Quels sont les secteurs agricoles canadiens les plus exposés aux tarifs douaniers américains?

Les tarifs douaniers des États-Unis sur les exportations canadiennes, dont la Maison-Blanche avait annoncé la mise en œuvre cette semaine, sont reportés au mois de mars. Le seul point positif de ce sursis d’un mois est que les entreprises auront plus de temps pour se préparer aux défis à venir. Comme nous l’avons souligné récemment, l’impact des tarifs douaniers, bien que difficile à évaluer, est incontestablement négatif pour l’économie. La gravité des répercussions dépendra en grande partie de la durée de la guerre commerciale.
Nous avons décidé de déterminer quels secteurs de l’industrie agricole et agroalimentaire souffriraient le plus d’une guerre commerciale. Il y a au moins deux éléments à prendre en considération : 1) la part des ventes réalisées aux États-Unis et 2) la situation financière du secteur. Les secteurs dont la part des ventes réalisées aux États-Unis est élevée et qui sont aux prises avec des difficultés financières sont sans doute les plus vulnérables aux tarifs douaniers.
Pour évaluer l’exposition de chaque secteur, nous avons calculé la part des ventes totales réalisées aux États-Unis. Pour évaluer la situation financière d’un secteur, nous avons examiné les marges de l’année dernière et les avons comparées à la moyenne des cinq années précédentes. La figure 1, ci-dessous, résume les répercussions et illustre les secteurs à surveiller, en rouge et en jaune.
Le segment des légumes de serre, par exemple, dépend fortement du marché américain et a vu ses marges s’affaiblir au cours de l’année écoulée. Il risque donc d’avoir du mal à absorber d’éventuels chocs commerciaux.
Dans le cas du secteur de la fabrication de produits alimentaires, environ 30 % des ventes sont réalisées aux États-Unis sous la forme d’exportations. Il s’agit d’une exposition importante, mais à l’intérieur de ce secteur, certains sous-secteurs sont encore plus à risque. Par exemple, le segment de la mise en conserve de fruits et de légumes et de la fabrication de spécialités alimentaires est le plus exposé, car il vend près de la moitié de ses produits aux États-Unis, sans compter que ses marges sont négatives depuis quelques dernières années. Le secteur de la préparation et du conditionnement de poissons et de fruits de mer court aussi des risques, car ses marges sont serrées, et le secteur de la fabrication de sucre et de confiseries est très vulnérable, car les États-Unis représentent plus de 80 % de ses ventes.
Du côté des productions animales, le secteur porcin est particulièrement vulnérable en raison de sa forte exposition aux États-Unis et du fait que ce secteur, malgré des marges supérieures à la moyenne des cinq dernières années, vient de traverser plusieurs années de marges négatives, ce qui entrave sa capacité à absorber les répercussions éventuelles sur les prix ou les coûts.
Les producteurs de bovins sont mieux placés que d’autres pour résister à la tempête tarifaire grâce à l’excellente rentabilité des dernières années, en particulier les éleveurs-naisseurs (représentés par le terme « bovins » dans le graphique ci-dessous). On peut s’attendre toutefois à ce que les parcs d’engraissement aient des marges plus étroites et pâtissent donc davantage des tarifs douaniers.
Figure 1 : Exposition sectorielle au commerce américain par rapport aux marges à la fin de 2024

Remarque : Les secteurs surlignés en rouge se trouvent dans une situation « très préoccupante » et ceux surlignés en jaune, dans une situation « modérément préoccupante ».
Source : calculs de FAC
Amanda Norris, économiste principale
Justin Shepherd, économiste principal