Quatre indicateurs qui signalent un redressement de l’économie agricole
La COVID-19 a perturbé tous les secteurs de l’économie et l’agriculture ne fait pas exception. Au cours des deux derniers mois, la capacité des usines de transformation, la disponibilité de la main-d’œuvre, les échanges commerciaux et les prix ont été impactés par la pandémie mondiale. En Ontario, 95 % des agriculteurs interrogés estiment que la pandémie nuira financièrement à leur entreprise. Le niveau de stress est élevé dans bien des exploitations.
Voici quatre indicateurs économiques qui pourraient montrer que le pire de la crise est passé pour le secteur agricole.
1. Nombre accru de voitures sur les routes
Les mesures de confinement visant à ralentir la propagation de la COVID‑19 ont entraîné une réduction substantielle de la consommation d’essence et des prix de l’essence, ce qui a provoqué une baisse de la demande d’éthanol et, par conséquent, de maïs. En 2018‑20119, 32,5 % des approvisionnements en maïs aux États‑Unis ont été affectés à la production d’éthanol. Dans son plus récent rapport WASDE, le USDA a abaissé son estimation de l’utilisation d’éthanol pour 2019‑2020 de 8 % et prévoit un redressement en 2020‑2021. Cette prévision est un signe d’optimisme. La hausse de la demande de carburant est un important vecteur du redressement de la demande de maïs.
La réouverture de l’économie présente cependant un inconvénient : une hausse possible des prix des carburants agricoles. De nombreux fournisseurs offrent toutefois la possibilité de bloquer des prix.
2. Normalisation de la capacité d’abattage
Plusieurs usines de transformation de la viande ont réduit leur capacité ou ont fermé temporairement leurs portes en raison de cas de COVID-19 parmi leurs employés. Ces usines sont un élément essentiel à la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Par conséquent, les prix du bétail et les prix de gros de la viande ont emprunté des trajectoires différentes. La reprise des activités de transformation primaire se fera graduellement. Dans certains cas aux États-Unis comme au Canada, il faudra sans doute quelques semaines pour rattraper le temps perdu et transformer tout le bétail prêt à l’abattage et pour que les prix reviennent à la normale.
3. Assouplissement des restrictions d’exportation
Les stocks mondiaux de blé se resserrent, selon le USDA. Les préoccupations entourant la sécurité alimentaire ont incité le gouvernement russe à limiter les exportations de blé (en anglais seulement) jusqu’au début des récoltes en juillet. Comme la Russie est le plus important exportateur de blé au monde, cette décision a entraîné des difficultés d’approvisionnement dans certains pays importateurs. L’Argentine a haussé la taxe sur les exportations de soya (en anglais seulement) dans le but de hausser ses revenus fiscaux en raison de la baisse de l’activité économique. Les progrès réalisés vers la normalisation des échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine profiteront également à l’agriculture canadienne.
Les restrictions à l’exportation font normalement augmenter les prix des produits agricoles. Toutefois, les ratios stocks-utilisation prévus par les États‑Unis et le reste du monde pour le blé et le soya sont substantiellement supérieurs aux creux observés en 2007‑2008. Le resserrement de la concurrence à l’exportation pourrait créer des débouchés pour les exportateurs canadiens. Toutefois, l’accumulation de réserves de denrées par les pays perturbe généralement le marché et accroît la volatilité.
4. Réouverture des services d’accueil et de restauration
Les protocoles de distanciation sociale et les restrictions empêchant la prise de repas au restaurant partout au pays ont transformé la demande d’aliments, la faisant passer de repas pris au restaurant aux repas pris à domicile. Cela a posé problème aux transformateurs dont les usines sont configurées pour livrer en vrac à l’industrie des services alimentaires, ce qui a eu des répercussions au sein des industries de production agricole primaire, notamment celles des produits laitiers et des pommes de terre. Dès que la population retournera au travail, la demande des services alimentaires augmentera, ce qui alignera de nouveau la demande aux capacités de transformation.
En conclusion
L’économie canadienne est en train de rouvrir graduellement et le secteur agricole se redressera. Le rythme et l’ampleur de la reprise varieront selon le secteur. Les marges de profits seront plus serrées dans tous les secteurs. Mais il y a quand même des raisons de se réjouir, en commençant par le fait que les semis sont presque terminés dans plusieurs régions du pays.
La pandémie de COVID-19 a augmenté le niveau de stress dans de nombreuses exploitations agricoles. Si vous avez sentez que vous avez besoin d’aide, parlez-en à un proche ou consultez le site Do More Ag.
Directeur principal des relations d’affaires
James Bryan s’est joint à FAC à titre d’analyste en économie agricole en 2011 et est maintenant directeur principal des relations d’affaires à Thornton, en Ontario. Il dirige également une petite exploitation agricole familiale. M. Bryan a obtenu un baccalauréat en sciences de l’environnement et une maîtrise en agroéconomie de l’Université de Guelph.