Utilisation du fonds de roulement pour gérer le risque financier
Le fonds de roulement est votre première ligne de défense pour vous protéger contre les risques financiers. Il aide les entreprises à faire face aux fluctuations imprévues de la demande, à une incapacité à fournir les produits ou à une baisse des prix.
On mesure le fonds de roulement en soustrayant le passif à court terme de l’actif à court terme. Si vous vendez tous vos stocks de cultures, mettez en marché votre bétail (exception faite de votre bétail reproducteur) et recouvrez tous vos comptes débiteurs, serez-vous en mesure de rembourser vos factures impayées, vos lignes de crédit et le capital échu au cours de la prochaine année? La plupart des exploitations peuvent répondre par l’affirmative à cette question. Il est également souhaitable que le ratio du fonds de roulement soit suffisamment élevé pour couvrir une évolution imprévue des conditions du marché.
La figure 1 présente les ratios de fonds de roulement moyens de quatre des plus grands secteurs agricoles du Canada, à savoir les produits laitiers, le secteur porcin, le secteur bovin et les céréales et oléagineux. Les ratios varient d’un secteur à l’autre, car ils reflètent les cycles de production et les profils de risque de chacun. Les industries qui vendent leur production à intervalles réguliers tout au long de l’année peuvent composer avec un fonds de roulement plus modeste.
Figure 1 : Ratio moyen du fonds de roulement pour les fermes laitières, porcines, bovines et céréalières et oléagineuses
La crise de la COVID‑19 a modifié les perspectives de rentabilité de nombreux secteurs. Si votre fonds de roulement se détériore en raison d’une chute des prix ou d’une incapacité à commercialiser vos cultures ou votre bétail, voici quelques mesures que vous pouvez prendre pour éviter un manque de liquidités et protéger votre fonds de roulement.
Reporter des paiements en capital. Théoriquement, la plupart des entreprises souhaitent réduire leurs dettes au lieu de les augmenter. Toutefois, le report des paiements de capital peut être une solution logique si cela vous permet d’éviter une accumulation des comptes fournisseurs. Les taux d’intérêt sur la dette à terme sont habituellement plus avantageux que l’intérêt imputé sur les comptes fournisseurs.
Prolonger des périodes d’amortissement pour restructurer la dette existante. Les difficultés liées au fonds de roulement sont‑elles un problème à court terme? Dans l’affirmative, cette option pourrait alléger votre fonds de roulement en diminuant les paiements. Or, cette option pourrait vous nuire si votre exploitation est trop endettée.
Échelonner les dépenses en capital. Votre entreprise a‑t‑elle utilisé ses liquidités pour faire l’acquisition d’un système de drains agricoles, d’équipement ou même d’une ferme au cours de la dernière année? Une façon d’améliorer votre fonds de roulement consiste à utiliser cet actif pour obtenir du financement. Une portion des liquidités dépensées est ainsi réinjectée dans l’entreprise, ce qui améliore votre fonds de roulement, mais augmente votre dette à long terme et vos obligations au titre du remboursement.
Théoriquement, aucune de ces mesures n’est nécessaire. Si vous avez des inquiétudes quant à vos flux de trésorerie au cours de la prochaine année, il est logique d’adopter une approche proactive pour protéger votre fonds de roulement. Comme la plupart des dépenses agricoles sont engagées avant de percevoir des recettes, vous devriez peut‑être constituer un fonds de roulement afin d’éviter de vous retrouver à court de liquidités. Si vous avez été exagérément pessimiste et que votre trésorerie est normale, vous pourriez faire un versement forfaitaire équivalent aux paiements en capital reportés et ainsi réduire votre dette à long terme.
Si votre entreprise fait face à des difficultés financières en raison d’une détérioration des perspectives à court terme, communiquez avec votre institution financière afin d’en discuter sans tarder.
Directeur principal des relations d’affaires
James Bryan s’est joint à FAC à titre d’analyste en économie agricole en 2011 et est maintenant directeur principal des relations d’affaires à Thornton, en Ontario. Il dirige également une petite exploitation agricole familiale. M. Bryan a obtenu un baccalauréat en sciences de l’environnement et une maîtrise en agroéconomie de l’Université de Guelph.