Mise à jour des perspectives de 2021 pour le secteur du poulet à griller : la diminution des répercussions de la COVID-19 soutient le secteur
Cet article est la première mise à jour trimestrielle de nos perspectives de 2021 pour le secteur du poulet à griller du Canada publiées en janvier. Au cours des dernières semaines, nous avons actualisé nos perspectives des secteurs des céréales, des oléagineux et des légumineuses, du lait et du bœuf et du porc.
Les prix des aliments pour animaux continuent d’être un thème dominant dans notre mise à jour de mai. Toutefois, une autre tendance peut-être plus importante se dégage : l’influence décroissante des baisses de production et de consommation liées à la COVID-19 qui étaient la principale tendance en 2020. La reprise de la demande à des niveaux correspondant à peu près à ceux d’avant la pandémie sera nécessaire pour stabiliser la rentabilité au sein du secteur. La demande pourrait ne pas atteindre ces niveaux pendant la période de prévision, mais la consommation devrait bientôt commencer à évoluer dans la bonne direction. L’un des facteurs qui pourraient nuire aux revenus du secteur est la hausse possible des importations de poulet par le Canada en vertu de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique et de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste. Toutefois, pour le moment, les importations sont chères et difficiles à se procurer, et le poulet devrait demeurer concurrentiel sur le marché intérieur comparativement au bœuf et au porc.
Tableau 1 : Les coûts des aliments pour poulets à griller ont fortement augmenté depuis janvier, selon les estimations
Les coûts croissants des aliments pour animaux affligent toujours le secteur
En janvier, nous avons mentionné que la hausse des coûts des aliments pour animaux serait une tendance à surveiller tout au long de 2021. C’est toujours le cas; d’ailleurs, les prix du maïs de l’Ontario ont augmenté et, selon les prévisions, ils devraient continuer à grimper au cours des trois prochains mois (tableau 1). Même si les prix du tourteau de soya connaissent un répit, dans l’ensemble, le prix prévu des aliments pour poulets à griller dans l’Est en 2021 est considérablement plus élevé que sa moyenne sur cinq ans. La situation est similaire dans l’Ouest où les prix des deux principales sources d’aliments pour poulets à griller devraient être largement supérieurs à leurs moyennes sur cinq ans.
La hausse des prix des aliments pour animaux est certes problématique, mais le secteur du poulet à griller est sans doute mieux placé pour y faire face que les secteurs du bœuf ou du porc, puisque le prix des poulets est ajusté en fonction d’un indice des prix des aliments pour animaux. Comme la rentabilité est par conséquent liée aux quantités produites (lesquelles dépendent de la demande), nous nous attendons à ce que les profits augmentent pendant la période de prévision à mesure que la demande s’intensifie, ce qui suscitera des gains de production.
Cela dit, les prévisions concernant le volume des récoltes en Amérique du Sud et en Amérique du Nord et l’appétit apparemment insatiable de la Chine pour les importations d’aliments pour animaux auront une incidence sur les coûts des aliments pour animaux, soit en les soutenant, soit en exerçant des pressions baissières.
L’affaiblissement de l’emprise de la COVID-19 sur la demande des services alimentaires permettra la reprise de la croissance de la production de poulet à griller
Le bon déroulement de la campagne de vaccination au Canada, un répit possible dans les cas de COVID‑19 pendant les mois plus chauds à venir, le retour graduel des habitudes d’alimentation plus normales et la saison du barbecue contribuent à l’amélioration des perspectives pour la demande de poulet au cours des trois prochains mois. Les quotas de production pendant cette période indiquent des croissances mensuelles d’au moins 10 %. Les stocks de poulet congelé sont demeurés élevés en avril comparativement aux niveaux de 2020 et de 2019.
Trois choses soutiendront la rentabilité à court terme dans l’attente d’un rebond de la demande :
La production a été plus faible au premier trimestre de 2021 que pendant la même période l’an dernier; toutefois, la différence était assez minime et la production au premier trimestre de 2020 a connu une croissance fulgurante.
La hausse de la demande devrait entraîner une croissance de la production dans la seconde moitié de 2021.
L’accès élargi au marché canadien accordé aux États-Unis et à d’autres pays n’aura probablement pas d’incidence sur le secteur au cours des trois prochains mois. Les problèmes de logistique et les retards dans l’acheminement des approvisionnements étrangers rendent les importations économiquement non viables malgré la vigueur du dollar canadien.
Les prix demeurent le meilleur moyen de stimuler la demande
La réouverture du secteur des services alimentaire est essentielle pour que la demande atteigne le niveau nécessaire à un retour à la normale. Toutefois, la demande de poulet pourrait également tirer parti d’une bonne vieille stratégie : en ayant un avantage relatif de prix sur le marché de détail canadien. Les prix du poulet ont augmenté plus que ceux du bœuf et du porc en avril, ce qui ne s’était pas produit depuis plus d’un an (figure 1).
Figure 1 : La production serrée soutient les prix de détail du poulet
Cela s’explique par certaines coupes très recherchées dans les épiceries. Les hausses de prix des poitrines et des ailes sont particulièrement fortes puisque la demande doit être comblée presque exclusivement par les producteurs canadiens. Néanmoins, même si leur croissance a récemment été notable et qu’elle explique les données sur l’inflation à la figure 1, les prix des poitrines en avril étaient comparables à leur moyenne de 2015-2019. Le poulet demeure le choix le plus concurrentiel parmi les trois principales viandes. Les pressions inflationnistes prévues sur le prix des bovins et des porcs ainsi que sur ceux des coupes de détail de bœuf et de porc devraient faire du poulet un choix relativement abordable cet été.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.