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Que sont les tarifs et pourquoi est-il difficile d’en mesurer les impacts?

4 févr. 2025
3,5 min de lecture
Deux camions semi-remorques.

Une économie canadienne déjà vulnérable est maintenant confrontée à la possibilité réelle d’un choc commercial alors que les États-Unis se préparent à imposer des tarifs sur nos exportations. Alors, que sont exactement les tarifs et pourquoi devrions-nous nous en préoccuper?

Les tarifs sont simplement des frais perçus par le gouvernement sur les biens et services importés. Le fardeau initial des tarifs retombera sur les importateurs américains, qui devront payer ces frais au gouvernement américain. Les tarifs qui sont actuellement menacés par les États-Unis sur le Canada sont appelés « tarifs ad valorem » et ils sont basés sur un pourcentage de la valeur des marchandises importées, c’est-à-dire, semblables aux tarifs imposés par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium canadiens en 2018. Mais il existe d’autres types de tarifs que les États-Unis pourraient potentiellement utiliser, par exemple un « tarif spécifique » qui impose un droit fixe sur chaque unité d’un produit importé, ou un « tarif composé » qui combine des tarifs ad valorem et spécifiques.

Il est difficile de prévoir avec exactitude l’incidence des tarifs sur l’économie canadienne en raison des incertitudes entourant plusieurs facteurs clés.

Il est difficile de prévoir avec exactitude l’incidence des tarifs sur l’économie canadienne en raison des incertitudes entourant plusieurs facteurs clés. Tout d’abord, la mesure dans laquelle les importateurs américains absorberont les droits de douane et répercuteront les prix plus élevés sur les consommateurs américains est incertaine. La façon dont les consommateurs américains réagiront à toute hausse des prix des produits canadiens n’est pas claire non plus - des prix plus élevés peuvent amener les consommateurs américains à se tourner vers des produits locaux, dont l’étendue dépend de facteurs difficiles à quantifier, par exemple, l’élasticité des prix (ou la tolérance des consommateurs à des prix plus élevés), la disponibilité de produits locaux et les préférences des consommateurs. Une baisse de la demande des consommateurs américains pour les produits canadiens pourrait entraîner une baisse des prix perçus par nos exportateurs. Les répercussions sont encore plus difficiles à évaluer si le Canada exerce des représailles en imposant ses propres tarifs douaniers en rendant les importations de produits américains plus coûteuses, incitant les consommateurs canadiens à se tourner vers les produits locaux, amortissant en partie le coup de la baisse de la demande américaine de produits canadiens.

L’économie mondiale est également importante pour déterminer l’incidence des tarifs sur le Canada. Si les États-Unis répondent à leurs menaces de frapper d’autres régions comme la Chine et l’Europe avec des tarifs, et qu’ils ripostent avec leurs propres tarifs (en rendant les marchandises américaines plus chères sur leurs marchés), les marchandises canadiennes deviendront plus concurrentielles par rapport aux marchandises américaines dans ces marchés. Il y a aussi d’autres facteurs qui pourraient amortir le choc des tarifs américains sur le Canada, comme la dépréciation du dollar canadien et l’utilisation plus judicieuse de nos accords commerciaux existants avec d’autres pays.

L’incidence des droits de douane sur l’économie canadienne dépendra également de la durée de leur application. S’ils ne durent que quelques mois, les dégâts se limiteront à des hausses de prix à court terme et à des perturbations temporaires des flux commerciaux, comme nous l’avons vu en 2018. S’ils durent plus longtemps, les dommages seront plus prononcés et pourraient laisser des cicatrices permanentes, par exemple, une réduction des investissements directs au Canada, avec une baisse de la productivité et, par conséquent, de la compétitivité de l’industrie.

En d’autres termes, pour comprendre et évaluer avec précision les effets des tarifs douaniers, il faut examiner attentivement les conséquences à court et à long terme. Même dans ce cas, toute prévision devrait être interprétée avec prudence compte tenu des incertitudes susmentionnées. Ce qui est clair, cependant, c’est que les répercussions des tarifs sont largement négatives en ce qui concerne le PIB, l’emploi, la productivité et le dollar canadien. Les dommages seront probablement plus graves pour les industries qui exportent une part importante de leur production aux États-Unis et qui n’ont pas la capacité de se diversifier en dehors du marché américain. Les producteurs de bovins et de porcs, par exemple, sont particulièrement vulnérables et pourraient voir leurs prix baisser pour demeurer concurrentiels à la suite des tarifs, bien qu’un dollar canadien faible amortira quelque peu le coup. Pour la transformation alimentaire, le secteur du sucre et de la confiserie est particulièrement vulnérable, étant donné que plus de 80 % de ses ventes proviennent des exportations vers les États-Unis.

Krishen Rangasamy

Directeur, Services économiques et économiste principal

Krishen Rangasamy est directeur, Services économiques et économiste principal à FAC. Grâce à ses perspectives et à son leadership, il contribue à orienter la recherche sur des sujets liés à la macroéconomie et à l’agriculture, recherche que FAC et ses clients externes utilisent pour étayer leurs stratégies et surveiller le risque.

Avant son arrivée à FAC en 2023, Krishen a été spécialiste de la macroéconomie pendant plus de 15 ans sur Bay Street, notamment au sein de deux grandes banques canadiennes, où il a conseillé des négociateurs en bourse et a aidé à diriger des travaux de recherche et de prévision économiques. De plus, il donnait régulièrement ses commentaires judicieux à propos des marchés financiers sur d’importantes chaînes de télévision spécialisées dans les affaires, de même que dans la presse écrite. Avant d’œuvrer dans les services bancaires d’investissement, Krishen a travaillé comme analyste du secteur énergétique dans l’Ouest canadien. Il a obtenu sa maîtrise ès arts en économie à l’Université Simon-Fraser.