Les taux d’intérêt augmentent? Maintenez un bilan solide grâce à ces deux ratios financiers
Au cours des 10 dernières années, les fabricants canadiens de produits alimentaires et de boissons ont investi des sommes considérables dans la technologie, les bâtiments et les équipements afin d’améliorer leur productivité et leur efficience globales. Les dépenses d’investissement prises en proportion du chiffre d’affaires sont passées de 1,7 % en 2011 à 2,8 % en 2021.
Les taux d ’intérêt historiquement faibles ont facilité une grande partie de ces investissements. Un contexte de taux d’intérêt à la hausse pourrait exercer une pression financière considérable sur une exploitation si celle‑ci n’est pas en mesure de s’adapter.
Bilan du secteur canadien de la fabrication de produits alimentaires et de boissons
L’une des façons d’évaluer la santé financière de l’industrie de la fabrication de produits alimentaires et de boissons est d’examiner des ratios financiers. Le ratio d’endettement évalue la capacité d’une exploitation à respecter ses obligations financières à long terme et est obtenu en divisant le total du passif total de l’industrie par le total des capitaux propres. Le ratio d’endettement des fabricants affichant un revenu de 5 millions à 20 millions de dollars est passé à 1,8 en 2020, comparativement à 1,7 en 2019 pour la fabrication de produits alimentaires, car les fabricants se sont endettés davantage, tandis qu’il est passé à 3,3 contre 2,5 pour la fabrication de boissons. Cela signifie que la dette des petits fabricants de produits alimentaires était 80 % plus élevée que la valeur de leur actif en 2020.
Le portrait financier des exploitations individuelles peut différer considérablement de celui de l’industrie en général. Plusieurs facteurs peuvent avoir une incidence sur le ratio d’endettement d’une exploitation. Les fabricants qui ont récemment obtenu un financement pour une expansion auront un ratio d’endettement beaucoup plus élevé. Les entreprises dont le ratio d’endettement est supérieur à celui de l’ensemble de leur industrie ou de la moyenne de leurs pairs devraient se doter d’une stratégie visant à améliorer leur ratio d’endettement au fil du temps. Il est important de surveiller son ratio d’endettement parce qu’il offre la souplesse nécessaire à une entreprise pour emprunter un montant plus élevé si une possibilité d’investissement se présente ou si des problèmes de rentabilité surviennent.
La hausse des taux d’intérêt peut affaiblir la vigueur financière, mais jusqu’à quel point?
Les obligations au titre du remboursement de la dette risquent d’augmenter par moments lorsque la croissance du revenu est stable ou diminue et/ou que les taux d’intérêt augmentent. Les fabricants qui ont des dettes sous forme de lignes de crédit ou de prêts à taux variable verront leurs frais d’intérêt augmenter. Une façon d’évaluer la mesure dans laquelle une exploitation est apte à composer avec des hausses de taux d’intérêt est de calculer le ratio de couverture du service de la dette (RCSD = capacité à assurer le service de la dette/obligations au titre du service de la dette). On obtient ce ratio en divisant le revenu net d’exploitation (ou le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) d’un fabricant par ses paiements annuels du service de la dette. Ce ratio mesure les liquidités dont dispose un fabricant pour honorer ses obligations au service de la dette au cours de cette même période.
Voici un exemple : un fabricant enregistre un revenu net d’exploitation de 450 000 $ et a un prêt de 3 000 000 $ amorti sur 10 ans. Si l’on suppose un taux d’intérêt de 3,45 % (taux préférentiel en vigueur plus 1 % à la fin de 2021), le RCSD s’établit à 1,27 (voir le tableau plus bas). Une hausse de 2,0 % du taux d’intérêt ferait diminuer le ratio à 1,15, ce qui indique une plus grande somme prélevée sur le revenu net.
Les taux d’intérêt ne sont pas la seule source de risque à prendre en considération. En effet, une diminution des revenus disponibles pour assurer le service de la dette aura une incidence sur la vitalité financière d’un fabricant. Une réduction de 10 % des revenus d’exploitation nets conjuguée à une hausse de taux d’intérêt de 2 % porterait le RCSD à 1,04, ce qui indique une capacité de remboursement limitée.
Un RCSD inférieur à 1 indique que le fabricant ne dispose pas des fonds suffisants pour honorer ses obligations au titre de la dette. À l’inverse, un RCSD supérieur à 1,25 laisse de la marge de manœuvre en cas de changement imprévu du contexte financier ou économique. Autrement dit, un dollar et vingt-cinq cents de revenu couvrent un dollar de dette (1,25x CSD). La norme de l’industrie s’établit à 1,25x. L’une des façons de gérer les hausses de taux d’intérêt consiste à avoir recours à un taux fixe à plus long terme si l’on prévoit que les taux d’intérêt augmenteront. Les taux d’intérêt peuvent avoir une incidence notable sur la motivation à emprunter des fonds aux fins de dépenses en capital ou d’investissement. Les facilités de crédit à taux variable comme les lignes de crédit entraîneront des frais d’intérêt et de service de la dette plus élevés. Une conversation avec son prêteur sur la possibilité d’échelonner ses emprunts (rembourser d’abord en entier les emprunts les moins élevés) et un peu de planification peuvent améliorer considérablement la capacité d’une exploitation à gérer des taux d’intérêt plus élevés.
Incidence de l’augmentation des taux d’intérêt et de la diminution des revenus sur le ratio de couverture du service de la dette
Les fabricants n’ont aucune emprise sur l’évolution des taux d’intérêt, mais ils devraient orienter les décisions de gestion de façon à pouvoir mieux affronter les fluctuations défavorables des taux d’intérêt ou du revenu. Ils devraient se concentrer sur les stratégies visant à maîtriser les coûts et à accroître les revenus et la productivité.
Justin Shepherd, Économiste
Les risques liés à la chaîne d’approvisionnement sont omniprésents pour les fabricants d’aliments et de boissons. Apprenez à les gérer et à les évaluer efficacement.