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L’ensemencement est en cours au Canada : que vont semer les producteurs?

1 mai 2024
7,5 min de lecture

L’ensemencement est en cours au Canada et aux États-Unis. Même avec l’augmentation, cette année, des stocks mondiaux de maïs et de soya de fin de campagne, qui se traduira par une réduction des prix, les changements dans les intentions d’ensemencement des producteurs devraient être minimes, malgré les répercussions potentielles sur les rendements d’une baisse de l’humidité hivernale dans l’Ouest canadien. Cependant, la demande internationale, notamment de l’Inde, envoie des signaux de prix forts pour les légumineuses, ce qui pourrait entraîner des modifications et créer des possibilités de commercialisation pour d’autres cultures. Ce bulletin se penche sur les intentions d’ensemencement des producteurs canadiens, ce qui attend les marchés pour la saison de croissance et les tendances à surveiller.  

Points saillants 

  • Des changements minimes sont attendus en termes de superficie par rapport aux intentions initiales d’ensemencement. 

  • La baisse des prix du maïs et du soya incite les agriculteurs d’Amérique du Nord à réduire les surfaces ensemencées. 

  • Les conditions sèches dans l’Ouest du Canada laissent présager une augmentation des surfaces ensemencées, mais peuvent avoir des répercussions sur les rendements des cultures. 

Les producteurs canadiens ne s’attendent qu’à des changements minimes en ce qui concerne les superficies cultivées  

Les producteurs ont pris leurs décisions d’ensemencement, et ils ont déjà commencé à ensemencer ou le feront dans les semaines à venir. Dans l’ensemble, nous prévoyons que les agriculteurs canadiens ne modifieront que très peu leurs superficies ensemencées par rapport à l’an dernier, car la plupart s’en tiennent à leurs rotations habituelles de maïs-soya dans l’Est et de canola-blé dans l’Ouest (figure 1). Les changements possibles devraient concerner principalement les légumineuses.   

Figure 1 : D’après les projections, les changements apportés aux superficies ensemencées devraient être minimes en 2024  

Graphique illustrant les changements qui seraient apportés aux superficies ensemencées par rapport à l’année dernière selon les projections de Statistique Canada et de FAC.

Sources : Statistique Canada, calculs effectués par FAC

Les intentions d’ensemencement diffèrent selon les projections de FAC et de Statistique Canada, mais les deux scénarios sont possibles. Il convient de noter que l’enquête de Statistique Canada a été menée en décembre et en janvier derniers. Depuis, les prix des cultures ont continué de diminuer, les prix des engrais ont augmenté, la sécheresse a persisté dans l’Ouest canadien et les niveaux des prix de l’assurance-récolte ont été publiés. Tous ces facteurs sont susceptibles d’influer sur les intentions des producteurs.  

Les agriculteurs devraient planter 1,3 % d’acres supplémentaires de canola cette année, ce qui contraste avec la baisse de 3,1 % prévue par Statistique Canada. Dans le cadre de l’enquête, les producteurs ont tendance à sous-estimer leurs intentions d’ensemencement concernant le canola (par exemple, les intentions indiquées l’an dernier étaient inférieures de 500 000 acres à la superficie réellement ensemencée). De plus, les agriculteurs peuvent s’attendre à une amélioration des niveaux de base, ce qui renforcera les prévisions de faible rentabilité actuelles, à mesure que les installations de trituration supplémentaires entrent en service.  

Les superficies consacrées à tous les types de blé (sauf le blé dur) et aux autres céréales secondaires devraient demeurer les mêmes ou diminuer légèrement cette année. Le blé et les céréales secondaires ont subi des pressions en raison du recul des prix des produits de base et d’un soutien accru aux cultures d’oléagineux et de légumineuses concurrentes. Les superficies d’avoine et de blé pourraient connaître des changements, car l’avoine nécessite habituellement moins d’intrants de culture et le blé a généralement obtenu de meilleurs résultats au cours des sécheresses passées. 

Les prix élevés des légumineuses devraient entraîner des modifications. On s’attend à ce que les superficies consacrées aux lentilles prennent une expansion de 3,3 % et à ce que celles consacrées aux pois secs connaissent une légère hausse de 0,3 %. Le nombre d’acres de pois pourrait s’accroître plus que nous ne le prévoyons, compte tenu des signaux de prix forts, des coûts d’engrais relativement faibles associés à cette culture et de sa résistance aux conditions de sécheresse.  

Effets de la sécheresse sur les rendements dans l’Ouest canadien 

À la fin du mois de mars, 82 % du paysage agricole du pays était classé comme anormalement sec ou en situation de sécheresse modérée à exceptionnelle, notamment la quasi-totalité des terres agricoles des Prairies. Les déficits d’humidité pendant l’ensemencement entraînent généralement une augmentation de la superficie, car les producteurs englobent les zones marécageuses et les fondrières, mais cela signifie qu’en saison, les précipitations deviennent encore plus importantes. L’an dernier, c’était largement le cas dans l’Ouest canadien, ce qui a permis à la production globale de dépasser les prévisions.  

À la fin du mois de mars, la Saskatchewan était frappée à 91 % par la sécheresse, situation exceptionnelle par rapport aux 20 dernières années. Même les niveaux de 2021 et de 2022 étaient moins élevés à ce stade (figure 2). Toutefois, les précipitations saisonnières ont une grande incidence, comme en 2022, où les rendements ont été proches de la tendance, alors qu’une sécheresse soutenue peut nuire aux rendements, comme en 2021. Par le passé, les rendements des cultures comme celles du canola, du blé dur et des lentilles ont souffert davantage de la sécheresse que d’autres telles que le blé, l’orge et les pois. Les tendances ne sont pas aussi nettes en Alberta et au Manitoba qu’en Saskatchewan, mais il est évident que la faible humidité du sol aura des répercussions dans ces régions.   

Figure 2 : Répercussions de la sécheresse de mars sur les rendements moyens de canola et de blé de la Saskatchewan par rapport à la tendance 

Diagramme à barres montrant l’incidence prévue du niveau de sécheresse sur les rendements de différentes cultures en Saskatchewan. Les cultures comme celles du blé, de l’orge et des pois sont moins touchées par la sécheresse que le canola, le blé dur et les lentilles. 

Sources : Statistique Canada, calculs effectués par FAC

Le facteur qui pourrait modifier ces projections est l’arrivée de pluies en temps opportun au cours de la saison de croissance. Puisque les pluies en cours de saison peuvent faire varier les prix dans un sens ou dans l’autre, le marché à terme sera prudent pendant que la saison avance. Un été sec pourrait également entraîner des récoltes encore plus précoces, les cultures arrivant à maturité plus tôt.  

Les superficies ensemencées aux États-Unis sont un facteur important pour les prix dans l’Est du Canada 

Les marchés surveillent en permanence les facteurs qui sous-tendent l’offre et la demande, ainsi que leur incidence sur les prix. Les stocks mondiaux de maïs et de soya sont actuellement abondants, et l’attention se porte maintenant sur la production de l’hémisphère sud et sur la récolte de blé d’hiver des États-Unis, qui est généralement en bon état. 

Les agriculteurs américains devraient ensemencer 90 millions d’acres de maïs et 86,5 millions d’acres de soya cette année, selon le rapport sur les intentions d’ensemencement de l’USDA. Le rapport présente une perspective neutre à haussière pour les marchés des céréales et des oléagineux, avec une réduction de 6,3 millions d’acres pour les principales grandes cultures à partir de 2023, et de 3 millions d’acres pour le maïs et le soya (figure 3). Même si la plupart des réductions concernent des États qui connaissent une sécheresse, les réductions annoncées dans les États du Midwest nous semblent un peu exagérées, puisque la région a connu une bonne rentabilité et bénéficie d’une bonne humidité du sol. En d’autres termes, le nombre d’acres réel pourrait être supérieur aux intentions.  

Les producteurs plantent plus ou moins d’acres de maïs et de soya, en fonction des conditions météorologiques du printemps. En 2019, les superficies définitives ont été considérablement inférieures aux intentions signalées en mars vu l’humidité excessive au moment des semis, alors que les superficies ont augmenté en 2012 en raison d’un printemps précoce et sec. Lorsque l’ensemencement se déroule bien, les agriculteurs américains ont davantage tendance à augmenter les surfaces consacrées au maïs qu’au soya.  

Figure 3 : Superficies ensemencées combinées de maïs et de soya selon l’USDA 

Graphique montrant les superficies qui devraient être consacrées au maïs et au soya aux États-Unis, ainsi que les superficies réelles totales depuis 2012. Au cours des années sèches, la superficie totale augmente par rapport aux intentions d’ensemencement, tandis qu’au cours des printemps très humides, la superficie réelle est inférieure aux intentions.  

Source : USDA

Quelles pourraient être les répercussions sur les prix des produits de base? En supposant que la superficie prévue s’avère exacte, l’attention du marché sera tournée vers les conditions météorologiques et tout problème potentiel pouvant peser sur les prix. Même si les producteurs canadiens ne pratiquent pas tous ces cultures, le maïs contribue à fixer le prix mondial d’autres céréales comme le blé, l’orge et l’avoine, tandis que le soya a une influence majeure sur le canola.   

En conclusion 

Les agriculteurs canadiens sont actuellement à pied d’œuvre dans leurs champs et se concentrent sur la mise en terre des cultures de cette année. En raison de la hausse des stocks mondiaux des principales denrées agricoles, les prix et les marges se trouvent sous pression, même si les baisses de taux d’intérêt prévues cet été devraient aider les marges des producteurs. L’assurance-récolte et d’autres programmes peuvent contribuer à atténuer les risques météorologiques. Les producteurs doivent donc s’efforcer de connaître leurs propres coûts d’exploitation, de réaliser des gains d’efficience et de surveiller les risques qu’ils peuvent maîtriser.  

Article par :

Leigh Anderson, économiste principal
Justin Shepherd, économiste principal