demande (par exemple, les pulvérisateurs enjambeurs) et de réduire le délai entre la commande et la livraison au client. Les fabricants canadiens pourraient se trouver dans une situation semblable, car la plupart d’entre eux sont de petits fabricants spécialisés.  

Autres éléments à considérer 

  • Dollar canadien et taux d’intérêt 

  • Coûts de production 

En juin, la Banque du Canada a abaissé le taux de financement à un jour à 4,75 % et a indiqué qu’elle pourrait procéder à d’autres baisses. Si, comme prévu, le taux directeur baisse de 50 points de base supplémentaires d’ici la fin de l’année, l’écart de taux d’intérêt avec les États-Unis pourrait se creuser davantage, ce qui pèserait sur le dollar canadien. La baisse du dollar favorise la compétitivité des exportations, mais elle fait aussi grimper les coûts d’importation des matières premières. Cette période de faiblesse de la monnaie ne devrait pas durer, car la Réserve fédérale américaine devrait également réduire ses propres taux d’intérêt dans le courant de l’année, ce qui exercera une pression sur le dollar américain.  

Perspectives de l’industrie manufacturière : coûts de la main-d’œuvre et des matières premières  

Tout comme les agriculteurs accordent de l’importance au coût de l’équipement à l’acre, les fabricants d’équipements surveillent aussi de près leurs coûts. La main-d’œuvre et les matières premières représentent respectivement environ 20 % et 65 % des dépenses totales. La croissance des salaires versés par les fabricants d’équipements a suivi une tendance à la hausse au cours des trois premiers mois de l’année, affichant un taux de croissance moyen de 5,7 %. La croissance des salaires devrait s’atténuer avec le ralentissement de l’économie canadienne, dans un contexte où le nombre de travailleurs qualifiés disponibles à l’embauche par les fabricants pourrait s’accroître.    

Les divers produits de métal et d’acier préfabriqués constituent les principales matières premières. On n’observe ni hausses ni baisses significatives des contrats à terme négociés sur l’acier du Midwest américain, utilisés comme indicateurs des coûts (Figure 4). Le ralentissement de la demande mondiale et l’offre excédentaire potentielle dans des pays comme la Chine pourraient entraîner une baisse des prix.  

Figure 4 : Les contrats à terme sur l’acier du Midwest américain affichent une tendance stable 

Tableau illustrant les contrats à terme sur l’acier américain en dollars américains.

Sources : Barchart, calculs effectués par FAC

Tarifs douaniers sur l’acier : l’agriculture subira-t-elle les contrecoups des mesures de rétorsion?   

L’incertitude règne après que les États-Unis ont annoncé qu’ils réimposeraient des tarifs douaniers (jusqu’à 25 %) sur certains produits chinois d’acier et d’aluminium à compter du 1er août 2024. L’histoire peut nous donner des indices sur ce qui pourrait se passer avec les tarifs douaniers sur l’acier imposés par les États-Unis.  

En 2018, ils ont imposé de nombreux tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium à plusieurs partenaires commerciaux, dont le Canada et la Chine. Ces barrières commerciales ont fait grimper les coûts de production, car des tarifs douaniers étaient imposés chaque fois qu’un produit franchissait la frontière. Dans la fabrication d’équipements, certains composants peuvent traverser la frontière plusieurs fois avant de se retrouver dans l’équipement agricole. Par ailleurs, les marchés agricoles ont été affectés par les tensions commerciales, ce qui a exacerbé la situation de l’économie agricole cette année-là. Les tarifs douaniers américains sur les importations d’acier et d’aluminium ont provoqué, conséquemment, des mesures de rétorsion sur les exportations américaines de produits agricoles et alimentaires. Les tarifs douaniers de 25 % imposés par la Chine sur le soya américain ont affaibli la demande pour ce produit de base, entraînant ainsi une baisse des prix et des pertes de revenus pour les agriculteurs canadiens.  

À l’approche des élections américaines de 2024, il faut s’attendre à une montée du protectionnisme américain, et ce, peu importe l’issue des élections.   

Les fabricants canadiens doivent également envisager la possibilité d’une baisse de la demande de matières premières et des pressions à la baisse sur les prix qui en résulteraient. En revanche, les tarifs douaniers pourraient faire grimper les coûts. Il sera impératif d’évaluer les besoins en matières premières et de planifier des achats rentables en fonction de différents scénarios pour 2025 et 2026 afin d’assurer une bonne rentabilité.  

En conclusion 

Un resserrement de la rentabilité amène les exploitations agricoles à accorder une importance accrue au coût de l’équipement à l’acre, ce qui réduit la demande d’équipement. Les ventes du secteur de la fabrication d’équipements devraient connaître une faible croissance au cours des années à venir. Les tensions commerciales mondiales et l’évolution des prix des produits agricoles constituent des facteurs clés qui influencent les tendances de la demande d’équipements agricoles. 

x.com/AndersonLeigh3
Leigh Anderson

Économiste principal

Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.