Principales tendances économiques de 2019 : Importance de la production pour le secteur agricole canadien
À quoi vous attendez-vous pour 2019? Tout au long du mois de janvier, nous présenterons cinq articles de blogue qui se penchent sur les principales tendances économiques susceptibles d’influer sur le secteur agroalimentaire canadien cette année.
En raison de la fluctuation de l’offre mondiale et de l’incertitude de la demande alors que se dessinent de nouvelles tendances et de nouveaux flux commerciaux, il est peu probable que les prix entraînent une croissance des revenus des producteurs canadiens en 2019. Tout reposera sur la croissance de la production.
Le problème réside dans le fait que certaines des cultures qui ont récemment connu une très forte croissance de production connaissent également des perspectives de demande parmi les plus compliquées, voire incertaines, cette année. J’indique ci-dessous plusieurs produits de base qui, selon moi, pourraient connaître une bonne croissance de production en 2019 (en supposant des conditions météorologiques favorables). Il reste à savoir si la demande sera au rendez-vous alors que des turbulences commerciales sont attendues cette année.
Voici les gains de production moyenne les plus importants des campagnes agricoles de 2013-2014 à 2017-2018, par rapport à la production moyenne des campagnes agricoles de 2008-2009 à 2012-2013 :
Produits de base | Croissance moyenne de la production (2008-2009 à 2012-2013) – (2013-2014 à 2017-2018) |
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Lentilles | 63,1 % |
Soya | 53,8 % |
Canola | 41,1 % |
Blé dur | 31,1 % |
Pois secs | 26,0 % |
Maïs | 18,6 % |
Blé autre que le blé dur | 16,9 % |
Haricots secs | 11,4 % |
Pois chiches | 9,5 % |
Orge | -5,5 % |
Source: Agriculture et Agroalimentaire Canada, G003 - Canada : Offre et utilisation historique
Les gains de productivité ont entraîné une croissance de la production de la plupart des cultures, notamment du blé et des haricots secs. L’augmentation des acres cultivées a également joué un rôle, en particulier pour les lentilles. La croissance de la production de blé dur, de canola, de pois secs, de pois chiches et de maïs a été tout autant liée à la superficie qu’aux rendements.
Le rendement moyen du soya n’a connu qu’une légère hausse, en grande partie en raison de l’augmentation de la superficie cultivée dans des zones où la production de soya était faible il y a encore cinq ans. Enfin, la superficie dédiée à l’orge a diminué au cours des dix dernières années et la production de cette culture aurait peut-être encore reculé sans la croissance de ses rendements moyens.
Que faut-il retenir de tout cela?
La question est de savoir si ces tendances se manifesteront pour les plantations de 2019-2020, ce qui dépendra de l’offre intérieure et, dans une large mesure, des mesures qui seront prises avant le printemps pour réduire une bonne part de l’incertitude qui assombrit les marchés mondiaux actuels. En Inde, il est probable que la culture des légumineuses d’hiver soit limitée (en anglais seulement) par la sécheresse. Le cas échéant, les droits de douane sur les exportations canadiennes de légumineuses pourraient connaître une réduction en 2019. Dans le cas contraire, il vaudrait mieux éviter que la production fasse gonfler davantage les stocks déjà importants du Canada.
Les prix du soya ont récemment augmenté en raison des nouvelles importations chinoises de soya américain. Cependant, à ce jour, les signes de bonnes intentions entre les deux superpuissances ont été plus nombreux que les actions concrètes pour établir de nouvelles relations commerciales. Les stocks canadiens de soya et de canola vont probablement baisser d’un exercice à l’autre, mais devraient tout de même atteindre des sommets historiques en fin d’année.
Les stocks canadiens devraient également suivre les tendances et les modèles de fluctuation des stocks mondiaux. Après avoir reculé au cours des deux dernières années, l’offre de blé canadien devrait diminuer encore davantage d’ici la fin de l’année de commercialisation 2018-2019. Toutefois, l’offre chinoise constitue plus de la moitié de l’ensemble des stocks de blé, ce qui laisse supposer que l’offre non chinoise ne soit pas suffisante pour faire face à la demande mondiale croissante.
Il est peu probable que les stocks canadiens ou mondiaux d’orge augmentent cette année, car les mauvaises conditions de croissance ont nui aux cultures de tous les pays en 2018-2019. Dans la mesure où les prix de l’orge devraient rester élevés, les stocks de maïs diminueront également selon la demande croissante d’aliments pour animaux.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.